FAKE NEWS
Enquête en Macédoine, avec ceux qui fabriquent les fausses informations
l est bien loin des 50 ans, l’âge des poignets sertis de la réussite en Rolex. Il n’empêche que sa montre intrigue. Quand un ami lui demande la marque, il répond en se marrant: “C’est Trump qui me l’a envoyée!” Il n’y a pas seulement la montre, mais aussi la paire d’adidas blanc et doré à 150 euros, le chien de race –rebaptisé “Trump’s Bello” il y a quelques mois–, l’alfa Romeo achetée neuve et le tout nouveau bonheur marital partagé avec Tatjana*, assise à ses côtés, aussi surmaquillée que silencieuse. La réussite, la vraie, pour Andrej*, 27 ans. Il fait partie de ces jeunes entrepreneurs du net de Vélès, et il n’en est pas peu fier. “Donald Trump devrait venir ici pour nous remercier: s’il est à ce poste, c’est grâce à nous”, fanfaronne-t-il. Comment donc s’y est-il pris depuis le fin fond de l’exyougoslavie pour faire élire un homme à la tête des États-unis? Il est l’un des auteurs de titres chocs du genre “Le pape soutient Donald Trump” ou encore “Les femmes de ménage de la Maison-blanche applaudissent le départ de Barack Obama” sur des sites comme worldpoliticus.com, donaldtrumpnews.co ou usadailypolitics.com. Sur Facebook, ses articles sont partagés des centaines de milliers de fois, remodelant même l’opinion publique américaine, à en croire certains. Problème: ce sont des fake news. Andrej est hilare: “J’invente tout!”
Dans le centre-ville, les terrasses des bars sont serrées les unes contre les autres, façon station balnéaire. Au-dessus des tables pour la plupart désertes, des tours décrépies ont pour seul relief quelques balcons dégarnis sur lesquels viennent résonner des remix électro crachés par les enceintes des troquets. Vélès est accrochée aux collines qui s’étendent le long de la vallée du Vardar. Longtemps centre culturel, artistique puis industriel, l’ancienne “Tito Vélès” a lentement perdu de sa superbe au rythme des fermetures d’industries lourdes. Sur les hauteurs de la ville gît le squelette de briques brunes de l’ancienne usine de plomb qui assura pendant longtemps le presque pleinemploi à la ville du centre de la Macédoine. De ces années post-dislocation de la Yougoslavie, ne restent qu’un immense terril de déchets industriels et les conséquences sanitaires de la pollution du sol à supporter pour les générations à venir. Pour l’instant, personne n’a les moyens de traiter les scories du productivisme triomphant de la période socialiste. Vélès est plombée par la torpeur déprimante de ces villes abandonnées par le darwinisme économique de l’histoire et auxquelles il ne reste plus que les reliques nostalgiques du passé à célébrer. Avec rarement plus de 300 euros par mois pour vivre. Vélès était a priori peu disposée à se faire rattraper par la révolution digitale. Elle l’a pourtant été, à sa façon, aux limites de la légalité et de la morale. Comme le dit un trentenaire de la ville: “Dans les fake news, il n’y a rien de politique, c’est que du business.”
“Les Américains sont vraiment cons”
Pour Andrej, les affaires ont d’abord commencé à bord de ces paquebots de croisière submergés de soleil et de retraités américains. Pendant six ans, pour quelques centaines de dollars, il nettoyait les piscines, tard le soir, quand seuls les vacanciers les plus imbibés restaient encore debout. “Je me souviens de cet Américain qui me parlait au bar, pendant que sa femme le trompait sur le pont juste en dessous! se marre-t-il. J’aimais bien ce boulot, mais je ne gagnais pas grandchose.” Il quittera finalement la Floride en 2014 pour rentrer en Macédoine. La même année, avec Tatjana, ils tombent par hasard sur un article détaillant les bases de la création d’une page web. Andrej décide de lancer son premier site avec un but avoué: raconter n’importe quoi, du moment que cela se partage facilement. “Ma grand-mère me donnait des conseils comme: ‘Mange un oeuf tous les matins, tu n’auras plus mal au dos.’ Alors moi, j’ai écrit ça, en anglais. Puis, ‘pour telle douleur, prends telle plante’, etc. Je ne gagnais pas des millions, mais j’ai réussi à avoir une belle vie avec ce site.” Il étend ses jambes sous la table, à l’aise. Pour une dizaine d’heures par jour passées devant son écran, clope à la main, le site lui rapporte environ 2 000 euros par mois pendant presque deux ans, grâce à Google Adsense, le service de publicité du géant d’internet.
