“On a trop laissé passé et c’est devenu banal”

J’ai subi le racisme en demi-finale retour de coupe d’Europe à Bologne, quand on se qualifie à la dernière minute en égalisant. En me dirigeant vers le tunnel des vestiaires, avant la bagarre générale qui a suivi, un secteur des tribunes a fait des cris de singe à mon encontre. Je connais Eto’o, qui avait vécu ça à Saragosse et voulait quitter le terrain. Moi, j’ai pris cela de manière plus légère, j’étais jeune, je me suis vu plus haut qu’eux: Cela m’a même fait rire plus qu’autre chose. Des cris, j’en ai entendu partout, y compris en France, mais j’ai vécu tout cela avec beaucoup d’insouciance. J’aurais peut-être dû réagir différemment, lancer un SOS… À une certaine époque, on a trop laissé passer ces actes racistes, si bien qu’aujourd’hui, c’est devenu banal. Ce qu’il s’est passé autour de Moïse Kean, avec Bonucci qui dit presque que la faute incombe à son coéquipier, c’est inacceptable. Qu’un joueur comme Bonucci minimise le phénomène et nie son ampleur me touche vraiment. À la base, j’apprécie le joueur, mais là, il a manqué d’intelligence…