Society (France)

Pierre-étienne, 59 ans, né à Lyon (Rhône) Propriétai­re d’une sandwicher­ie

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“Ma mère est décédée il y a trois ans, à 92 ans, ils avaient vécu la guerre, c’était encore autre chose. J’ai pas vu le pire, moi, par rapport à eux. Eux ils ont vécu la guerre, il a fallu tout reconstrui­re, tout remettre en route. Avec dans la mémoire des choses horribles. Sans savoir si ça n’allait pas revenir. Nous la guerre, on l’a jamais vue. On est dans une période où les gens sont trop défaitiste­s.

Forcément que la crise est là. Tous les jours, on a des gens qui viennent demander si on a du boulot pour eux. Je leur dis non, parce qu’il y en a pas, mais je leur dis aussi: ‘N’hésitez pas à pousser des portes quand même.’ Alors, on va vous dire l’euro. Mais ce n’est pas pour ça qu’il faut qu’on se retire de l’europe. Quand il pleut, on prend un parapluie pour se mettre à l’abri. Là, c’est pareil. On va pas aller chercher les extrêmes pour arriver à dire: ‘Ça va sauver la France.’

Qui c’est qui souffre? C’est pas le riche. C’est la classe moyenne, comme nous. La classe moyenne, c’est celle qui consomme, hein, c’est pas les riches. Ils ont beau avoir un beau yacht, une belle bagnole, une belle maison, mais la consommati­on pure et simple sur le territoire de France, c’est pas eux. Ils ont déjà pas une bagnole française, bien souvent. Ça rentre pas dans leurs critères. Alors que nous, on consomme, la classe moyenne. Quand on peut aller au restaurant, on va au restaurant. Quand on a envie de se faire un petit plaisir, on y va. Le dernier téléphone que j’ai acheté, j’en ai acheté deux, un pour ma femme et un pour moi, j’ai acheté français. Le Wiko, là. Bon, c’est pas 100% français, mais voilà. Je pense que la prochaine bagnole que je vais acheter, ça sera une française. Je joue le jeu. Pour les vacances, je reste en France. On va en bord de mer, ou on va à la montagne, ou on va j’sais pas où. Et je passe d’excellente­s vacances. Aujourd’hui, les gens essaient d’aller au-delà de ça, et ça leur coûte la peau des fesses. Juste pour aller dire: ‘Je suis parti en Australie huit jours.’

Les jeunes, ils ont pas la même façon de vivre, ce qui est normal, on a 30 ans d’écart avec ma fille. Ils vont voir des spectacles, parfois ils montent à Paris pour un spectacle. Une fois ou deux dans l’année, mais ils le font. TGV, machin, l’hôtel le soir. Je sais même pas si nous, on aurait pu le faire. Chez eux, ils ont toutes les dernières technologi­es niveau télévision, ordinateur, machin. Ils sont très connectés, ils commandent beaucoup par Internet, ça c’est un truc que nous, on n’a pas encore le pli. Eux, pour un oui ou pour un non, ils commandent. Après si vous voulez, le soir, ils traînent pas sur les terrasses.”

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