À Vélès, Andrej n’est pas le seul, et encore moins le premier, à avoir fait son beurre sur le net. À l’origine du phénomène, deux noms bien connus: Aleksandar et Borce Velkovski. Deux frères que l’on appelle plus simplement les “Healthy Brothers”. Deux mots soufflés l’air mi-amusé, mi-fasciné, surtout par ceux qui les suivent sur les réseaux sociaux. Dans leur dernière vidéo Facebook, les deux frangins font ronronner leur nouveau bolide –une Lamborghini– dans le décor de la Riviera bulgare, le long de la mer Noire. Comme deux jeunes MC après leur premier hit, ils ont gagné beaucoup d’argent, et très rapidement, tout ça grâce à un site dédié à la nutrition et aux conseils bien-être. “Ce sont les modèles de la jeunesse de Vélès”, insiste Boris*, un jeune réalisateur local. Et les véritables pionniers du bon filon internet en Macédoine. Des fake news aussi? Vladimir, la trentaine, hésite avant de répondre: “Leur premier site, healthyfood. com, personne n’a jamais su si c’était du faux contenu ou pas.” Ce codeur est bien connecté avec les détenteurs de sites locaux. “Vladimir ne se souvient même plus combien il en a créés. Il en a fait beaucoup trop, le mien inclus! vanne Andrej. Tout le monde voulait travailler sur les sites Trump à ce moment-là.” Car à l’automne 2016, le candidat à la présidentielle américaine est la nouvelle pépite pour booster ses revenus. Vladimir a bien compris qu’il y avait un “filon Trump” à creuser, surtout parce que le sujet pouvait toucher un maximum de personnes grâce à sa personnalité “toujours dans l’extrême”. Tous les articles publiés quotidiennement par Andrej et sa femme ne parlent désormais que de Donald Trump. “Trump est le meilleur” un jour, “Trump est une merde” le lendemain. Tout est dans le titre, le contenu étant de toute façon souvent copié-collé de sites conservateurs américains. Peu importe la véracité des faits, les clics affluent bien au-delà du succès de ses habituelles recettes de grand-mère en ligne. “Par exemple, si tu balances ‘Trump est gay’, les gens vont se dire: ‘Qu’est-ce que c’est que cette merde?’, mais ils vont cliquer”, lance Andrej. “Ils”, ce sont les Américains. Soit 350 millions de lecteurs potentiels pour le jeune Macédonien. “Les Américains sont vraiment cons. Ou du moins 95% d’entre eux”, théorise Andrej, à la louche. “Si j’écris: ‘Ne cliquez surtout pas ici, c’est une bombe’, les Américains, ils cliquent!” Pour être sûr que ses contenus pullulent rapidement sur les réseaux sociaux, Andrej a ses petites techniques: “Je tapais Trump dans la barre de recherche, et je rejoignais tous les groupes que je pouvais. Certains t’acceptent, d’autres non, mais j’avais prévu le coup: j’ai créé et acheté beaucoup de faux profils avec le bon
“Donald Trump devrait venir ici pour nous remercier: s’il est à ce poste, c’est grâce à nous” Andrej, 27 ans, “créateur” de fake news
type de noms!” Comprendre: des prénoms aux consonances américaines. “L’inde et les Philippines, c’est 0,02 dollar le clic alors qu’un internaute américain te rapporte entre 0,22 et 0,50 dollar”, explique Andrej. Pour Vladimir, “le monde entier est familier avec la politique américaine”, avec autant de sources de profits que de pays. Andrej et Vladimir comptent sur leurs doigts: dix. Dix personnes auraient, selon eux, gagné 50 000 euros par mois pendant toute la durée de la campagne, plantées derrière leur ordinateur. Andrej, lui, a plutôt engrangé 5 000 euros par mois sur cette même période. Il sourit: “Ailleurs, je ne serais rien, mais dans ce pays, avec tous ces billets, c’est agréable.”
