Society (France)

Mariah Carey

Mariah Carey, 47 ans, des albums vendus par centaines de millions et des polémiques à n’en plus finir, a depuis longtemps quitté son métier de gentille chanteuse pour devenir autre chose: une sorte de star qui fait ce qu’elle veut comme elle le veut, exis

- PAR GRÉGOIRE BELHOSTE ET SIMON CLAIR

À 47 ans, la chanteuse sera une nouvelle fois l’attraction de Noël. Ce qui confirmera son statut d’icône pop absolue. Comment en est-elle arrivée là?

Épisode 1: la note la plus aiguë

Elle a débarqué comme une blague, ou presque. “La manière dont elle chante est beaucoup plus impression­nante que ce qu’elle chante”, “trop guimauve”, “un album de platine pas terrible et un single effroyable (reviens Whitney)”, parmi d’autres formules définitive­s. Qu’elle soit pointue ou grand public, la critique américaine n’est, en cette année 1990, pas tendre avec la jeune chanteuse de 20 ans qui a signé son contrat sur la foi d’une cassette démo écoutée dans une voiture et qui vient tout juste de sortir un premier album à son nom: Mariah Carey. Tout le monde admet que la performanc­e vocale est époustoufl­ante, capable de descendre vers des graves profonds et surtout de monter dans des notes suraiguës, comme seules ont su jusqu’ici les atteindre des chanteuses comme l’américaine Minnie Riperton ou la Péruvienne Yma Sumac. Mais personne n’y croit vraiment. Une imposture? À l’époque, Mariah Carey ne donne aucun concert et sa maison de disques n’organise aucune tournée de promotion. Même chose, en 1991, pour l’album suivant, Emotions. De telle sorte que la mauvaise rumeur se répand comme une traînée de poudre: Mariah Carey ne serait qu’une chanteuse de studio incapable de reproduire en live cette prodigieus­e voix de cinq octaves. C’est pour la démentir que son label décide d’organiser un show MTV Unplugged, un concert acoustique retransmis sur la célèbre chaîne de télévision américaine. “À l’époque, MTV était la chaîne reine. Elle mettait en avant une esthétique de clips surproduit­s comportant beaucoup d’effets visuels. Mais ses dirigeants ont compris que le public aimait aussi les choses plus brutes et authentiqu­es. L’émission MTV Unplugged a été lancée pour ça. C’est un cadre dans lequel on ne peut pas tricher, et c’est exactement ce dont avait besoin Mariah pour prouver à tout le monde qu’elle savait chanter, y compris le registre suraigu de ses disques”, re-contextual­ise Dan Shea, compositeu­r et claviérist­e lors du concert en question. Le test se déroule le 16 mars 1992, aux Kaufman Astoria Studios, à New York. L’amérique retient son souffle. Mais dès que commence l’intro de Emotions, l’un de ses morceaux les plus difficiles à chanter, tout le monde comprend qu’il n’y a jamais eu lieu de s’affoler. Sa voix, Mariah Carey la maîtrise à la perfection, y compris dans les notes très aiguës, qu’elle doit parfois atteindre en se bouchant une oreille. “C’est un des plus beaux lives de sa carrière. Je n’en revenais pas. Je me rappelle que tout en jouant, je devais faire attention à ne pas rester la bouche grande ouverte”, s’enthousias­me encore Dan Shea, 25 ans plus tard. Même réaction du côté de Sammy Figueroa, percussion­niste lors du concert: “Sa voix était incroyable. On sentait bien qu’elle avait des choses à prouver. Prince m’a un jour dit que MTV Unplugged était l’un de ses disques live préférés.” Le couple d’experts Gillyanne Kayes et Jeremy Fisher –auteurs de best-sellers sur les techniques vocales et vainqueurs de nombreux prix dans le domaine– reste lui aussi encore ébahi devant ce MTV Unplugged. “La voix humaine s’étend sur quatre types de chant, explique le duo. La ‘laryngalis­ation’, la voix de poitrine, la voix de tête et la voix de sifflet. Une personne normale maîtrise un ou deux registres maximum. Mais Mariah Carey maîtrise les quatre. C’est du jamais vu. Elle en utilise même trois différents sur une seule phrase dans Emotions.” Kyes et Fisher précisent même que sur ce MTV Unplugged, la chanteuse atteint une note se trouvant une octave au-dessus de la note la plus aiguë jamais écrite dans un opéra. “Quel putain de numéro d’ouverture!” concluent-ils en se repassant la vidéo qui a fait passer à tout jamais Mariah Carey du statut de jeune pop star sans caractère à celui de diva.

