Les voyeurs du tribunal

Ils ne sont ni accusés, ni victimes, ni parties civiles, encore moins membres du personnel de justice. Mais ils sont là à chaque procès, sagement assis derrière les familles et les journalistes. Qui sont ces hommes et ces femmes dont le hobby consiste à v

Ils passent leur vie à assister à des procès. Mais ne sont ni accusés, ni avocats, ni proches des victimes. Ils sont juste là parce qu’ils aiment ça. Mais pourquoi, au fait?

Les sales affaires aussi, ça vole en escadrille. La première moitié de l’année 2017, c’étaient les “bébés secoués”, dit Pierrette. “Chaque semaine, il y avait un procès de ce genre au tribunal d’orléans. Au correctionnel, c’étaient des petits un peu amochés, mais aux assises, on était face à des légumes.” Elle a encore à l’esprit ce père de jumelles d’un peu plus d’un mois. Un soir, alors que la mère est encore au travail, il se retrouve seul avec les deux filles. L’une d’elles n’arrête pas de pleurer. Ne parvenant pas à la calmer, il la saisit et la secoue violemment. Après quelques secondes, le bébé ne réagit plus. Inerte. L’homme panique, appelle les secours, qui emmènent l’enfant aux urgences. Pendant ce temps, il reste à la maison avec son autre fille, angoissé. Mais voilà qu’elle se met à pleurer à son tour. Même réaction, mêmes conséquences. Le bébé est secoué et finit dans le même état que sa soeur. “Le père découvrait durant son procès comment ses filles avaient fini. Les deux petites étaient des légumes, continue Pierrette. Nous, on ne bronche pas quand on voit cela. Mais ça vous marque, ce genre de moment.” Pourtant, il n’existe aucun lien entre cette “fichue affaire” et Pierrette. Elle ne fait partie ni des parties civiles ni de la famille des accusés, n’est ni avocate ni magistrate, ne travaille pas au parquet. Non, Pierrette n’est là que pour le plaisir. Elle fait partie de ces “rats de palais”, comme on les appelle, qui traînent dans les couloirs des tribunaux et assistent aux procès. “Peu importe le larcin ou la durée, dit-elle. J’y serai. Je suis une acharnée.”