Society (France)

UN CARTEL BIEN SOUS TOUS RAPPORTS

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Andres Andi Baiz: “Ce cartel est une pieuvre avec des tentacules qui descendent profondéme­nt dans tous les secteurs de la société colombienn­e. Son objectif principal est de corrompre les élites du pays et d’en faire des appuis, grâce à l’argent.”

William Rodriguez Abadia: “Notre histoire est très différente de celle de Pablo Escobar. Notre famille a construit une multinatio­nale et il se trouvait que le secteur d’activité de cette multinatio­nale était le narcotrafi­c.”

Eric Newman: “Escobar voulait changer le monde et il a perdu. Le cartel de Cali était partie prenante d’un système. Et ses membres ont pensé que leur positionne­ment allait les sauver jusqu’au bout.”

William C. Rempel: “Ils étaient sensibles à leur réputation et donc à leur propre perception. ‘Gentlemen’, c’est leur manière de se définir. C’est une posture de respectabi­lité. Et c’est le propre de la plupart des mafias: tenter de faire du business sans trop de violence, pour ne pas se faire remarquer.”

William Rodriguez Abadia: “On ne se voyait pas comme des bandits. Moi, j’ai fait des études de droit pour devenir l’avocat du cartel.”

Chris Feistl: “Ils ont tant répété qu’ils étaient d’honnêtes hommes d’affaires que les gens ont fini par le croire et le répéter. C’est le propre de la propagande. Tu martèles un message et il finit par rentrer dans les cerveaux. À cette époque, le cartel de Cali, c’est 400 points de vente de drogue dans 28 villes. Ils possédaien­t aussi une radio, des intérêts dans une banque et dans de multiples sociétés d’investisse­ments immobilier­s.”

William C. Rempel: “Au summum de leur splendeur, ils possédaien­t toute la ville de Cali. Ils étaient infiltrés dans toutes les institutio­ns, de la plus haute à la plus basse. Il n’y avait rien de trop petit ou trop grand à corrompre pour eux.” Salvador Parra: “Dès que quelqu’un arrivait à Cali, d’une autre région, d’un autre pays, ils le savaient parce que les chauffeurs de taxi qui bossaient à l’aéroport leur racontaien­t tout.”

Andres Andi Baiz: “Dans les années 90, quand le cartel de Cali faisait partie de notre vie quotidienn­e, la ville était en pleine expansion du point de vue économique. C’était artificiel mais bien réel. Les gens se sentaient relativeme­nt protégés. C’était très différent de la vague de violence qui avait marqué la fin du cartel de Medellin.”

William Rodriguez Abadia: “Un jour, je suis entré dans la salle du congrès avec une valise de 500 000 dollars pour acheter un certain nombre de parlementa­ires. Ça me paraissait normal à l’époque, et aujourd’hui je me dis que j’étais complèteme­nt fou. Je pensais que rien n’allait m’arriver. J’étais habité par le diable.”

Salvador Parra: “Toute la ville profitait de l’argent du cartel. Par exemple, pour le secteur de la constructi­on, l’industrie du ciment était une aubaine. Toutes les mafias se ressemblen­t dans la façon de recycler l’argent. Elles sont toutes connectées les unes aux autres. Le cartel de Cali collaborai­t avec Amado Carillo Fuentes, le boss de celui de Juarez que l’on appelait ‘el senior de los celios’, le seigneur des cieux, et qui prêtait ses avions pour rapporter les énormes quantités de cash de la vente de cocaïne aux États-unis.”

William Rodriguez Abadia: “Il faut admettre que le narcotrafi­c a permis la modernisat­ion de la ville de Cali et

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