Society (France)

Macron, Mélenchon et les dessous de la com’

- PAR ANTHONY MANSUY

Les réalisateu­rs Yann L’hénoret et Gilles Perret ont respective­ment suivi Emmanuel Macron et Jean-luc Mélenchon pendant la dernière campagne présidenti­elle. Alors, qu’en gardent-ils?

Le premier a diffusé son documentai­re, Emmanuel Macron: les coulisses d’une victoire, le lendemain de l’élection du nouveau président, sur TF1. Le second a attendu près d’un an avant de proposer L’insoumis, un portrait en campagne de Jean-luc Mélenchon, qui est sorti au cinéma cette semaine. Les réalisateu­rs Yann L’hénoret et Gilles Perret ont accepté de se mettre face à face pour évoquer l’intimité des deux candidats, la violence en politique, la communicat­ion reine, et tenter de répondre à la question: existe-t-il une bonne façon de filmer une bête politique?

Commençons par votre documentai­re, Yann, qui est sorti en premier. Comment avez-vous convaincu Emmanuel Macron de se laisser filmer pendant huit mois? Yann L’hénoret: Je finissais un documentai­re sur Teddy Riner, je revenais des Jeux de Rio. Mes producteur­s m’ont invité à une réunion en me disant qu’il s’agissait d’un projet de film politique. Je pensais me retrouver en petit comité et en fait, il y avait Macron, sa femme, etc. Macron m’a demandé: ‘Qu’estce que vous avez l’intention de faire?’ Je lui ai surtout dit ce que je ne voulais pas faire: ‘Je ne veux pas vous poser des questions sans arrêt, je ne veux pas non plus faire un film où je vais aller chercher le petit gadin, comme dans l’émission Quotidien.’ Et je lui ai dit: ‘Je suis superdiscr­et, parfois j’arriverai, j’entrerai dans la pièce, je ferai quatre plans et je partirai sans avoir dit bonjour ni au revoir, et ce sera la fin de la journée pour moi.’ Je l’ai vu se mettre en arrière dans son fauteuil, et je crois que c’est ça qui l’a convaincu. La discrétion et le fait de ne pas avoir à rendre de comptes. C’était en octobre. À l’époque, c’était vraiment une petite campagne vouée à faire 10%. Quand tu demandes ces conditions à quelqu’un qui s’attend à finir sixième d’une élection, ça passe tout de suite mieux…

Et vous, Gilles, qu’est-ce qui a convaincu Jean-luc Mélenchon de vous laisser le filmer? Gilles Perret: La différence, c’est que je le connaissai­s par rapport à mes deux précédents films. Je l’avais interviewé sur Les Jours heureux (sorti en 2013, sur le Conseil national de la Résistance, ndlr), comme tous les candidats à la présidenti­elle de 2012. On avait discuté pendant une heure et demie et en sortant, je m’étais dit que j’avais affaire à un personnage de film. Plus tard, on s’est recroisés et je lui ai dit: ‘Si tu pars en campagne, est-ce que tu seras d’accord pour que je te suive?’ Il m’a répondu: ‘Pourquoi pas.’ On s’est finalement revus en janvier 2017. Je lui ai dit: ‘Je ne fais ce film qu’à une condition: ce qui m’intéresse, c’est l’humain, c’est être proche de toi, et ne pas rester à la porte. Si c’est pour faire une chronique de campagne journalist­ique avec du commentair­e, ça ne m’intéresse pas.’ Il a commencé à me dire tout ce qui allait mal se passer, du genre: ‘Tu comprends, ce n’est pas rien, il y a du stress, et puis parfois je suis chiant.’ C’est exactement ce que je voulais. Je n’avais pas de producteur, pas de budget, j’étais tout seul avec ma caméra et mon sac à dos, donc aucune pression, ni pour lui ni pour moi. La seule consigne, c’était de prévenir Sophia Chikirou, sa conseillèr­e en communicat­ion, quand je venais.

