LA VILLE SANS SDF
En cette matinée de début décembre, Rene Zepeda conduit son minivan siglé “Volunteers of America” un peu partout dans Salt Lake City. Membre de cette association chrétienne venant en aide aux SDF à travers le pays, il a pour mission de repérer les nécessiteux sur le bord de la route, à proximité des voies ferrées ou des rivières. Rene a rempli son minivan de sacs de couchage, manteaux rembourrés, sous-vêtements thermiques, bottes, chapeaux, gants, barres protéinées et autres conserves. D’ici la fin de la journée, annonce-t-il, il ne lui restera plus rien. Mais l’objectif principal de Rene, aujourd’hui, consiste surtout à gagner la confiance des SDF qui croiseront son chemin. Pour, finalement, les sortir de la rue. “Mon but, c’est de les loger, explique-t-il. Je leur dis: ‘Je travaille pour vous. Je veux vous sortir de cette situation.’” Ce ne sont pas que des mots. Rene et son équipe obtiennent les meilleurs résultats de tout le pays: en une dizaine d’années, dans l’état de l’utah, dont Salt Lake City est la capitale, le nombre de SDF a diminué de 91%. Le tout grâce à une idée toute simple: trouver –ou construire– des appartements où ils peuvent vivre, sans date limite et sans conditions. Ce programme –ou plutôt, cette “philosophie”– a été baptisé “Housing First”. Soit “Un logement avant tout”.
Sur le tableau de bord, l’un de ses deux téléphones se met à sonner. “Services mobiles? Ici Rene.” Rene s’exprime avec le timbre de voix que vous aimeriez entendre en cas de pépin. “On se retrouve au motel? Ou au 7-Eleven? demande-t-il. OK. On arrive dans cinq minutes.” Cinq jours plus tôt, William Miller, 63 ans, a appris qu’il souffrait d’un cancer du foie. Miller a passé ses deux dernières nuits sous une autoroute aérienne. Il vomit dès le réveil, et a déjà dû se changer deux fois à cause de ses diarrhées. La veille, il s’est rendu à l’hôpital pour un check-up et s’est endormi pendant plus de cinq heures dans les toilettes. Le voici désormais assis à l’arrière d’un van sur le parking d’un motel. Un ami l’y laisse utiliser sa douche, mais Miller a décidé d’appeler Rene. “Je tombe rarement malade, dit-il. Il en faut beaucoup pour m’abattre, mais là, je suis totalement vidé.” Rene aide William à s’installer sur le siège passager et le conduit jusqu’à une clinique qui traite gratuitement les SDF. Puis le volontaire reprend sa camionnette, direction un camp situé à deux pas de la voie ferrée. Un couple s’est établi sous une tente couverte de bâches en plastique. L’homme s’appelle
Patrick, il a 57 ans. Il a déjà subi deux attaques cardiaques cette année, deux tumeurs se sont développées dans son poumon gauche et il se déplace à l’aide d’une canne. Pourtant, il dit que tout va bien. Le problème, c’est sa copine, Charmaine. “Elle parle de se suicider à cause de la douleur.” Charmaine, 41 ans, est accro à l’héroïne et souffre de diabète, de cirrhose, enchaîne les crises d’épilepsie et cardiaques. “Quand on vivait au pied des montagnes, on s’est fait mordre par des araignées venimeuses, raconte-t-elle en dévoilant une cicatrice d’une dizaine de centimètres située juste au-dessus de sa cheville enflée. Le médecin a essayé de bloquer l’infection, mais il a accidentellement sectionné mon mollet droit.” Charmaine se déplace lentement, en boitant. Alors que Rene l’aide à grimper dans la camionnette pour se rendre à la clinique, Patrick le prend à part et lui demande s’il peut la placer dans un logement public mis à la disposition des sans domicile fixe. “Si elle revient ici, elle va mourir, dit-il. Surtout avec le froid qui arrive.” Rene lui promet de voir ce qu’il pourra faire.