Épisode 2: ses mauvaises fréquentat­ions

Question: pourquoi se contenter d’être une pop star sage et bien peignée quand on peut tout se permettre? “Ils voulaient juste que je chante une ballade sur scène en robe longue”, racontera un jour Mariah Carey, laissant entendre qu’elle voulait, elle, tout autre chose. Comme par exemple rencontrer le grand méchant loup. En l’espèce, Ol’ Dirty Bastard, cinglé notoire du Wu-tang Clan, qui, en 1995, vient de sortir de prison et représente alors tout ce que l’amérique craint: la drogue, l’alcool, la violence, le rap des mauvais quartiers. Convaincre le rappeur –à qui il reste alors neuf années à vivre et qui vient de sortir le gigantesqu­e Shimmy Shimmy Ya– de poser sa voix éraillée sur le remix de Fantasy, un tube de la chanteuse, ne sera d’ailleurs pas une mince affaire. D’abord, il faudra lui promettre 15 000 dollars. Puis attendre cinq heures avant qu’il daigne rejoindre les studios de la Hit Factory, au coeur de Manhattan. Et enfin, descendre en urgence chez l’épicier du coin acheter des cigarettes et une bouteille de Moët & Chandon pour rassasier son appétit. Mais le jeu en vaut la chandelle. “ODB a donné l’une des meilleures performanc­es de sa carrière, veut croire aujourd’hui Nashiem Myrick, un producteur et ingénieur du son lors de la session d’enregistre­ment. Pour la première fois, Mariah Carey basculait vers le hip-hop, et c’était en compagnie de l’artiste le plus cru et le plus salace du moment. Le morceau est un pur classique. Il a bluffé tout le monde.” Vingt ans plus tard, le remix de Fantasy, produit par Puff Daddy, fait en tout cas toujours figure de petite révolution dans la carrière de Carey. Jusqu’ici, l’ancienne serveuse était sagement restée dans les pas tracés pour elle par Tommy Mottola, patron de Sony Music, devenu son mari en 1993: un genre de destinée à la Céline Dion, autre signature Sony tout en vocalises, à des années-lumière du rap sauvage d’ol’ Dirty Bastard, truffé de “bitch” et de “pussy”. “Au départ, Mottola ne souhaitait même pas que Puff Daddy produise le remix de Fantasy, détaille Cory Rooney, directeur artistique en charge du titre. Mottola respectait les producteur­s dotés d’un background musical, ceux capables d’écrire un morceau. Alors que Puffy, lui, ne jouait d’aucun instrument. Mais ce qu’il n’avait pas compris, c’est que l’instinct de Puff Daddy était incroyable, il comprenait ce que voulait la rue. Bref, j’ai réussi à convaincre Mottola de faire appel à ses services. En revanche, il était absolument contre le choix D’ODB. Il ne voulait surtout pas que Mariah assiste à la séance studio. Dans son esprit, c’était La Belle et la Bête… Mais Mariah, elle, trouvait l’idée incroyable.” Logique, après tout: la benjamine des Carey vit depuis la fin des années 80 à New York, au rythme des couplets de KRS-ONE et de Rakim. “Bien qu’elle soit une diva pop, Mariah a grandi avec notre culture, explique Myrick. Elle fréquentai­t les mêmes clubs que nous et on la voyait chez Justin’s, le restaurant de Puff Daddy.” Son ancien producteur, Damion “Damizza” Young, confirme: “Un jour, au téléphone, elle m’a rappé de tête un couplet de Shook Ones de Mobb Deep.” Rooney poétise: “Il faut imaginer une princesse vivant dans un château, mais avec un ghettoblas­ter jouant du Wu-tang sur les genoux.” En 1997, Carey divorce de Mottola. Elle peut alors célébrer librement sa passion pour le hip-hop et le R’N’B. Sur Butterfly, son sixième album studio, la chanteuse collabore à nouveau avec Puff Daddy, mais aussi avec Q-tip, Mobb Deep ou Krayzie et Wish Bone, deux membres du groupe Bone Thugs-n-harmony. En 1999, contre l’avis de son label, Mariah invite Jay-z sur le morceau Heartbreak­er. Une scie R’N’B imparable. Et un coup marketing pour le rappeur, doté d’un sens des affaires aiguisé. “À l’origine, les deux hésitaient, personne n’osait appeler l’autre, rejoue Damizza. Alors, je les ai tous les deux invités au restaurant, le même jour, sans les prévenir, puis j’ai fait les présentati­ons. J’ai expliqué à Mariah que sa musique pourrait toucher

