NSDOS Bricoleur sonore
D’ordinaire, le trappeur partant à l’abordage des terres d’alaska convoite la peau d’un élan ou d’un caribou, voire d’un ours, si la chance est de son côté. Du gibier dont NSDOS n’a eu que faire quand il a débarqué dans le grand Nord. “Je voulais avant tout saisir toutes les qualités de ce playground immense”, avance le garçon de 32 ans, originaire du quartier du Palais à Créteil, en banlieue parisienne. Là-haut, dans le froid, NSDOS s’est attaché à capturer et enregistrer le mouvement et le son des nuages, des cimes des sapinières et des torrents. Avec en ligne de mire la volonté de “révéler l’invisible”. Le résultat est un premier album, Intuition, qui sortira à la fin du mois de mai. Comment le décrire? “Disons que c’est de la musique organique”, sourit NSDOS, qui évoque Miles Davis ou la techno et se dit volontiers “transdisciplinaire”. Ancien habitué des battles hip-hop du pavé parisien, ancien danseur pour le célèbre chorégraphe Roland Petit mais aussi pour les comédies musicales d’élie Chouraqui, ancien batteur, ancien DJ aussi, le garçon s’est toujours appliqué à bidouiller. Débroussailleur des logiciels que son père, ingénieur en électronique, rapportait par pelletée à la maison, NSDOS (“le DOS, c’est l’interface qui se situe derrière le programme principal d’un ordinateur”) s’est pris de passion pour les travaux du Suisse Christian Marclay, réputé pour ses collages sonores à partir de bouts de vinyle, les combinaisons musicales des Game Boy ou les travaux de différents hackers à Paris et Berlin. Mais c’est après avoir découvert le vidéo-tracking, qui permet de relier un mouvement à un son, qu’il s’est lancé dans la réalisation d’intuition. “Je voulais connecter le corps des choses et les machines, et y associer mes envies de musique”, détaille-t-il. La suite? Intéressé par le destin des lanceurs d’alerte, comme Edward Snowden, NSDOS se verrait bien hacker lui-même. Mais un hacker à part: il a développé un programme lui permettant de comptabiliser le nombre de personnes connectées à un réseau donné et de concevoir, sur cette base, des sons “avec un système de pings”. Bientôt, aussi, NSDOS repartira en Alaska dans le but de créer de la musique à partir de la vie des bactéries. Et pourquoi pas?