“Pourquoi ne pas les traiter comme des êtres humains?”
Le nombre de sans-abri aux États-unis est estimé à 580 000. Parmi eux, 85% vivraient une situation transitoire, et sont appelés à retrouver un logement au bout de quelques semaines. Les 15% restants, appelés “sans-abri chroniques”, sont, eux, sans foyer depuis au moins un an. Ils souffrent généralement, en parallèle, de maladie mentale, physique ou d’addiction. Ce sont eux qui, nuit après nuit, se retrouvent dans le meilleur des cas en foyer et dans le pire aux urgences ou en prison. D’un point de vue purement financier, leur situation représente une charge lourde pour la société: selon l’agence gouvernementale en charge du dossier du mal-logement, chaque sans-abri chronique “coûterait” entre 30 et 50 000 dollars par an à la collectivité. Et rien n’indique que la situation puisse un jour se résoudre. Selon les chiffres du think tank The Urban Institute, aux États-unis, pour 100 foyers à revenus très bas, seuls 29 sont en effet en mesure de trouver un logement abordable. En théorie, les 71 autres se retrouvent dehors. Que faire, alors? Pour le moment, deux attitudes priment: certains États font comme si de rien n’était, tandis que d’autres recyclent les mêmes solutions à court terme pour soulager les symptômes des individus touchés. Mais quelque part dans le Sud-ouest du pays, entre le Nevada et le Colorado, un État a trouvé une troisième voie: l’utah. Selon les estimations, Salt Lake City abrite depuis de longues années environ 2 000 sansabri chroniques. Un chiffre qui, malgré les efforts des organisations gouvernementales, associatives ou religieuses, semblait condamné à augmenter chaque année. Longtemps, comme partout ailleurs, la doctrine en place pour lutter contre la pauvreté y était la suivante: les SDF devaient d’abord suivre des cures de désintoxication, une thérapie, ou les deux. Une fois cette étape passée, ils étaient relogés sur le dos de la collectivité, à condition qu’ils ne touchent plus aux drogues ou que leur santé mentale se maintienne et qu’ils se soumettent à des contrôles. Sur le papier, ce modèle, baptisé “traitement résidentiel linéaire” ou “continuum de soins”, ressemblait à une bonne idée. Sur le terrain, en revanche, les résultats étaient tout sauf probants. Rares furent les SDF à franchir la première étape, et ceux qui y parvenaient n’arrivaient pas à rester clean sur le long terme. Ils perdaient alors leur appartement et retournaient dans la rue. Puis, en 1992, Sam Tsemberis, un psychologue de l’université de New York, s’est mis à tester un nouveau modèle. Son idée: “donner” aux sans-abri chroniques un endroit où vivre, sans menace d’expulsion, sans tests à passer, sans formulaire à remplir ni programme à suivre. “On parle de gens souvent schizophrènes, traumatisés, alcooliques, détruits par la vie, explique Tsemberis. Et si on arrêtait de leur faire subir des tests et de leur donner des formulaires? Surtout que cette incapacité à réussir ces tests et à remplir des formulaires est souvent à l’origine de leur situation. Pourquoi, à la place, ne pas leur donner un logement, un accès à un conseiller, à des thérapies adaptées, à des soins, sans les obliger à participer à des sessions? Pourquoi ne pas les traiter comme des êtres humains, des membres de notre communauté, avec un droit élémentaire au logement et aux soins?” Tsemberis crée alors une association, Pathways to Housing, et commence son
expérimentation. Pathways to Housing reloge 242 itinérants chroniques, sans la moindre condition. Dans leur nouveau “chez eux”, ces derniers ont le droit de boire, se droguer, entamer des épisodes dépressifs. Cures de désintoxication, soins de santé et autres sont accessibles gratuitement, sans jamais être imposés. Cinq ans plus tard, à l’heure de faire un premier bilan, les résultats sont plus que probants: 88% des participants occupent toujours leur appartement, et le coût annuel de leurs soins a baissé. Une étude similaire à New York, basée sur près de 5 000 sans-abri souffrant de maladies mentales, a montré que les coûts en frais d’urgences hospitalières, abri ou autres, passaient ainsi de 40 000 à 16 000 dollars par an. D’autres villes, comme Seattle, Portland, et des États comme l’illinois ou le Rhode Island, ont eux aussi lancé leurs propres études, avec des résultats similaires. Dès 2003, le programme, entre-temps baptisé Housing First, recevait le feu vert de l’administration Bush. Mais c’est à Salt Lake City que l’expérience va prendre la plus grande ampleur, grâce notamment à trois hommes: Matt Minkievitch, Kerry Bate et Lloyd Pendleton.
