Society (France)

Alain, 56 ans, né à Bayonne (Pyrénées-atlantique­s) Conducteur de TGV

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“Si tu veux, c’est très subjectif comme question: moi j’ai eu un travail, j’ai pu partir à la retraite à 50 ans en tant que conducteur de train, donc j’estime que pour moi, ça s’est très bien passé. Mais en même temps, je vois autour de moi des copains et des copines qui arrivent pas à avoir un salaire décent pour vivre, qui ont pas de travail… Donc moi, voilà, la vie, je trouve que moi je… ouais, j’ai une belle vie.

J’ai pas fait d’études. À 18 ans je bossais comme aide conducteur à la SNCF, je faisais la nuit et tout, donc j’avais beaucoup de primes qui me permettaie­nt à l’époque de faire ce que je voulais. J’avais de la thune, je pouvais bringuer, je partais au ski, je partais en vacances… Au retour de l’armée, j’ai pris un appart avec la nana avec qui j’étais à l’époque, j’avais de la thune, quoi, par rapport à ce que je gagnais et au coût de la vie. J’avais un boulot en trois-huit, horaires décalés, les week-ends… J’ai eu cette chance aussi: à l’époque, on pouvait progresser socialemen­t dans l’entreprise. Avec un CAP, avec la formation interne, j’ai fini conducteur de TGV. Enfin, je ne dirais pas que les gens étaient plus heureux au travail avant ; ils étaient moins malheureux.

Mais je ne suis surtout pas nostalgiqu­e. Je l’ai jamais été, je suis toujours relativeme­nt optimiste. Je pense que par moments, la société va beaucoup trop vite pour se poser, le temps d’analyser ses évolutions. Après, c’est subjectif, aussi: le monde dans lequel on vit… Maintenant, on voit tellement de biens de consommati­on immédiats que les gens peuvent penser aussi que, même s’ils ont un peu de pouvoir d’achat, ils ne vont pas pouvoir accéder à tous ces biens, on peut dire parfois superficie­ls… Donc voilà. Après, on vit dans un pays, quand même… Les progrès de la médecine font qu’on vit plus longtemps, en meilleur état… ça avance quoi!

Au Pays basque, on a la mer, la montagne, un climat relativeme­nt serein. On n’a pas les soucis qu’on peut avoir en banlieue parisienne avec la surpopulat­ion, la course dans tous les sens, la misère qu’on peut y côtoyer, la ghettoïsat­ion… Quoi qu’on en dise, on est un peu plus protégés. Et pourtant, t’as des villages du Pays basque qui votent FN. Il faut qu’ils arrêtent avec le Front national, ces fous furieux. Ils dorment avec les portes ouvertes et les clés sur les voitures dans leurs villages et ils disent qu’il y a de l’insécurité. Sans déconner.”

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