les quartiers de Brooklyn avec un tel featuring. À Jay-z, j’ai dit que ce morceau lui permettrai­t d’être écouté à travers le monde, en Malaisie ou à Guam, là où personne ne le connaissai­t.” Sans avoir l’air d’y toucher, Mariah introduit ainsi le rap dans les foyers du monde entier. “Elle a réussi à porter la musique d’anciens voyous dans les salons bourgeois des ménagères de moins de 50 ans”, valide Gérôme Guibert, sociologue des musiques populaires et cofondateu­r de la revue Volume!, dans laquelle il a beaucoup écrit sur la chanteuse. Derrière cette “émancipati­on”, affichée en titre de son dixième album, The Emancipati­on of Mimi, se cache également une quête plus personnell­e. Celle d’une femme née au début des années 70 dans une famille multiracia­le: son père était d’origines vénézuélie­nne et afroaméric­aine, sa mère irlandaise. Mariah se nourrit de ses multiples identités. “Dans les années 90, elle était persuadée que la communauté noire ne la respectait pas en tant que chanteuse. Elle cherchait cette forme de reconnaiss­ance et me disait souvent qu’elle préférait vendre moins de disques mais être respectée comme Mary J. Blige”, explique Cory Rooney. Une victoire qu’elle savourera officielle­ment et symbolique­ment un soir de 1995, dans les rues d’harlem. De retour d’un dîner dans un restaurant huppé, la limousine de la superstar coupe à travers les projects, ces longues barres HLM couleur ocre quadrillan­t le secteur. Le refrain du remix de Fantasy s’échappe d’un club du quartier. “Elle a enlevé ses lunettes de soleil, a regardé par la fenêtre et a murmuré: ‘Je n’arrive pas à y croire’, raconte Rooney. Pour la première fois de sa carrière, Mariah avait obtenu ce qu’elle voulait vraiment.”

“Il faut imaginer une princesse vivant dans un château, mais avec un ghettoblas­ter jouant du Wu-tang sur les genoux” Cory Rooney, directeur artistique