Le premier est à l’époque directeur du plus grand abri de Salt Lake City. Le second se charge des questions de logement pour le comté de la ville. Après quelques semaines de réflexion, ils se rendent à l’évidence. “Il nous faut Lloyd Pendleton.” Car dans l’utah, Lloyd Pendleton est un homme important. Il gère alors le département social de la très puissante église mormone, qui compte parmi ses membres près de 60% de la population de l’état. Pendleton a déjà participé à des projets humanitaires autour de la question des SDF. L’idée de Minkievitch et Bate est la suivante: créer une “task force” officielle sur la question du mal-logement et convaincre Pendleton de la présider, pour qu’il mobilise ensuite le reste de l’église. Cela permettrait de coaliser les organisations d’aide au SDF et de prêcher la bonne parole auprès des différentes branches du pouvoir local. Rapidement, Pendleton décide de rejoindre l’initiative. Il convoque Tsemberis deux fois pour lui faire expliquer sa méthode au groupe de travail, puis réunit tous les acteurs du secteur pour leur annoncer qu’un test grandeur nature aura lieu. Leur tâche: mettre en place une liste de 25 sans-abri chroniques, “les pires de tous”, auxquels seront confiés, sans conditions, des logements un peu partout dans la ville. Lors de cette première réunion, autour de la table, les regards sont incrédules: il y a les directeurs d’abri, les spécialistes du mal-logement, des fonctionnaires. Soit tous ceux qui côtoient ces “pires de tous” au quotidien. Ils savent que leurs problèmes –la démence, l’alcoolisme, la schizophrénie– pourraient très bien faire capoter l’expérience. “Ça ne marchera pas”, pensent-ils. Mais Pendleton n’en démord pas. “Je ne voulais pas qu’on fasse de cosmétique”, explique-t-il rétrospectivement. Son raisonnement: si ça marche pour eux, ça marchera pour tout le monde. Quelques semaines plus tard, la fameuse liste est bouclée. Dix-sept sans-abri chroniques se retrouvent logés et soignés selon leurs besoins. Et une nouvelle fois, Housing First fait ses preuves: deux ans après le début de l’expérience, quatorze d’entre eux résident alors toujours dans le même appartement (les trois autres sont décédés) et aux dernières nouvelles, c'est toujours le cas. “Ils n’ont pas causé le moindre problème, que ce soit pour eux ou pour leurs voisins”, informe Pendleton. Qui, dans la foulée, décide de passer à la vitesse supérieure: il annonce un plan pour en finir avec l’itinérance chronique dans l’utah avant 2015. Concrètement: la construction de cinq nouveaux complexes de logements afin d’héberger 2 000 sans-abri. Politiquement, les autorités de l’état font passer la pilule auprès de leur électorat très conservateur en contractant un prêt défiscalisé auprès d’institutions financières privées. Ce qui financera à hauteur de 90% la construction des nouveaux appartements. Les 10% restants viennent des impôts et de dons de charité. Le loyer et la maintenance sont pris en charge par un programme fédéral d’assistance déjà en place. Selon Pendleton, celui-ci coûte entre 10 et 12 000 dollars par bénéficiaire. Soit la moitié du coût annuel pour la collectivité des sans-abri vivant dans la rue.
