“Nous n’avons pas su rassembler cette majorité culturelle positive”
Éric Piolle, maire EELV de Grenoble, soutien de Mélenchon
Les résultats du premier tour sonnent-ils comme un aveu d’échec pour le mouvement écologiste? Je ne crois pas car il y avait la possibilité pour cet espace politique d’être présent au second tour et de remporter cette élection présidentielle. C’est la lecture que l’on peut avoir des résultats. À Grenoble, Mélenchon arrive devant Macron avec plus de 28% des voix, Hamon fait 10%. Au niveau national, Mélenchon a réussi à dépasser son propre camp en incarnant un espace politique plus large que celui qu’il représentait en 2012. Quand on dépasse les 15%, c’est que l’on a touché tout le monde. Et à cela, il faudrait ajouter le score de Hamon, ainsi que celui de cette partie de l’électorat qui a fait un vote tactique par peur d’un second tour Le Pen–fillon. Si l’on prend en compte tout cela, il ressort –comme c’était prévisible– que l’espace du rassemblement citoyen, solidaire et écologiste existe et qu’il aurait pu se qualifier pour le second tour. Mais nous n’avons pas su rassembler cette majorité culturelle positive.
Critiquez-vous le choix de Hamon d’avoir maintenu sa candidature? Non, c’est une responsabilité collective. Nous savions depuis le début qu’aucun des deux ne se désisterait pour l’autre. Pour la deuxième fois de notre histoire, l’extrême droite est qualifiée au second tour de l’élection présidentielle... J’utiliserai le bulletin Macron pour faire barrage à Le Pen, même si je considère qu’il est l’ultime candidat du monde qui s’écroule. Que peut-on désormais attendre des législatives? Qu’elles permettent de concrétiser électoralement l’avancée de cette majorité culturelle. Cela peut se cristalliser aux législatives, l’élection présidentielle n’est pas l’alpha et l’oméga de la vie politique française. Dès maintenant, nous devons nous rassembler pour construire une majorité parlementaire citoyenne, de gauche et écologiste. Les divisions de la présidentielle doivent être dépassées.
Est-ce possible d’envisager ce rassemblement avec un tel déséquilibre des forces en faveur de Mélenchon? Cela montre que la stratégie actuelle n’a pas permis d’aboutir à une victoire électorale, alors que la majorité culturelle est bel et bien là! Nous ne sommes pas dans la logique de Macron qui consiste à dire que les partis sont morts tout en faisant un rassemblement des fossiles de gauche et de droite. Il faut respecter les partis dans ce qu’ils représentent de culture historique, de permanence des valeurs, de fonction d’éducation populaire, etc. Mais ils doivent se mettre au service de projets qui les dépassent, plus larges que leur simple périmètre. Il faut aussi donner à la société civile toute sa place dans la vie publique. Il est temps de se mettre collectivement au service d’un projet qui nous déborde et qui cultive ce que nous avons en commun.