Ces milliers de dollars accumulés durant les mois de frénésie pré-électorale prennent rapidement des allures de mythe fondateur, si bien que n’importe quel jeune de moins de 30 ans avec quelques connaissances en informatique tente aujourd’hui de s’inventer une existence décente devant l’écran de son ordinateur. “À peu près la moitié de la population gère un ou deux sites dans cette ville, comptabilise, à vue de nez, Vladimir. La Macédoine, ce n’est
pas un pays où vivre. À Skopje, la capitale, cela va encore, mais ici, tout le monde est à l’arrache, tu ne gagnes pas ta vie. Comme c’est une petite ville, tout le monde se connaît et c’est facile de se partager les infos et la méthode. Tu as juste besoin de parler un peu l’anglais.” “On est dans un pays où le taux de chômage des jeunes atteint 50%, jauge de son côté l’économiste macédonien Branimir Jovanovic. Vélès est l’une des villes les plus touchées. Depuis 25 ans, elle ne fait que perdre des emplois. Que reste-t-il comme opportunité? Les vieux espèrent changer de vie grâce au casino et aux paris sportifs et les jeunes avec ces sites web. Avant, la seule échappatoire, c’était l’émigration, pour se lancer dans une activité légale ou pas.” Derrière son bureau, le maire de la ville, Slavco Chadiev, n’est pas très disert sur la situation de sa ville. Sur l’air du “tout va bien”, il assure “que les gens continuent de vivre leur vie normalement et de façon paisible”. Il ressent même une certaine fierté lorsqu’il évoque les “12 000 voitures” comptabilisées dans sa commune de 55 000 habitants, comme une preuve de progrès social. “Pendant la transition, 17 000 personnes ont perdu leur emploi à cause de la fermeture des usines. Mais aujourd’hui, le nombre de chômeurs est descendu à 3 000”, tente-t-il de rassurer, tout en se montrant quasi redevable aux producteurs de fake news d’avoir involontairement assuré la promotion de sa ville: “Ils n’ont rien fait d’illégal et ils ont rendu Vélès très populaire dans le monde.”
Le système mafieux
“L’élection américaine n’a pas changé la ville en profondeur mais la vie de certains habitants a évolué, résume Vladimir. Ils peuvent désormais se payer des choses qui leur étaient inabordables avant. Des bagnoles, des vacances en Thaïlande ou à Cuba, des fringues. Les gamins de 20 ans dépensent à tout va, tandis que les plus âgés vont plutôt avoir tendance à mettre de côté…” Andrej l’interrompt: “Il y avait quand même des soirées tout le temps sur les terrasses des cafés pendant quelques mois. Des mecs avaient 18 ans et 10 000 euros dans la poche. Donc il y avait de l’alcool, de la drogue, autant que t’en voulais. Et avec une BMW ou une Audi dans cette ville, tu deviens un dieu.” Andrej observe pensivement les tables vides autour de lui. La route en face est déserte. Peu de jeunes viennent encore au Drama Café, même le week-end. Très peu de personnes osent afficher leur nouveau mode de vie. Et pour cause. “Des politiques et des flics sont allés voir beaucoup de mes amis. Ils ont dit: ‘Hier, tu n’avais rien, t’étais pauvre. Mais aujourd’hui, tu es richissime. Que s’est-il passé?’” Il rejoue la scène. “Ils finissent par dire: ‘OK, on te laisse tranquille, mais il faut que tu nous donnes 10% de tes revenus. Pour le pays.’ Et t’as pas le choix, tu donnes l’argent.” Ce sont parfois même des professeurs qui viennent réclamer quelques centaines d’euros à leurs élèves de lycée qui consacrent leurs nuits aux fake news. “Si tu veux étaler ton argent dans ce pays, le ‘pays’ te rendra visite. Si tu restes discret, personne ne te touchera. C’est un système mafieux”, conclut Andrej.
