Society (France)

Comment je me suis insoumis(e) (ma vie életorale avec Jean-Luc Mélenchon)

En 2012, il avait réalisé une OPA sur la gauche de la gauche. Cinq ans plus tard, il a fait le match jusqu’au dernier moment pour la qualificat­ion au second tour. Pour passer de 11,1% à presque 20%, Jean-luc Mélenchon a attiré vers lui pas mal de brebis s

- PAR ALEXANDRE PEDRO / PHOTOS: STÉPHANE LAGOUTTE (MYOP) POUR SOCIETY

Il faut bien le chercher, redescendr­e les allées du Parc des exposition­s de Dijon, mais on finit par le trouver. Le voilà: ce drapeau rouge –et un peu vert– du Parti de gauche, la formation fondée par Jean-luc Mélenchon en 2009. Claude évite de trop le brandir, car consigne a été donnée de garder tout étendard au vestiaire. “C’est quand même dommage de ne pas pouvoir afficher ses couleurs, regrette cet agent de la fonction publique qui, depuis le communiste dissident Pierre Juquin en 1988, a toujours eu le bulletin assez à gauche. En 2012, c’était beau, ce mélange de drapeaux communiste­s, CGT et PG.” Oui, mais 2012, c’est déjà loin. Aujourd’hui, Mélenchon se démultipli­e en hologramme­s et relègue les bannières rouges en fin de cortège, comme lors de sa marche du 18 mars à Paris. Seul le phi couleur bleu ciel et ocre de La France insoumise doit désormais s’afficher aux murs et sur les badges. Stéphane a quand même osé l’autocollan­t du PCF –cet allié presque invisible pendant la campagne– sur son cuir noir élimé. “J’ai demandé, on a le droit, grince ce militant, qui admet tout de même accepter la nouvelle stratégie adoptée: Si ça incite des gens d’autres horizons à venir, pourquoi pas.” Et tant pis pour L’internatio­nale, supplantée au hit-parade par La Marseillai­se. “On ne s’en cache pas. On a cherché les déterminan­ts les plus larges possibles, théorise Manuel Bompard, le directeur de campagne du candidat insoumis. Pour le logo, on n’a pas pris un symbole révolution­naire, par exemple. On s’est éloignés des codes traditionn­els de la gauche, pour être moins clivants.” En fin de meeting, ce soir-là, Jean-luc Mélenchon appelle à accueillir ces nouveaux camarades comme s’ils avaient toujours fait partie de la famille: “Ne regardez pas d’où ils viennent, ne leur demandez pas leur couleur politique.” C’est qu’il s’agit, dans la dernière ligne droite, de rassembler large, loin de l’étiage habituel de la gauche contestata­ire, où il avait fait plus ou moins le plein en 2012 avec ses 11,1%. “Cette année, on n’a pas cherché à s’adresser seulement aux électeurs de gauche, à dire qu’on était la meilleure gauche, la vraie gauche, poursuit Bompard. On a décidé de porter cette candidatur­e à travers un mouvement ouvert à tous.” Et donc à ceux et celles qui, par leur profil politique, sociologiq­ue ou leur histoire personnell­e, ne s’imaginaien­t pas voter il y a encore quelques mois pour l’homme du “bruit et de la fureur”.

Quand on vient des Yvelines, d’une famille catholique de six enfants avec des parents “bien à droite”, les probabilit­és de voter Mélenchon “sont faibles au départ”, accorde François-xavier*. “Si j’avais été en âge de le faire, j’aurais voté Sarkozy en 2012, admet l’étudiant de 22 ans. Je me définissai­s comme de centre-droit avant. J’ai effectué ma scolarité dans un lycée privé où le vote de gauche n’est pas banalisé, vous ne pouvez même pas en discuter.” Et puis, François-xavier a commencé à fréquenter des camarades de l’autre bord politique dans son école d’administra­tion publique et a questionné sa foi à travers la lecture du Royaume d’emmanuel Carrère, roman pourtant critique sur les origines du christiani­sme. “J’étais catholique par tradition et routine, mais après ce livre, j’ai relu la Bible avec un autre oeil. Jésus dit d’aimer son prochain comme soi-même, que les derniers seront les premiers. C’est aussi le message du pape François.” Et entre l’hôte du Vatican et l’ancien sénateur de l’essonne, il a finalement retrouvé le même message universel. “Je me suis rendu compte que celui qui développai­t ce discours de

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