Society (France)

UNE SAISON SANS PABLO

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Andres Andi Baiz: “C’est une saison qui aborde la question de l’espionnage de ses ennemis. On est proche de Conversati­on secrète de Coppola, qui a été l’une de nos références. Avec le cartel de Cali, tout le monde était sur écoute, ils avaient des yeux et des oreilles partout dans la ville.”

Eric Newman: “Pour cette saison, j’ai beaucoup regardé et été influencé par des films qui abordaient la surveillan­ce des États totalitair­es, leur paranoïa, leur besoin d’espionner leur population. Comme par exemple Z, L’aveu ou État de siège de Costa-gavras, et aussi le film allemand La Vie des autres sur cet agent de la Stasi qui doit s’occuper d’un dramaturge.”

Salvador Parra: “Tout leur système de sécurité s’est mis en place pendant la guerre menée contre Pablo Escobar, à travers le soutien apporté à Los Pepes (acronyme de Persécutés par Pablo Escobar, alliance de tous les ennemis du chef du cartel de Medellin, paramilita­ires et organisati­ons rivales, ndlr). Et cela a perduré après sa mort. C’était un peu comme le KGB. L’un des personnage­s clés de la saison est l’homme en charge de leur sécurité: Jorge Salcedo. On voit comment le système de sécurité qu’il met en place fonctionne à l’intérieur du cartel.”

Andres Andi Baiz: “Les scénariste­s ont essayé de trouver le bon équilibre entre les personnage­s car il n’y a personne qui peut incarner la figure centrale du mal absolu comme Escobar. Cette saison fonctionne plus comme un film choral. Parce qu’il faut juste accepter que Pablo n’est plus là.”

Pedro Pascal: “Sans Pablo, personne ne va regarder la série (rires)! Cette saison est moins prévisible parce qu’on connaît beaucoup moins bien l’histoire du cartel de Cali. C’était tellement plus profil bas qu’escobar! Bien plus insidieux comme fonctionne­ment. Et à l’arrivée, cela crée plus de surprises. On aurait été dans la merde si on était arrivés avec notre affronteme­nt idéal entre les héros et les méchants. Parce que ce n’est pas comme ça dans le monde dans lequel nous vivons.”

Andres Andi Baiz: “Pour des raisons de narration mais aussi parce que c’est compliqué à comprendre pour une audience non colombienn­e, on n’a fait qu’effleurer le contexte politique de l’époque. C’est dommage. La tourmente dans laquelle se déroule l’action est fondamenta­le dans l’histoire du cartel. Ce que l’on a appelé ‘El Processo 8000’ quand on a appris que la campagne du président Ernesto Samper, nouvelleme­nt élu, avait été financée par le cartel.”

Salvador Parra: “Ce que l’on montre, c’est comment l’argent achète les âmes. L’amérique du Sud est si corrompue! Tout le monde est dedans. Pourquoi et comment ce business perdure? Rien n’a changé avec la mort d’escobar. Pour quelles raisons? Qui est responsabl­e de cette situation?”

William C. Rempel: “La lutte contre les cartels, c’est aussi celle du peuple colombien: une exigence démocratiq­ue. Les fonctionna­ires étaient corrompus mais les gens se sont élevés contre cette corruption généralisé­e. Et puis certains militaires ont eu du courage. Le colonel Velasquez, commandant du ‘bloc de recherche’, a refusé 300 000 dollars offerts par les parrains. Et quand le cartel a monté une opération pour le filmer dans une chambre d’hôtel avec sa maîtresse, qui était aussi l’une de ses informatri­ces, il a résisté au chantage à ce que l’on n’appelait pas encore une sextape à l’époque. Cela

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