Un système de racket institutionnalisé que confirme Zoran Ricliev, journaliste d’investigation rattaché au réseau Balkan Insight qui pointe également un environnement médiatico-politique susceptible de favoriser la propagation d’infos non vérifiées et partisanes. “Tout est lié au populisme, qui caractérise la façon dont ce pays est géré depuis dix ans. Ici, il n’existe pas de médias ni d’audience, on fonctionne avec des partis et des votants. Tout n’est que propagande dans un contexte ultrapolitisé. Et au milieu se tient cette machinerie et ces mécanismes que l’on appelle fake news. Dans un pays de moins de deux millions d’habitants, il existe des centaines de sites dits ‘de news’. Sans reporter, journaliste ni politique éditoriale. Ce sont juste des plateformes de diffusion d’infos sans personne derrière.” Sur son ordinateur, Zoran montre une fake news récemment publiée sur un média macédonien. “The US president, Mr Trump, signed an executive order to allow macedonian citizens to travel to the US without visa” –les Macédoniens n’auraient plus besoin de visa pour se rendre aux États-unis. Il raconte la suite: “L’article a été repris par de nombreux medias mainstream et commenté abondamment sur les réseaux sociaux. Personne n’a vérifié la source, qui était de type générique, très semblable à celles qui produisaient des fake news sur Trump. C’était évidemment complètement faux.” “Le premier site à avoir sourcé l’origine de la diffusion de ces infos bidon est en fait celui d’un média américain, le Washington Examiner, proche des conservateurs mais opposé à Trump, croit se rappeler Vladimir. Les journalistes ont trouvé six sites politiques qui partageaient la même info et la même titraille. Ils ont tracé cette info et toutes les URL étaient localisées à Vélès.” Simultanément, en avril 2016, l’agence de presse indépendante macédonienne Meta commence à enquêter. Alerté par un collègue de l’agence, Zoran Ricliev se rappelle les premiers soupçons: “On a localisé des sites qui produisaient d’étranges infos –à ce moment-là, on n’utilisait pas encore le terme de fake news–, des contenus pro-trump ou anti-hillary et qui étaient très populaires sur les réseaux sociaux. On a vu que cela venait de Vélès. On a contacté les gars, qui nous ont répondu: ‘Oui, c’est nous, mais il n’y a rien d’illégal.’” Meta publie son enquête mais elle reste consignée à l’attention des deux millions d’auditeurs macédoniens, loin de la frénésie de partages de liens entre supporters de Trump. “Et puis l’histoire est tombée dans les radars de Buzzfeed et c’est là qu’elle est devenue globale”, commente Zoran Ricliev. Certains médias américains découvrent aussi leurs propres articles repris mot pour mot sur des sites dont ils n’ont jamais entendu parler, tous basés à Vélès. Trajce Arsov est avocat de la presse, et dès le mois de septembre, il reçoit des appels inquiets depuis les Étatsunis. “Trois sites conservateurs américains m’ont contacté. Ils voulaient porter plainte contre ces jeunes pour avoir enfreint toutes les règles de propriété intellectuelle”, replace le juriste. Problème: en Macédoine, il n’existe pas de loi de cette nature pour des articles journalistiques produits à l’étranger. Il précise: “Ces sites ont décidé de leur mettre un coup de pression en les menaçant de procès, mais il n’y a pas eu de suites.” Toutefois, Vélès devient en quelques jours l’épicentre d’un tremblement de terre numérique et le fief d’une bande d’inconscients accusés de fausser l’élection du soi-disant plus grand pays démocratique du monde. Les Anglais de la chaîne Channel Four débarquent, dressent le portrait d’une jeunesse hightech toute heureuse de faire de l’argent sans scrupule ni conscience politique, et d’une ville garnison des alternative facts repris par Trump et ses électeurs. Et puis d’autres médias anglo-saxons déboulent, témoignent de l’argent facile de ces fake news qui coulent dans les bars de la ville, de cette vie de nouveaux riches dont jouissent désormais les manipulateurs de l’opinion américaine.
