Et maintenant?
Experts, élus, société civile... Ils analysent les résultats du premier tour.
“Ils ont tué le père” Mehdi Bouteghmès, élu sans étiquette à La Courneuve (93)
Depuis la Courneuve, vous aviez senti venir le Macron/le Pen? Macron, je l’avais totalement senti venir. Pourquoi ça marche si bien? Il reprend tous les éléments de langage des petits partis et des petites initiatives qui ont émergé en 2014. C’est l’année qui annonce tout ce qui se passe aujourd’hui en France. C’est la première fois qu’il y a eu autant de candidats et d’élus non encartés aux conseils municipaux. Quelque chose s’est joué là. Avec des discours de plus en plus indépendants, une manière de gérer et de s’exprimer de plus en plus indépendante, et puis une prégnance des réseaux sociaux dans le débat politique. Macron a réussi à s’emparer de ça, et Mélenchon aussi, à sa manière. Ils ont tous les deux réalisé une OPA sur les partis traditionnels et, comme Le Pen, ils ont à leur manière tué le père. La présence de Marine Le Pen au second tour, c’était comme un secret de polichinelle. Tout le monde le savait, tout le monde le sentait, tout le monde s’était préparé. Je crois que les gens avaient beaucoup plus peur de Fillon que de Le Pen. Personnellement, c’était mon cas.
On a présenté Macron comme un candidat capable de séduire les jeunes de banlieue. Cela s’est avéré vrai? On a organisé un “Grand Débat de la Banlieue” à La Courneuve le 18 avril. Le représentant de Macron s’est fait sauter dessus. Vraiment. Il s’est fait attaquer sur les questions économiques et sur les suppressions de postes dans la fonction publique. Macron séduisait beaucoup jusqu’à il y a deux mois. Sa sortie sur la colonisation a été forte, très symbolique. Après, tous les ralliements opposés, pour la plupart assez libéraux, ont éloigné cette base qu’il avait réussi à séduire. Il avait quand même fait son lancement de campagne à Bobigny, C’est pas rien. Après, Macron est rattrapé par le travail, par Hollande, par Valls, qui n’ont absolument pas bonne presse ici. Et il a été très clairement rattrapé par Mélenchon. C’est la boutade, ici: il parle à tout le monde de ce qu’ils veulent entendre. On ne sait pas comment se positionner par rapport à lui.