Le facteur mormon
Sunrise Metro a été construit dès 2005. C’est le petit nom du tout premier complexe érigé dans le cadre du programme-pilote Housing First. Il contient une centaine de studios pour résidents célibataires, dont une majorité d’anciens soldats, comme Mark Eugene Hudgins. L’homme, 58 ans, souffre de lésions cérébrales. L’année après le bac, il a eu un accident de moto. Peu après, il s’est engagé dans la Navy. Puis, il a travaillé “pendant treize ou quatorze ans” comme gardien d’un site géré par le ministère de l’agriculture. Sa mémoire est “un peu vague”, selon son propre aveu, mais il date quand même son arrivée dans la rue à cinq ans. “C’est sympa, ici”, dit-il. Deux autres résidents le rejoignent. Le premier, John Dahlsrud, 63 ans, est en fauteuil roulant. Il souffre de sclérose en plaques depuis l’âge de 18 ans. Le second, Paul Stephenson, affiche un look de père Noël. À 62 ans, cet ancien de la Navy sortait de trois années à dormir dans les fourrés derrière un magasin de voitures lorsqu’il a emménagé à Sunrise Metro. “Les travailleurs sociaux nous laissent faire ce que l’on veut, dit John. Du moment que l’on ne fait pas trop de bruit et que l’on ne se balade pas à poil dans les couloirs.” Paul détaille ses conditions de vie: “Les charges sont comprises, à part le câble. Ils ont donné un téléphone portable à tout le monde, avec 250 minutes de crédit par mois. On a un billard, une table de ping-pong, une télé grand écran. Ils nous donnent de la nourriture. J’ai eu 22 boîtes de thon le mois dernier. Franchement, je n’ai pas à me plaindre.” Tous les résidents reçoivent environ 800 dollars par mois des poches de l’état, dont un tiers repart pour financer leur loyer. Un peu plus au sud de la ville, un autre bâtiment, appelé Grace Mary Manor, héberge 84 anciens SDF affectés par de graves problèmes de santé: lésions cérébrales, cancer, démence. Pour rentrer, il faut glisser sa carte
de résident dans un lecteur ou appuyer sur un bouton. La journée, un employé est présent à la réception, et un policier vient faire des heures supplémentaires la nuit. Kerry Bate explique que “l’un des plus gros ennuis, lorsqu’on donne à des sans-abri un endroit pour vivre, c’est qu’ils veulent en faire profiter leurs amis qui vivent encore dans la rue –ils se sentent coupables”. Des règles ont donc été mises en place pour limiter ces visites. Toujours selon Bate, les résidents de Grace Mary ont vécu en moyenne huit ans dans la rue avant d’arriver. “Leurs conditions de santé sont vraiment au plus bas”, dit-il. Au troisième étage se trouve une bibliothèque, avec d’imposants fauteuils en cuir, de belles tables en bois et un portrait de femme affiché au-dessus de la cheminée. Kerry Bate salue Steven Roach et Kay Luther, les deux jeunes travailleurs sociaux qui veillent aux besoins des résidents. “Leur mission, ce n’est pas de les prendre dans la rue, les ‘réparer’ et les transformer en membres de la classe moyenne, explique-t-il. C’est de s’assurer qu’ils conservent leur appartement.” Certains anciens sans-abri prennent en effet parfois la tangente. “On a un gars qui s’échappe tous les mois et qui va dormir dans le parc, raconte Roach. À chaque fois, on doit le convaincre de revenir.” Son collègue Luther lui emboîte le pas avec une belle histoire: “Ils ne sont pas obligés de se soigner, mais on a pleinement le droit de les y encourager. On a eu quelqu’un qui a complètement arrêté l’héroïne et aujourd’hui, il a un emploi dans un magasin de meubles.” Kerry Bate poursuit la visite. Cette fois-ci, c’est un appartement vide, avec un sol en lino, du linge de lit en bon état, une cuisine fonctionnelle et un frigo rempli. “C’est l’église qui a donné tout ça, informe-t-il. Avant que l’on n’ouvre nos portes, des volontaires mormons sont venus et ont monté tous les meubles. C’était incroyable. Les premières années, l’église mormone livrait de la nourriture chaque semaine. Et ce n’était pas juste des haricots, hein, c’était de la viande, du beurre, du fromage... et de bonne qualité.” Et c’est ainsi que le nombre de sans-abri a été réduit de façon drastique dans l’utah: ils sont désormais moins de 200. “On devrait pouvoir reproduire ce succès dans d’autres endroits, conclut Bate. L’utah a l’église mormone. Mais San Francisco a la Silicon Valley, Seattle a Bill Gates. Toutes nos grandes villes ont des organisations philanthropiques qui peuvent participer au financement et inciter les gens à s’impliquer.”