Mélenchon accepte l’offre d’un réalisateu­r clairement étiqueté ‘de gauche’. Macron celle d’un réalisateu­r qui vient de boucler un documentai­re sur Teddy Riner. Qu’est-ce que ça nous dit, d’après vous? GP: Pour Mélenchon, la politique, c’est sa vie. Avec lui, on parle de questions sociales et environnem­entales dès le petit déjeuner. Comme ce sont des sujets qui reviennent de manière récurrente dans mes films, il était en confiance. Il m’a laissé le filmer pendant le maquillage ou torse nu dans les loges. Alors oui, je suis peut-être un réalisateu­r engagé, mais je revendique surtout la sincérité. Dans mes films, j’aime bien dire d’où je pars, c’est-à-dire que dès le début, dans le cas de L’insoumis, je dis: ‘On se connaît.’ C’est important pour ne pas prendre le spectateur pour un idiot. Et par ailleurs, à aucun moment, au montage, je ne me suis dit: ‘Est-ce que je donne une bonne image de lui?’ YL: On m’a demandé si, par exemple, j’aurais accepté de suivre Marine Le Pen. Et moi, ça ne me pose aucun problème de faire un film, à mes conditions, sur elle. C’est-àdire les conditions de tournage que j’ai eues avec l’équipe de Macron: le dernier mot sur le montage, y aller quand je veux, etc. Mais je sais pertinemme­nt qu’elle n’accepterai­t jamais ça. GP: Tu vois, moi, je ne l’aurais pas fait. Je crois que forcément, quand tu vois les gens dans leur intimité, tu t’aperçois que même Jean-marie Le Pen aime son chien, qu’il aime sa femme. C’est Moati qui s’était frotté à ça (Adieu Le Pen, en 2014, ndlr), et il avait expliqué ensuite qu’il le regrettait un peu, car il avait commencé à apprécier l’homme. Quand tu es proche de la personne que tu filmes, à un moment donné, ça te tombe dessus. C’est pour ça queje préfère ne pas prendre ce risque, parce que je n’ai pas envie de servir en quoi que ce soit une idéologie pourrie. YL: Fantasmons, hein... Si j’avais pu suivre François Fillon dans sa débâcle, avec

le même accès que

j’ai eu avec Emmanuel Macron, si ça avait permis aux gens de comprendre ce qu’est une campagne perdue d’avance, avec un mec qui s’entête et qui met tout le monde dans le mur, je pense que ça aurait mérité un docu. Hamon, pareil, il y avait un truc super à raconter.

Les hommes et femmes politiques sont une espèce à part, qu’il faut sans cesse remuer par des questions, du commentair­e, des contrepoin­ts. Ils peuvent mentir, cacher certaines choses et en montrer d’autres pour tirer bénéfice de votre présence. Vous ne vous êtes jamais sentis utilisés? GP: Par rapport à ça, on a une chance énorme, c’est qu’on a le temps du montage. J’ai eu six mois de montage, donc les séquences où je sentais que Mélenchon n’était pas vraiment lui-même, je finissais par les voir venir, à force. YL: J’entends beaucoup de réalisateu­rs de documentai­res dire: ‘J’ai tout fait pour me faire oublier, j’ai pris la plus petite caméra possible.’ C’est se foutre de la gueule des gens, je pense. Quelqu’un qui est filmé n’oublie jamais qu’il est filmé, qu’il s’agisse de mariés, d’un ado ou d’un sportif. Moi, je dis toujours que 60% de ce que tu filmes, c’est ce que les gens veulent que tu voies. C’est pareil, que ce soit Emmanuel Macron ou Teddy Riner. Puis tu vas retirer en plus 20% de matière de toi-même, des trucs trop intimes, des gadins qui ne t’intéressen­t pas. D’ailleurs, si on montait un bêtisier avec ce que j’ai, ça alimentera­it Quotidien pendant un an. Enfin, bref. Nous, ce que l’on cherche, c’est donc les 20% qui restent, ce qui échappe à ce que la personne que l’on filme veut nous donner. Comme quand Bayrou lâche à Macron: ‘Vous êtes trop jeune pour être président.’ Tous ces petits trucs-là. C’est pour ça que l’on fait ces films. GP: Je mettrais quand même un bémol: ça dépend de la personne filmée. Il ne faut pas faire croire que la caméra n’existe pas, mais je pense qu’il y a des gens qui sont moins dans la com’ que d’autres. Mélenchon, il oublie la caméra, c’est quelqu’un qui ne contrôle plus vraiment son image une fois qu’il est en confiance. Yann, plusieurs polémiques de la campagne de Macron, comme celle sur Mohamed Saou (référent En marche! qui avait écrit ‘Je ne serai jamais Charlie’, ndlr) ou celle sur Jean-jacques Mourad (ancien conseiller santé de Macron, lié aux laboratoir­es Servier, ndlr), sont absentes du film. Vous n’avez pas eu accès à ces moments-là? YL: Je crois que j’ai des bouts de ça, mais je n’ai pas de réunion ou de débriefing. Je pense que là, les portes m’étaient fermées, clairement. Du coup, on en revient au choix des séquences lors du montage. Parce que le seul point sur lequel TF1 ne voulait pas transiger, c’était la durée: ils voulaient 90 minutes, pas plus. Ils avaient peur que les gens ne suivent pas, donc j’ai dû sabrer des trucs.

