Society (France)

Nancy Joyce Fanke, recherche son mari David

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“Depuis que je le connais, il a pour objectif de rejoindre l’europe. Il voulait y installer toute notre famille.” Nancy Joyce Fanke, 27 ans, évoque son mari David Fongang. “Quand il m’a dit qu’il voulait partir, on s’est disputés pendant une semaine. Un jour, il m’a finalement dit: ‘Si je reste ici, je ruinerai ma vie et ma frustratio­n te retombera dessus.’ C’est à cet instant que j’ai compris que je devais le laisser partir.” Nancy travaille comme serveuse dans un bar de nuit. Elle a deux enfants, qu’elle élève seule désormais. Son mari est parti en mai 2014. Après qu’il a passé presque trois ans entre le Maroc et la Libye, elle a perdu le contact avec lui il y a de cela quatre mois. Même si elle continue de recevoir des messages d'un numéro libyen lui disant d'envoyer de l’argent pour David, elle se dit qu’il pourrait s’agir d’une personne essayant de profiter de la situation. “Je n’arrive jamais à lui parler directemen­t. Chaque fois que j’appelle, quelqu’un d’autre me répond en m'expliquant que mon mari prend une douche et qu’il ne peut pas parler.” Bien qu’elle pense qu’il est encore en vie, une partie d’elle-même commence à croire que quelque chose de mauvais pourrait lui être arrivé. Au cours de ces dernières années, David a essayé à plusieurs reprises d’entrer en Europe. D’abord en escaladant la barrière entre le Maroc et les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, puis en essayant de traverser la Méditerran­ée, de la Libye à l'île italienne de Lampedusa. “C'était extrêmemen­t difficile pour lui de voir ses amis traverser la mer quand lui n'y parvenait pas. Il a aussi vu beaucoup de ses camarades mourir pendant les tentatives de traversée, explique Nancy. Au cours de ce voyage, il a beaucoup maigri et je m’inquiète pour sa santé.” “Quand il est parti, reprend-elle, j’avais 400 000 francs CFA (environ 610 euros, ndlr) sur mon compte bancaire. Maintenant, je n’en ai plus que 50 000.” Aujourd’hui, après d'innombrabl­es échecs, Nancy est fatiguée. “Oui, je suis en colère contre lui, parce que j'ai dépensé tant d'argent et qu'il a échoué tant de fois, admet-elle, tout en caressant les cheveux de sa fille. C’est moi seule qui nourris et finance l’éducation des enfants.” Nancy a décidé de ne plus envoyer d’argent à son mari, une décision difficile, mais nécessaire, dit-elle. “Je me suis endettée pour lui. Maintenant, c’est à lui de se débrouille­r.”

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