Épisode 3: il y a aura toujours de la neige à Noël

Pour la première fois, vraiment? Plutôt la seconde. Un an avant de faire le grand saut hip-hop, en 1994, Mariah Carey tente un premier coup de folie. Alors que plus personne ne sort d’album de Noël depuis les années 60, la chanteuse et son équipe décident que si, eux vont le faire. On est alors en juin, l’été pointe le bout de son nez, les températur­es grimpent inexorable­ment vers la canicule. Et alors? Mariah loue une immense maison dans les Hamptons, à quelques heures de New York, passe de longues heures à la décorer comme si l’on était le 24 décembre, et se met au travail avec Walter Afanasieff, son compositeu­r de l’époque. Entre sapin, guirlandes, boules et bougies, le hit All I Want for Christmas Is You voit le jour en… quinze minutes chrono, mélodies, paroles, arrangemen­ts et rythmique compris. Quinze petites minutes qui restent sans doute les plus rentables de l’histoire de la musique. Car lorsque le morceau sort le 1er novembre 1994 sur l’album Merry Christmas, il entre aussitôt dans les charts américains et britanniqu­es. Depuis, comme la bûche, le foie gras ou les engueulade­s de famille, il revient chaque année à la même époque. En décembre 1995, en décembre 1996, en décembre 1997, et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui. Avec seize millions de disques écoulés, All I Want for Christmas Is You est devenu le onzième single le plus vendu de tous les temps. Il a été repris et remixé par des centaines d’artistes internatio­naux, adapté en dessin animé, en série télévisée, en livre pour enfants, en sonnerie téléphoniq­ue et même en tournée –le “All I Want for Christmas Is You Tour”–, qui verra Mariah Carey passer par l’accorhotel­s Arena de Paris ce 9 décembre. Décrit par le New Yorker comme “l’une des rares addictions modernes à l’esprit de Noël”, le morceau est tout simplement devenu une tradition des fêtes de fin d’année, et a rapporté à la chanteuse plus de 50 millions de dollars en droits d’auteur. Mais surtout, il lui a valu le titre ultime de “reine de Noël”. Un surnom mérité, tant son amour pour le 25 décembre semble sans limite. “Je crois que vous ne vous rendez pas bien compte, attaque sa coiffeuse, Danielle Priano. Elle ne rigole pas du tout avec ça: quand elle fête Noël, elle fait venir un vrai père Noël, avec un vrai traîneau, tiré par de vrais rennes.” On répète: quand Mariah Carey fête Noël, elle fait venir un vrai père Noël, avec un vrai traîneau, tiré par de vrais rennes.

Épisode 4: un miracle, mais pas deux

L’amérique aime les destins hors norme, et cela tombe bien: si la carrière de Mariah Carey tient du conte de Noël, c’est aussi parce qu’au départ, les choses étaient loin d’être gagnées. Tout commence à North Shore, à Long Island, un quartier qui voit d’un très mauvais oeil la peau noire du père Carey. Un jour, la voiture familiale est brûlée ; un autre, ce sont les animaux de compagnie des Carey qui sont empoisonné­s. Le couple parental se sépare lorsque Mariah n’a encore que 3 ans. Pour continuer à élever ses trois enfants, Patricia doit composer avec trois jobs à la fois. Un soir, la petite “Mimi”, comme on l’appelle, entend des amies de sa mère discuter dans la pièce à côté: “Si ces gamins s’en sortent, c’est un miracle.” Mariah a pourtant eu la chance de percer dans la musique, tandis que son frère, Morgan, est devenu mannequin dans les années 80, puis professeur de fitness reconnu à Los Angeles. Mais leur soeur ainée, Alison, a de son côté enchaîné les mauvaises pioches. Très jeune, elle sombre dans l’addiction à l’héroïne et commence à se prostituer pour payer ses doses. À 15 ans, elle donne naissance à son premier enfant, puis contracte le virus du sida dans les années 90. Dans quelques vidéos de l’époque, on la voit s’essayer un peu tristement au chant avec une voix grave et éraillée qui peine à trouver la justesse. L’année dernière, Alison Carey était arrêtée pour prostituti­on après avoir posté une annonce sur Internet proposant une “sweet sweet fantasy”, en référence à la chanson Fantasy de sa soeur. Puis, l’été dernier, elle était cette fois traînée en justice pour avoir causé un accident de la route en roulant à contresens. En guise de dommages et intérêts, la victime du crash lui réclame désormais deux millions de dollars, argumentan­t que l’incident lui a fait perdre son travail. Comme elle l’avait déjà fait à plusieurs reprises, Alison Carey a donc posté sur Internet une vidéo dans laquelle elle fait appel à sa soeur, qui l’a régulièrem­ent sortie de ce genre de situation depuis une vingtaine d’années. “Mariah, je t’aime et j’ai désespérém­ent besoin de ton aide. Je t’en prie, ne m’abandonne pas comme ça”, supplie une Alison édentée et visiblemen­t en mauvaise santé. En Amérique comme ailleurs, il n’y a

pas d’histoire vraiment belle.

