UN SIÈCLE, DEUX DIAMANTS
Pour célébrer son centième anniversaire, Umbro a organisé une grande exposition à Londres retraçant le parcours de la marque au double diamant. L’occasion d’aller s’y balader.
C’ÉTAIT 1924. Maurice Chevalier était l’artiste le plus écouté dans l’Hexagone, Huddersfield Town roulait sur le football anglais et l’OM remportait sa première coupe de France. Pendant ce temps-là, à Mobberley, en banlieue de Manchester, Harold Humphreys, 22 ans, et son frère aîné Wallace choisissaient un placard au fond du Bull’s Head, le pub tenu par leurs parents, pour établir leur marque de vêtements de sport, Humphrey Brothers Limited. Un nom rapidement remplacé par la contraction phonétique des syllabes des deux premiers mots: Umbro. “Le premier moment déterminant pour la naissance de la marque a été la finale de la FA Cup 1923”, raconte Anthony Little, directeur général de la marque au double diamant. Premier match officiel disputé à Wembley, cette finale oppose Bolton à West Ham et est marquée par de nombreux débordements et un envahissement de terrain avant le coup d’envoi. Le match attire officiellement 126000 spectateurs, mais la police anglaise estime que 300 000 personnes se sont ruées au stade pour tenter d’assister au match. “Harold Humphreys s’est alors rendu compte que le football prenait une autre dimension, qu’il n’était plus seulement un sport de travailleurs”, remet Anthony Little.
Matt Busby, Pelé et les souvenirs d’enfance
Un siècle plus tard, force est de constater que Harold Humphreys avait vu juste.
C’est à Londres qu’Umbro a décidé de célébrer son centenaire, plus précisément à l’Ambika P3, la galerie d’art de l’université de Westminster. Andrew Groves et Danielle Sprecher, professeurs de design de mode, ont travaillé pendant cinq ans sur la mise en oeuvre de l’exposition. “Ce qui m’a marqué, c’est à quel point Umbro a posé les bases de ce qu’est un équipementier sportif moderne, raconte Groves. Par exemple, c’est eux qui, en 1955, ont commercialisé les premiers maillots réplica.” Autre pari tenté par la marque mancunienne: collaborer avec des personnalités du sport déjà établies pour créer des collections. La première “collab” football est ainsi réalisée en 1959 avec… Matt Busby, le légendaire entraîneur de Manchester United.
Cette même année, l’Angleterre se voit attribuer la coupe du monde 1966, et le destin d’Umbro bascule. Percevant l’excitation autour de la compétition dans son pays, Harold Humphreys prend une décision radicale. “Il a envoyé son fils faire le tour du monde pour rencontrer les fédérations des équipes qualifiées et leur proposer de les équiper gratuitement, rejoue Helene Hope, directrice marketing global de la marque. Les commandes étaient faites sur mesure. Le Brésil, par exemple, voulait des shorts rembourrés sur les hanches pour le gardien, et de nombreux exemplaires avec le 10 au dos pour Pelé, qui avait l’habitude de donner ses maillots à la fin des matchs.” Les 16 équipes qualifiées acceptent de s’habiller en Umbro, avant que l’URSS ne fasse volte-face, devenant le seul pays non équipé par la marque pendant le mondial. Retour à l’Ambika P3, où, tendance du moment oblige, les années 1990 sont à l’honneur. Alors que certains visiteurs portent fièrement le maillot du Brésil 1994 floqué du numéro 11 de Romario, d’autres ont choisi le fameux maillot Sharp du triplé de Manchester United en 1999. Sur les murs sont accrochés d’autres modèles iconiques, comme la tunique de Manchester City 1993-1994 et son sponsor Brother, popularisée par les frères Gallagher, leaders d’Oasis. “Beaucoup de visiteurs m’ont parlé des émotions profondes qu’ils ressentent en revoyant ces maillots, se félicite Groves. Ces maillots sont associés à des souvenirs d’enfance. Il y a une réaction émotionnelle, et je dois dire que ça m’a agréablement surpris.” Rendez-vous en 2124 pour les 200 ans!
Retrouvez la marque dès la rentrée prochaine dans divers magasins de mode tels que Citadium pour leurs collections lifestyle, ainsi que chez les spécialistes comme Intersport.