MÉLISSA MAYEUX Mademoiselle base-ball
Nicolas About n’aime pas particulièrement le baseball. Cela ne l’a pas empêché, à la fin des années 80, de construire le premier terrain de base-ball entièrement synthétique de France, avec éclairage de nuit et 350 places assises. Comme les pros. C’était le “rêve américain” de celui qui fut le maire de Montigny-le-bretonneux, dans les Yvelines, entre 1977 et 2004. Mélissa Mayeux lui doit forcément beaucoup. C’est sur ce terrain que la jeune fille a tapé ses premières balles, à l’âge de 5 ans. Onze ans plus tard, elle faisait parler d’elle jusqu’aux États-unis en devenant la première femme de l’histoire sélectionnée pour un stage d’entraînement de la Major League Baseball (MLB), la ligue professionnelle américaine. C’était en juin 2015. Mélissa, 16 ans, venait de finir un match quand sa mère l’a appelée “en pleurs”. Cette dernière venait de recevoir le courrier lui annonçant la sélection inattendue de sa fille. “J’étais allée aux épreuves de sélection pour ce stage pour m’entraîner. Je n’aurais jamais pensé que la MLB pourrait s’intéresser à une fille!” Le base-ball est en effet, inexplicablement, un sport d’hommes, les filles étant censées se contenter du softball –une version à peine différente mais moins prestigieuse, avec une balle plus grosse et des distances réduites. “À 12 ans, j’aurais dû changer de sport, raconte Mélissa. Mais je me sentais bien, je n’avais pas de problème à jouer avec les autres, alors je ne comprenais pas pourquoi je devais arrêter.” Elle demande des explications. On lui dit que “c’est médical”, que les filles “ont moins de réflexes”, sont “physiquement plus faibles, moins rapides”. Mélissa soupire, et répond toujours la même chose: “N’importe quoi.” Grâce à Didier Seminet, président de la Fédération française à l’époque, la jeune fille a finalement pu continuer et intégrer les différentes catégories d’âge en équipe de France (masculine). Tout au long de son parcours, Mike Mcclellan, directeur du développement international de la MLB, est là, à la superviser. Jusqu’à ce fameux camp d’entraînement, lors duquel Mélissa crée la sensation. Face à un Dominicain de 19 ans qui lance à 146 km/h, la jeune Française frappe et atteint la seconde base sans effort. Depuis, le New York Institute of Technology et la Florida Gulf Coast University l’ont appelée pour lui offrir une place dans leur équipe et une scolarité gratuite. Mélissa “doit se décider bientôt”. Et continuer tranquillement sa révolution.