INTEMPÉRIES
Vous subirez des feux de forêt en Bretagne (et des inondations partout)
Avec dix morts, 85% d’habitations détruites et 1,2 milliard d’euros de dégâts sur l’île de Saint-martin, l’ouragan Irma a soulevé des interrogations. Est-il une conséquence du réchauffement climatique? Impossible pour les climatologues d’affirmer le lien direct entre les deux phénomènes, même si, entre 2000 et 2016, le nombre de catastrophes climatiques (ouragans, inondations, sécheresses…) a augmenté de 46% au niveau mondial. En revanche, s’ils ne prévoient pas avec certitude l’augmentation du nombre de tempêtes à l’avenir, les scientifiques évoquent une montée en puissance de l’intensité de ces évènements. Irma, par exemple, était le plus puissant de la région depuis Allen, en 1980. Si vous habitez les DOM-TOM, vous avez donc de fortes chances de subir d’autres coups de tabac du même type dans les années à venir. Mais la métropole ne sera pas non plus épargnée. La tempête tropicale Ophélia, qui a fait trois morts et privé 360 000 personnes d’électricité en Irlande le 16 octobre dernier, a un temps menacé la Bretagne. “En 1999 (27 morts en France dans la nuit du 27 au 28 décembre, ndlr), on pensait que l’on avait vécu la tempête du siècle, rembobine Nicolas Thierry, vice-président EELV à l’environnement et à la biodiversité du conseil régional de Nouvelle-aquitaine. Et pourtant, dix ans après, rebelote. Aujourd’hui, les forestiers savent que s’ils plantent un pin, c’est une utopie de croire qu’il pourra grandir 40 ans sans être menacé par une forte tempête.” Selon les estimations du Centre européen de prévention du risque d’inondation, il y a également une menace non négligeable que vous vous retrouviez les pieds dans la flotte. En se basant sur le scénario d’une montée des eaux d’un mètre en 2100, les inondations côtières coûteraient en moyenne 3,9 milliards d’euros par an à la France métropolitaine, faisant courir un risque de disparition définitive à 140 000 logements et 10 000 établissements. Encore une fois, les DOM-TOM seront les plus menacés, avec un tiers des îles polynésiennes françaises susceptibles d’être submergées: les atolls des Tuamotu pourraient bien être engloutis d’ici la fin du siècle. Sans oublier les inondations fluviales dont le coût pourrait, dans l’union européenne, passer de sept à une centaine de milliards de dollars et concerner 800 000 personnes. La France arrivant dans le peloton de tête des pays les plus touchés avec l’italie, la Hongrie et le Royaume-uni. François Nédey, directeur technique des assurances de biens et de responsabilité civile chez Allianz France, a déjà observé “une augmentation de la fréquence des vagues submergeantes, de l’intensité des débordements de cours d’eau, mais aussi des inondations consécutives à des pluies très fortes, qui peuvent créer des vagues de boue soudaines et dangereuses”. En octobre 2015, à Mandelieu-la-napoule, sept personnes sont décédées à la suite des pluies diluviennes, surprises alors qu’elles essayaient désespérément de sortir leur voiture du garage de leur résidence pour la mettre à l’abri. Et puis, il y a le feu. Au Portugal, après avoir fait 64 morts au mois de juin dernier et 41 autres mi-octobre, les incendies de forêt ont entraîné la proclamation d’un deuil national et la démission du ministre de l’intérieur. En Californie, aux dernières nouvelles, les feux qui ont ravagé les vignes du nord de l’état à partir du 9 octobre ont fait 42 victimes et chassé des dizaines de milliers de personnes de chez elles. La France n’est pas en reste. Dès le 27 juillet dernier, la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises annonçait avoir déjà dépensé tout son budget prévisionnel de lutte contre les feux de forêt. En 2010, une mission interministérielle avait cartographié l’extension possible des zones sensibles à ces catastrophes: alors qu’elles sont aujourd’hui surtout cantonnées au Sud de la France, elles pourraient remonter, au milieu et à la fin du siècle, jusqu’à la Bretagne et même, avec moins d’intensité, jusqu’à l’aisne et aux Ardennes. Au total, “près de la moitié de la surface des landes et des forêts métropolitaines” seraient menacées dès 2050. Selon Éric Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, “appréhender le risque dans des départements au nord d’une ligne Valence-bordeaux se fera dans un laps de temps très long. Nous pourrions déjà former des pompiers à ces risques, mais ils seraient en retraite quand cela arrivera, dans 20 ans”. Nous voilà bien.