So Foot

“On ne joue pas le contre, on ne joue pas défensif”

Trois questions à BOLO ZENDEN, 55 sélections avec les Oranje et… six buts avec l’OM.

- PAR SWANN BORSELLINO / PHOTOS: ICONSPORT ET VI IMAGES / ICONSPORT

Bolo, il y a 21 ans, vous marquiez contre la France lors de l’Euro 2000. Quel souvenir gardez-vous de ce match? Un souvenir incroyable, vu la manière cauchemard­esque dont cet Euro s’est fini (les Pays-Bas s’étaient inclinés en demi-finale contre l’Italie, aux tirs au but, après avoir loupé deux penaltys pendant la rencontre, ndlr). On avait joué la France en poules (victoire 3-2 des Pays-Bas),

et honnêtemen­t, on aurait dû les retrouver en finale pour savoir laquelle des deux équipes était la meilleure, car il faut être honnête, la France avait pas mal fait tourner en phase de poules. D’un point de vue personnel, c’était mon meilleur tournoi, mais je ne sais pas si je peux dire que cet Euro a été meilleur que les suivants. Peut-être pour les Français (rires)!

Je pense qu’il y a une part de nostalgie quand on parle de cette époque, et même du mondial 98. Il y avait l’Argentine de Batistuta, la France de Zizou, Del Piero, Totti, des joueurs comme ça. Je ne pense pas que l’on puisse dire que c’était mieux avant, le foot a changé, mais j’ai l’impression qu’il était peutêtre un peu plus offensif qu’aujourd’hui.

Les Pays-Bas ont manqué consécutiv­ement l’Euro 2016 et la coupe du monde 2018. Comment l’expliquezv­ous? C’est une histoire de qualité. Dans une sélection, il y a toujours des vagues, des moments où ça va, et d’autres où ça va moins bien. Il ne faut pas oublier que nous sommes un petit pays de 17 millions d’habitants. Si on compare avec la France et l’Allemagne à l’échelle européenne, ou le Brésil à l’échelle mondiale, tu as quand même moins de chances d’avoir un réservoir de talents aussi étoffé. Chez nous, la formation est reconnue, on arrive souvent à sortir de bons joueurs, mais le plus important, c’est la qualité globale de ton effectif. Prenons 1998. Cette année-là, les internatio­naux jouaient presque tous à la Juventus, au Milan, au Barça, à Manchester United ou à Arsenal. On n’avait que des top joueurs qui jouaient la ligue des champions ou dans les plus grands championna­ts, de l’expérience que tu ramènes dans tes valises quand tu joues en équipe nationale. Aujourd’hui, nous avons moins de footballeu­rs qui jouent au plus haut niveau tous les week-ends. Aux Pays-Bas, on a toujours l’impression que l’on peut être candidats au titre tous les deux ans, mais c’est plus compliqué que ça.

Qu’est-ce qui fait malgré tout que la sélection néerlandai­se attire toujours les regards? On joue un football attractif, reconnaiss­able. On ne joue pas le contre, on ne joue pas défensif. On pratique le football que l’on nous a appris. Depuis Cruyff, on essaie toujours de marquer un but de plus que l’adversaire. Ça nous rend fiers, mais cette obsession de jouer vers l’avant et de marquer a peut-être fait qu’aujourd’hui, on a plus marqué l’histoire du foot par notre style de jeu que par nos résultats. C’est probableme­nt le prix à payer quand, en défense, tu cherches toujours la bonne solution, la belle passe, et que tu n’envoies pas un pétard en tribune, au deuxième étage du stade. Dans notre formation, on n’apprend pas vraiment à jouer pour le résultat. On s’évertue à apprendre à trouver de bonnes solutions. Sauf qu’à un moment, je pense qu’il faut aussi se concentrer sur le résultat. Plus les matchs sont serrés, plus ils se jouent sur des détails, plus il faut être cynique, et ça, on ne sait pas toujours faire.

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L’autre pays de la bicyclette.

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