“À peu près la moitié de la population gère un ou deux sites ici. Comme c’est une petite ville, tout le monde se connaît et c’est facile de se partager les infos et la méthode. Tu as juste besoin de parler un peu l’anglais” Vladimir, codeur
“Ils ont raconté que l’on flambait des bouteilles de Moët et Chandon dans ce bar, se rappelle Andrej, assis à la terrasse du Drama Café, alors qu’il n’y a même pas de champagne sur la carte.”
Quand les habitants de Vélès tombent sur les reportages, ils ne se reconnaissent pas dans le miroir un brin inquisiteur des médias étrangers. “Tout le monde fait des fake news, en fait”, semble se justifier Andrej. La question de la moralité ne se poserait donc plus. Même si certains finissent par confesser des remords. Boris se rappelle une rencontre en particulier: “Un jeune auteur de fake news de 16 ans a participé à un court-métrage sur la crise des réfugiés (Vélès est sur la route des Balkans qui mène de la Grèce à l’europe occidentale, ndlr) en tant que figurant. En jouant ce rôle, il s’est rendu compte qu’il n’aurait peut-être pas dû partager tous ces contenus pro-trump et xénophobes.” Les portes et les bouches des habitants se referment, en même temps que leurs comptes Google Adsense et les pages Facebook. “Fin 2016, Google a clôturé mon compte, a commencé à bannir les adresses IP, la ville, le pays, parce que trop de trucs merdiques venaient d’ici”, poursuit Andrej. Comme pour la ruée vers l’or, le moment du rush annonce déjà le début de l’épuisement du filon. Avec ces emmerdes émergent des soupçons de pilotage de toute l’opération par des puissances extérieures. Le regard tourné vers la Russie, la journaliste Saska Cvetkovska s’agite: “Certains de ces gamins ne parlent même pas l’anglais! Comment font-ils pour choisir les contenus et écrire des titres accrocheurs?” Elle tique sur les similitudes des discours de chacun des “fakeurs” et les réponses presque automatiques qu’ils lui fournissent. Pour elle, cette entreprise de fake news aurait un chef à l’agenda politique plutôt limpide, c’est-à-dire “pro-russe, pro-poutine, pro-trump, anti-démocratie, anti-soros et anti-réfugiés”. Et ces jeunes ne connaîtraient “pas assez la politique américaine pour être aussi efficaces” pour Me Arsov. Sans début de preuve, difficile pourtant de percer à jour une quelconque manipulation politique. Si Google a fermé
“Google et Facebook ne peuvent rien faire. Si mes comptes sont supprimés, j’irai en créer un autre à l’étranger, sur une adresse IP différente” Andrej, 27 ans, “créateur” de fake news
plusieurs dizaines de sites, confisquant des milliers d’euros aux jeunes geeks de Vélès, beaucoup de pages continuent de publier quotidiennement. Un peu de politique au milieu des classiques conseils diététiques et autres vidéos figurant les dernières voitures de sport. Zoran Ricliev est à peine surpris. “Les fake news ne vont pas disparaître. C’est comme un gros virus. D’ailleurs, certaines démocraties ont une sorte de système immunitaire contre les fake news, mais je suis sûr que le phénomène va réapparaître, en France ou en Allemagne, évidemment.” Andrej s’allume une dernière cigarette sur la terrasse du Drama Café, il a encore beaucoup de travail. “Google et Facebook ne peuvent rien faire. Même si mes comptes sont supprimés, que l’on me confisque de l’argent. Qu’est-ce que c’est que 5 000 euros? J’irai créer un autre compte à l’étranger, sur une adresse IP différente. Et je continuerai à alimenter mes sites. Et dans trois ou quatre ans, on fera de nouveau de la politique américaine.” Sauf peut-être si monsieur le maire met son dernier projet en date en application: “Si j’en ai l’occasion, j’offrirai à ces jeunes un poste d’ingénieur informatique à la mairie.” Il sourit. “Ils ont vraiment fait du super boulot!” *Les prénoms ont été modifiés