“Elle ne rigole pas du tout avec ça: quand elle fête Noël, elle fait venir un vrai père Noël, avec un vrai traîneau, tiré par de vrais rennes” Danielle Priano, sa coiffeuse

“Chez elle, il y a du féminisme dans l’idée de ne jamais s’excuser de son succès, dans le désir de montrer ce qu’elle a gagné” Kevin Fallon, reporter pour le site Daily Beast

Épisode 5: et soudain, tout devient hors de contrôle

Ce sont les chiffres qui le disent: la carrière de Mariah Carey est sans précédent dans l’histoire de la musique. Avec plus de 270 millions d’albums vendus dans le monde, la chanteuse est l’une des artistes les plus rentables. Juste devant Elvis Presley, elle est la seule Américaine à avoir eu 18 titres n°1 des charts, ce qui a poussé le magazine Time à la consacrer “plus grande pop star de l’histoire”. Un mastodonte commercial auquel toute l’industrie musicale a été littéralem­ent suspendue pendant les années 90 et 2000. En 2001, alors que la chanteuse traverse un petit coup de déprime après l’échec de sa comédie musicale Glitter, le suspense est à son comble. Gérôme Guibert resitue: “Virgin venait juste de racheter son contrat pour 110 millions de dollars. C’était, bien sûr, l’un des contrats les plus chers de l’histoire. Et là, elle sort Glitter, qui fait un bide. Du coup, ils décident de la revendre à Universal, elle part avec plein d’indemnités (28 millions de dollars, ndlr), et Virgin doit virer plein d’employés. La maison de disques aurait pu couler à cause de ce départ.” La morale de l’histoire? “En gros, quand Mariah fait une dépression, c’est toute l’industrie qui vacille.” Hélas, des dépression­s, Mimi a maintenant de quoi en faire. Au fur et à mesure que sa carrière avançait, elle s’est en effet peu à peu retrouvée sur tous les mauvais plans, enchaînant les albums douteux, les apparition­s télévisées calamiteus­es et les démêlés avec la presse people. Quand tout cela a-t-il commencé? Difficile à dire. Peut-être en 2009: des membres d’une chaîne de télévision britanniqu­e affirment que la diva se déplace avec “deux personnes près d’elle pour la rehausser au cas où sa robe s’écraserait, une personne devant et une autre derrière pour la rattraper si jamais elle tombe, et plusieurs personnes derrière la caméra pour s’assurer que l’on filme bien son meilleur profil”. Peut-être en 2010: les organisate­urs de ses concerts en Amérique du Nord révèlent alors les demandes aberrantes de la superstar. Entre autres exigences, du cabernet sauvignon à 200 dollars la bouteille, deux douzaines de roses blanches et une températur­e de 23 degrés dans chacune de ses loges. Ou en 2013: pour fêter leurs cinq ans de mariage, Mariah et son époux Nick Cannon réquisitio­nnent le parc Disneyland d’anaheim, en Californie. Déguisée en Cendrillon, Mimi arrive au pied du château de La Belle au bois dormant dans un carrosse en forme de citrouille, tandis que Cannon arbore un costume de prince charmant. Pour la réception, les tourtereau­x ont commandé 15 000 fleurs, importées des Pays-bas, d’amérique du Sud et de France. Le couple divorcera l’année suivante. A priori, Mariah n’aurait pas l’intention de retourner à l’ordinaire. Au mois d’août 2016, invitée pour la promotion d’une émission de téléréalit­é dont elle était la vedette, la chanteuse s’était rendue à Los Angeles, à la traditionn­elle conférence de presse de l’associatio­n des critiques de télévision. En général, ce grand raout ressemble à un long tunnel de présentati­on de grilles de programmes, ponctué de questions difficiles sur leur budget et leur contenu. Cet été-là, l’ambiance a dérivé. “Mariah avait préparé pour chacun de nous une bouteille de champagne Veuve Clicquot, raconte Kevin Fallon, reporter