CHAUD TIME Ce que le réchauffement climatique va vraiment changer dans votre vie
Les études se suivent, se ressemblent et se terminent immanquablement par la même conclusion: en termes de changement climatique, tous les voyants sont au rouge. Avec quels effets sur notre vie quotidienne? Alors que la COP23 vient de s’ouvrir à Bonn, en
Une petite lapalissade: pour la neige, il faut du froid. Il n’est donc pas absurde que les stations de ski soient les premiers témoins du réchauffement climatique. “À moyenne altitude, la baisse de l’enneigement est continue depuis 50 ans”, confirme Samuel Morin, directeur du Centre d’études de la neige de Météo France et du CNRS. D’ailleurs, les domaines skiables français (environ 300) vivent déjà sous perfusion. De mauvais augure pour le pays qui accueille le plus d’amateurs de sports d’hiver au monde. “Le principal enjeu pour les stations est de garantir la ‘skiabilité’ de Noël aux vacances de février, explique Emmanuelle George-marcelpoil, directrice de l’unité de recherche Développement des territoires montagnards à l’irstea. Mais est-ce qu’elles auront les moyens de continuer? L’année dernière, même de grandes stations n’ont ouvert que le 24 décembre.” Sachant que la technologie des canons à neige consomme également beaucoup d’eau et d’énergie, elle risque de poser problème dans un monde nécessitant plus d’économies à ce niveau. Alors, va-t-on inexorablement vers la fin des stations situées en dessous d’une certaine altitude? “C’est différent d’un massif à l’autre, selon l’orientation de la piste, sa situation, dit Samuel Morin. Mais il y a déjà des stations qui ont fermé, comme Valdrôme ou Drouzin-le-mont.” Des décisions difficiles à prendre et qui se heurtent souvent, pour les maires des communes concernées, à l’opposition de la population. Pour s’adapter, les stations ont déjà commencé à se diversifier, que ce soit vers des activités estivales ou d’hiver hors-ski. “Sauf que vous n’aurez pas le même chiffre d’affaires avec des sorties en raquettes qu’avec du ski”, tranche Emmanuelle George-marcelpoil. Et que vos enfants n’auront pas l’air aussi classe avec leur première étoile de raquettes. Sur le front de mer, ce n’est guère mieux. En décembre dernier, l’observatoire de la côte aquitaine publiait une étude montrant que, après les tempêtes de l’hiver 2013-14, des reculs du littoral de dix à vingt mètres avaient été observés selon les secteurs, et jusqu’à 40 mètres à Soulac-sur-mer, où les copropriétaires d’un immeuble situé au bord d’une dune sableuse ont dû être évacués définitivement. Selon les projections de l’étude en question, le recul moyen de la côte sableuse devrait être de 20 mètres en 2025 et de 50 mètres en 2050. “Plus la zone est basse et étroite, plus elle est vulnérable”, prévient Gonéri Le Cozannet, chercheur au Bureau de recherches géologiques et minières. Pour éviter la disparition de leurs plages, certaines villes étudient déjà la possibilité de déménager tous les bâtiments du front de mer vers l’intérieur des terres. C’est le cas de sept sites retenus par le ministère de l’écologie pour une expérimentation du dispositif en décembre 2012, dont Lacanau (Gironde), Ault (Somme), Hyères (Var) ou encore Petitbourg (Guadeloupe). Mais l’option n’est peut-être pas envisageable partout. Ghislain Dubois, directeur de TEC Conseil et auteur d’un rapport sur l’adaptation au réchauffement climatique commandé par la Direction du tourisme en mai 2006, considère, lui, que “si la plage peut reculer, comme dans les Landes, elle reculera. Mais lorsque derrière il y a de la roche et des habitations, comme souvent en Bretagne, en Méditerranée ou en Corse, elle disparaîtra”. Et vos souvenirs d’enfance avec. Si d’éventuels politiques d’atténuation du réchauffement climatique pourraient à l’avenir limiter les déplacements en avion, la France pourrait, en outre, perdre un certain nombre de touristes venus de pays lointains comme la Chine, les États-unis ou la Russie. Mais pas de panique, selon Ghislain Dubois: “Les Européens voyageront, eux, davantage en Europe, et la France, bien placée, devrait bénéficier d’un report de clientèle.” Le pays pourrait ainsi voir débarquer les touristes actuellement séduits par l’afrique du Nord ou le Sud de l’espagne, mais aussi bénéficier d’un “tourisme de fraîcheur”, amené à se développer de plus en plus. Ou comment le Massif central pourrait bientôt être rempli d’allemands en claquettes-chaussettes.