“Un système créé à partir de rien”
Voilà la question qui reste en suspens: un programme tel que Housing First peut-il fonctionner dans des régions où le coût de l’immobilier et des services est élevé, et où des organisations mobilisatrices telles que l’église mormone n’existent pas? À New York, l’ancien maire Michael Bloomberg a lancé un programme similaire à Housing First destiné aux handicapés mentaux, avant de couper les vivres aux programmes d’aides aux autres sans-abri car selon lui, elles encourageaient la “passivité” plutôt que la “responsabilité”. Pourtant, il n’y a jamais eu autant de sans-abri à New York depuis la Grande Dépression: 60 000 personnes, dont 26 000 enfants, vivraient dans la rue. Le maire actuel, Bill de Blasio, a promis de réinvestir des fonds dans des projets de logement à bas coût, mais comme 20% des résidents de la ville vivent en dessous du seuil de pauvreté, le chantier est vaste. Il existe un endroit où la tâche est encore plus homérique: la Californie. Près de 20% des sans-abri du pays vivent dans cet État, le plus riche de la nation. À elle seule, Los Angeles accueille près de 35 000 SDF. À San Francisco, ils sont 6 400. Quant au comté de Santa Clara, épicentre de la Silicon Valley, on y en dénombre 7 500. Dans ce poumon économique de la Californie où l’immobilier flambe plus qu’ailleurs, un studio coûte trois fois le salaire minimum. Une situation qui a incité Jennifer Loving, directrice d’un programme public-privé inspiré de Housing First, à faire avancer les choses. Comme dans l’utah, les différents acteurs du secteur se sont mis autour de la table et ont uni leurs efforts. À l’image de leurs confrères de Salt Lake City, ils se sont d’abord concentrés sur les sans-abri chroniques, avec un programme-pilote ciblé sur 1 000 personnes dans la rue depuis en moyenne 18 ans et dont le coût prérelogement était estimé à 60 000 dollars par an. “On a beaucoup improvisé”, explique Loving. Par exemple, ils ont créé un fonds de 100 000 dollars afin d’éponger certaines dettes des SDF pour les rendre éligibles aux aides sociales. “En gros, si Bob a huit ans de retard sur le paiement de son crédit, on paie tout.” Fin 2014, le programme comptait 840 résidents éparpillés dans tout le comté. Avec un coût de 25 000 dollars par personne, il est un tel succès que Santa Clara a décidé d’intégrer Housing First à sa politique de logement. “On a créé ce système à partir de rien, et c’est devenu une sorte de chaîne de production destinée à reloger les gens”, se réjouit Loving. Fin 2016, elle et son équipe ont obtenu l’adoption par référendum d’un plan pour sortir de la rue les 6 000 sans-abri demeurant dans le comté. Le projet devrait coûter 950 millions de dollars. Si Housing First fonctionne aussi bien dans des endroits aussi différents sur le plan économique, démographique et politique que Salt Lake City et Santa Clara, doit-on d’ores et déjà penser à le généraliser? Selon Sam Tsemberis, l’équation est simple: “On ne peut plus dire que l’on ignore comment régler le problème des sans-abri. L’itinérance n’est pas une maladie incurable. On a trouvé le traitement: c’est le relogement. Ce qui nous manque, c’est la volonté politique.”