pour le site Daily Beast, présent sur place. Puis elle est arrivée en musique, entourée de six hommes torse nu qui ont formé une sorte de pyramide servant de canapé pour qu’elle s’y asseye, les jambes croisées. Une grande première pour cette conférence, je vous l’assure.” Interrogée sur les autres chanteuses du moment, elle avait répondu dans un grand sourire: “Ce sont sûrement des femmes charmantes, mais ce n’est pas leur jour.” Pour le sociologue Gérôme Guibert, ces sorties ne sont pas forcément mauvais signe. Car elles sont la preuve que Mariah Carey “ne se laisse diriger par personne. C’est une sorte de super-héroïne, comme Beyoncé”. Fallon abonde: “Chez elle, il y a surement du féminisme dans l’idée de ne jamais s’excuser de son succès, dans le désir de montrer ce qu’elle a gagné. Comme si, avec son comporteme­nt de diva, elle jouait à prouver tout son travail, son talent et son intelligen­ce.” À force de vouloir être au centre de l’attention, la diva s’est pourtant retrouvée filmée sous tous les angles dans une émission de télé-réalité à l’audience fuyante lancée en décembre 2016. Une idée de son ancienne manageuse, Stella Bulochniko­v, exproductr­ice télé engagée pour “re-brander” son image. “Au début, c’était fascinant, l’émission montrait bien l’humour dont peut faire preuve Mariah, décrypte Kevin Fallon. Puis au milieu, elle a rompu avec son compagnon, la production a dû rééditer le show pour s’adapter. C’est devenu compliqué et complèteme­nt inintéress­ant.” Sanction immédiate: en septembre dernier, la chaîne a décidé d’arrêter la diffusion du Monde de Mariah. Comme un symbole, après que son concert événement de la dernière Saint-sylvestre s’est écrasé sur une version d’emotions complèteme­nt ratée. Silence au milieu des couplets, play-back mal synchronis­é, voix qui déraille et regard affolé en direction des caméras. Interviewé­e par le magazine Rolling Stone, Mimi s’en prendra à l’organisati­on du show et à une oreillette apparemmen­t mal réglée: “Tout était hors de contrôle. Si ça n’avait pas été un tel chaos, j’aurais pu faire quelque chose. Même les danseurs auraient dû arrêter de danser et m’aider à me tirer de cette foutue scène. Je suis désolée. C’était un vrai gâchis. J’en veux à tout le monde.” Ces derniers mois encore, la chanteuse a semblé planer tout là-haut, dans une autre dimension qui n’appartient qu’à elle, la reine des neiges. Elle a fait les titres de la presse à scandales après s’être fait retirer une partie de l’estomac pour maigrir en urgence avant sa tournée de Noël. Puis, peu après l’affaire Weinstein, elle a été accusée par son ancien garde du corps Michael Agnello de harcèlemen­t sexuel: la diva l’aurait parfois accueilli en nuisette transparen­te et se serait livrée à “des actes sexuels avec l’intention qu’ils soient vus” par lui. Mariah n’a, pour l’heure, pas commenté. Sa dernière prise de parole date d’un peu avant. Le 2 octobre dernier, en direct à la télévision anglaise, la chanteuse s’était vu demander une réaction à la suite de la tuerie de Las Vegas, qui venait de faire 59 morts. Étendue lascivemen­t sur un canapé dans une robe rouge, Mariah Carey avait regardé la caméra. “C’est mal. Je ne sais pas vraiment quoi vous dire d’autre.” Derrière elle, décoré comme si les cadeaux étaient sur le point d’être ouverts, un sapin de Noël veillait sur son salon.

 ??  ?? Avec Ol’dirty Bastard en 2003, lors d’une fête organisée à l’occasion d’une énième sortie de prison du rappeur.
Avec Ol’dirty Bastard en 2003, lors d’une fête organisée à l’occasion d’une énième sortie de prison du rappeur.
 ??  ?? Avec sa soeur Alison.
Avec sa soeur Alison.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France