Society (France)

Stop aux toilettes payantes

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Vingt-six ans vous séparent de votre dernier racket. C’était au collège Jacquespré­vert et vous aviez dû vous débarrasse­r d’un Walkman auto-reverse. Aujourd’hui, dans les toilettes de cette gare SNCF, vous avez dit adieu à 1,50 euro en échange du droit d’y exercer une fonction vitale sans craindre d’attraper une horrible maladie. Une rapide règle de trois vous informe que, ramené à la minute, ce tarif dépasse de loin celui d’une heure de massage ayurvédiqu­e ou d’une soirée à l’opéra. Si encore la douleur de cette dérive mercantile était apaisée par une quelconque valeur ajoutée (lectures de qualité, jets d’eau chaude, isolation sonore) ou autres opérations commercial­es basiques (soldes bisannuell­es, cartes de fidélité)… Mais non. Vous voici assis(e) sur votre trône de frustratio­n avec vos yeux pour pleurer et un peu de papier pour vous moucher. Car enfin, qu’est-ce que les toilettes payantes, sinon une nouvelle façon de prendre nos vessies pour des trucs encore plus chers que des lanternes? Quitte à rendre les déjections payantes, est-ce qu’on ne commencera­it pas par établir un droit d’entrée sur Twitter? Peut-on parler du stress lié à l’obligation de résultat, avec les risques de blocage et autres occlusions que cela comporte? Et enfin, est-ce qu’on peut payer en bitpetitco­ins? Organismes vivants, organismes vivantes, unissons-nous et, ensemble, tirons la chasse sur ces cloaques du capitalism­e.

NOS PROPOSITIO­NS

À l’instar du célèbre couchsurfi­ng, qui met à dispositio­n des canapés pour passer la nuit chez des hôtes altruistes, création de Goguessurf­ing.fr, un site web participat­if qui proposera, en temps réel, une carte des toilettes privées disponible­s chez des particulie­rs car “Je suis ton pote, j’ouvre mes chiottes!”

Création d’un mouvement de révolte massive consistant à justifier du prix du nettoyage en souillant abondammen­t les toilettes à chaque passage, et porté par le hashtag rassembleu­r #Pipidebout.

Grande campagne d’affichage pour inciter les toilettes payantes à ne plus utiliser ce service honteuseme­nt payant, en martelant un slogan fort: “La gratuité? J’y tiens, je me retiens!”

Pour frapper au portefeuil­le ces usines à profit déguisées, distributi­on de couches pour adultes et dispositio­ns de “pots de chambres citoyens” dans des endroits clés des grandes villes.

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