Garrido, origines
La naissance de Raquel Garrido tient du miracle, ou presque. Sa mère était enceinte quand elle a été embastillée pendant des mois après le coup d’état de Pinochet. Militants du MIR, un mouvement d’extrême gauche, ses parents sont alors “pris et détenus à des moments et des endroits différents”. En apprenant par coeur un tube anglosaxon que crachait une radio, son père réussira à mettre un terme à son calvaire en convaincant ses geôliers de son pro-américanisme. Une leçon de survie en milieu hostile fondatrice, forcément, dans la personnalité de Raquel. Photographe amateur, papa Garrido donne pendant quelques mois dans la fabrication de faux papiers, tout en organisant un réseau d’exfiltration de réfugiés politiques avec l’aide du consul du Danemark, dont 300 personnes auraient bénéficié. Le jour où il estime que c’est au tour de sa famille de se mettre définitivement à l’abri, c’est à l’ambassade du Canada qu’ils finissent par atterrir. Raquel a 11 mois. Direction Toronto, où le père achèvera ses études de chimie pour finalement décrocher quatre ans plus tard un boulot d’ingénieur chez Air Liquide, au Québec. Aujourd’hui, Raquel revendique d’ailleurs une personnalité “beaucoup plus nord-américaine que parisienne”.
C’est-à-dire? “Je n’ai pas cette superbe, cette sorte de classe, d’arrogance un peu magnifique. J’ai un côté girl next
door quoi, je n’ai pas peur des gens, je n’ai pas de tabous dans les sujets. À Paris, ce serait bien vu que l’on puisse juste péter un coup et avoir des conversations moins sophistiquées.” Elle a 14 ans quand la multinationale française envoie son père en France. – AM ET VR