Pigeons pour la gloire
Parce que les “rats volants” eux aussi ont le droit d’entrer dans l’histoire.
L’apothicaire allemand Julius Neubronner est un inconditionnel des pigeons voyageurs. Un jour, afin de tout comprendre à leur parcours, il a l’idée ingénieuse de leur accrocher un appareil photographique. Résultat: des vues aériennes surprenantes, qu’il commercialise ensuite sous forme de cartes postales. Ces caméras à plumes intéresseront même l’armée, à l’aube de la Première Guerre mondiale, puis la CIA, des années plus tard. Hélas, aujourd’hui, on leur préfère les drones.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’agence américaine qui développe la bombe atomique travaille en parallèle sur un autre projet secret, le “Project Pigeon”. Né dans l’esprit du psychologue Burrhus F. Skinner, il vise à diriger un missile grâce à un pigeon placé à l’avant de celui-ci. Le volatile, dressé et conditionné, doit permettre au missile de dévier, au besoin, de sa trajectoire. Le projet est finalement abandonné au profit d’une autre invention plus mainstream: le radar.
À Londres, la Pigeon Air Patrol met les ailes dans le cambouis. La société Plume Labs équipe les volatiles londoniens de sac à dos spéciaux capables d’évaluer la qualité de l’air. Ces patrouilles volantes estiment en temps réel la concentration en polluants. Une action qui se double d’une campagne de sensibilisation: on peut twitter @Pigeonair pour connaître la qualité de l’air et recevoir une réponse de Coco, Julius ou Norbert, les pigeons gardiens.
Deux mille pigeons lumineux strient le ciel de New York. La performance de 30 minutes est une idée de l’artiste Duke Riley, intitulée Fly by Night. Harnaché d’ampoules LED, l’escadron étincelant prend son envol depuis un ancien porte-avion. Le spectacle mécontente les défenseurs des droits des animaux, mais Rita Mcmahon, du Wild Bird Fund, qui vise au respect des bêtes, a donné son absolution: “J’en ai vu se courtiser et s’accoupler sur le bateau. C’est plutôt bon signe.”