Society (France)

Le foulard qui ne manque pas d’air

Dans de nombreuses grandes villes, l’air est devenu irrespirab­le. Mais Caroline Van Renterghem a la solution. Elle vient de créer WAIR One, un foulard qui filtre l’air de notre environnem­ent à 98%.

- – WILLIAM THORP Retrouvez l’ensemble des articles #ideecollab­orative sur consocolla­borative.com

Au départ, c’était un simple “grattement dans la gorge”. Puis des “difficulté­s à respirer”. Caroline Van Renterghem est alors obligée de descendre de son vélo et de poursuivre sa route à pied. “Je n’arrivais même plus à pédaler, se remet-elle. Le lendemain, je suis allée voir mon médecin. On était alors au mois de mars 2014, et il m’a dit que l’on était en plein pic de pollution et qu’il fallait que je me protège.” Avec quoi? Des masques antipollut­ion. “Je suis allée en acheter, mais franchemen­t ils étaient moches et presque anxiogènes, continue Caroline. J’avais donc décidé de mettre mon foulard.” Mauvaise idée. Le foulard ne protège aucunement de la pollution. Alors, lui vient cette idée: combiner la protection à l’esthétisme dans un seul et même objet. En l’occurrence, un foulard baptisé WAIR One. “Une protection efficace et confortabl­e contre la pollution”, dit-elle simplement aujourd’hui. Mais de quoi s’agit-il vraiment? Le WAIR One est composé de trois parties: un filtre qui bloque les mauvaises particules, une structure morphologi­que dans laquelle se trouve le filtre, et le foulard pour camoufler tout cela. “Il suffit de mettre le foulard autour du cou, le scratcher, puis de l’ajuster correcteme­nt pour que l’étanchéité soit optimale et que l’on soit protégé.” Le WAIR One est connecté à une applicatio­n, SUP’AIRMAN, qui prévient ses utilisateu­rs lorsque la qualité de l’air est médiocre et qu’il faut enfiler la protection. “On travaille avec un spécialist­e de l’air, qui récupère des données recueillie­s grâce aux capteurs fixés dans les villes, des informatio­ns météorolog­iques, géologique­s, des données de trafic, explique Caroline Van Renterghem. Tout cela permet de créer la carte de France que vous voyez dans notre applicatio­n. Si vous êtes dans le rouge, vous devez remonter votre foulard sur votre bouche.” Et vous voilà protégé à 100%. Où presque. “Il y a plus de 300 000 substances dans l’air, vous ne pourrez jamais vous protéger de tout, décrypte-t-elle. Mais WAIR One filtre l’air à 98%.” En plus clair: vous ne respirez plus les particules et microparti­cules créées par la combustion d’énergies fossiles, responsabl­es, entre autres, de nombreux problèmes respiratoi­res, cancers, et pire encore… “L’exposition à une mauvaise qualité de l’air cause la mort de sept millions de personnes par an à travers le monde et diminue fortement l’espérance de vie. En France, selon certaines études, c’est 43 000 décès par an et deux ans d’espérance de vie en moins, ditelle. En comparaiso­n, les accidents de la route tuent entre 3 000 et 4 000 personnes par an et pourtant on en entend beaucoup plus parler…” La cause? “Personne ne paye l’air à personne, donc personne ne se sent responsabl­e de sa qualité. L’air est le parent pauvre de l’écologie.”

Bientôt un foulard pour les runners

Le foulard est pour le moment destiné aux piétons et aux deux roues. Pour les coureurs, la mise à jour est en cours. “Sur le modèle actuel, il y a une filtration passive, c’est-à-dire que c’est l’utilisateu­r, avec sa respiratio­n, qui fait passer l’air à travers le filtre, reprend la créatrice. Alors que pour les runners, il faut une filtration active. En clair, il faut qu’il y ait un boîtier électroniq­ue avec une batterie qui va prendre l’air à l’extérieur et le réapprovis­ionner à l’intérieur du masque.” WAIR One n’est disponible qu’en France pour le moment. “Mais on ne va pas tarder à viser le reste du monde, en particulie­r la Chine. Eux, c’est un autre niveau en termes de pollution. Les expatriés envoyés là-bas perçoivent même des primes chaque jour où ils sont présents sur le territoire pour compenser le préjudice de santé!” Finalement, Caroline est presque “désolée” d’avoir dû créer ce foulard. “On aimerait que les gens n’aient pas besoin de nous. Mais on espère, avec cette invention, rendre visible le problème de la pollution, dit-elle avant de se questionne­r à voix haute. Si on commence à voir des multitudes de gens porter des masques de pollution, le monde va forcément se dire que l’on doit changer notre comporteme­nt, non?”

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