Society (France)

Pokémon Go.

Pokémon Go, le dernier jeu mobile de Niantic n’en finit plus d’affoler le monde entier. Nombre de télécharge­ments surréalist­e, faits divers saugrenus, profits records pour ses développeu­rs: la chasse aux bestioles qui berçait les années 2000 est de retour

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C’est le dernier jeu mobile à la mode. C’est aussi et surtout un phénomène de société: nombre de télécharge­ments surréalist­e, faits divers saugrenus, profits records pour ses développeu­rs. Mais alors, qu’est-ce qui se passe?

PAR BRICE BOSSAVIE ET THOMAS CHATRIOT / ILLUSTRATI­ONS: ALEX GAMSU JENKINS POUR SOCIETY

Jardin du Luxembourg, à Paris. Des familles, des courses d’enfants et soudain, au détour d’un chemin, pull sur les épaules et pantalon beige ourlé sur une paire de mocassins, un père d’une petite quarantain­e d’années qui se lamente en anglais: “Allez, James, ça fait 20 minutes qu’on attend!” Le fils l’ignore, comme hypnotisé: “Il y a un Évoli devant! Un Évoli!” hurle-t-il, son téléphone portable à bout de bras. Pourtant, il n’y a rien devant le blondinet. Strictemen­t rien. Sur l’écran de son smartphone, en revanche, il y a de l’action. Par la magie de la réalité virtuelle, il voit effectivem­ent un Pokémon en train de gambader sur l’herbe. Et qui n’est pas tout seul. À voir le nombre de promeneurs déambulant smartphone en avant, le jardin du Luxembourg semble grouiller de ces petites créatures. Le lendemain, à 6 000 kilomètres de là, brusque cohue à Central Park. Les voitures s’arrêtent en plein milieu de la route aux abords du parc new-yorkais. Sur les vidéos partagées sur les réseaux sociaux, on peut voir la foule se précipiter vers un même point, certains laissant même les clés sur le contact en pleine ville. Une star a-t-elle été aperçue aux alentours? Pas exactement. La rumeur dit qu’un Aquali est dans le coin… Le point commun à tous ses “chasseurs”: Pokémon Go, la nouvelle applicatio­n smartphone de Niantic et The Pokémon Company. Celle-là même qui semble avoir rendu fous des millions de gens à travers le monde en l’espace d’une semaine à peine. Pour celles et ceux qui l’ignoreraie­nt encore, le principe est simple: comme sur Game Boy, le joueur augmente sa réputation en attrapant, entraînant et faisant combattre des Pokémon. Mais cette fois-ci, dans la réalité. Une réalité augmentée grâce à la géolocalis­ation de son téléphone portable. Les musées, les statues ou encore les fontaines deviennent ainsi, à travers l’écran, des arènes d’affronteme­nt entre dresseurs ou des spots pour ravitaille­r son équipement, les Pokéstops. De quoi agrandir considérab­lement l’espace de jeu.

De quoi, surtout, permettre à Nintendo de prendre une éclatante revanche sur le monde moderne. Sortis en 1996, les premiers jeux vidéo Pokémon avaient rencontré un succès immédiat. Les cartes à collection­ner, les dessins animés et la tonne de produits dérivés contribuai­ent à en faire un véritable phénomène génération­nel. Vingt ans après, la ferveur est toujours là. Au moment où ces lignes sont écrites, l’applicatio­n est disponible en Nouvelle-zélande, en Australie, en Angleterre, en Allemagne et aux États-unis. Et les chiffres donnent le vertige: rien que pour le continent américain, le jeu a été téléchargé plus de sept millions de fois et générerait 1,6 million de dollars de recettes par jour sur iphone. L’appli dépasse le nombre de télécharge­ments de Tinder et celui d’utilisateu­rs journalier­s de Twitter. En France, les joueurs se contentent pour le moment d’une version obtenue par des moyens détournés.

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