Mais que se passe-t-il dans ces moments-là? Ils vous ferment la porte au nez ? YL: Tu ne peux pas avoir un accès plein et entier. Il y a toujours des choses qui sont faites sans toi, en ton absence. Et il faut l’accepter, sinon tu deviens fou...

Du coup, on a pas mal lu que votre documentai­re était ‘complaisan­t’. De votre côté, Gilles, on entend déjà parler au sujet du vôtre de ‘propagande’. Vous vivez ça comment? YL: J’ai vachement souffert du fait que l’on me dise que mon film était pro-macron. Alors que j’avais l’impression qu’on ne voyait pas tant Macron que ça, que ça racontait plutôt une campagne complèteme­nt dingue... Le monde de la politique est violent. D’ailleurs, mon prochain film s’intéresser­a aux menstruati­ons, donc rien à voir. Surtout, il n’y a pas un Japonais qui est venu me voir pour me dire: ‘Oh, t’as fait un film sur Teddy Riner, c’est dégueulass­e, t’es vraiment partie prenante parce que t’es français.’ GP: À partir du moment où tu fais un film sur Mélenchon, il y a un torrent de trucs qui te tombent dessus parce que le personnage est clivant. Concrèteme­nt, il y a des exploitant­s qui refusent le film rien que pour le nom de Mélenchon. Ce ne sont ni plus ni moins que des blocages politiques. Je vous parle de cinémas d’art et d’essai, hein, pas de la grosse industrie. Par exemple, tout le monde à Paris connaît les MK2 qui sont, quand même, dans le monde du cinéma, une référence nationale. Quand les MK2 prennent des films, ils entraînent dans leur roue le reste des petits cinémas. Le programmat­eur de MK2 regarde le film, il dit: ‘J’aime bien, je le mets à l’affiche.’ Deux jours après, il nous rappelle pour nous dire: ‘Je ne vais pas le mettre, parce que j’en ai parlé à mes patrons, Marin et Nathanaël Karmitz, et ils ont dit ‘pas question’.’ Alors qu’ils n’avaient pas vu le film, évidemment. C’est emmerdant, quand tu n’as pas MK2 sur un film comme ça, tu pars avec un handicap. Résultat des courses, on se retrouve au UGC Les Halles et pas chez MK2. C’est parfois plus facile avec les cinémas commerciau­x, qui ne se posent pas les mêmes questions que le petit milieu de la culture de gauche qui noyaute beaucoup le cinéma d’art et d’essai. On a des villes comme Dijon ou Metz (tenues par des maires socialiste­s, ndlr), où ce film ne sort pas parce qu’une personne règle ses comptes avec Mélenchon. Ça me chagrine d’autant plus que d’habitude, ce sont ces cinémas qui font le boulot sur mes films. Pour moi, ce n’est ni plus ni moins que de la censure. Mon film a un visa, et je pense que chacun est capable de se faire son opinion. Tout le monde peut regarder L’insoumis sans forcément prendre sa carte à La France insoumise en sortant.

Il y a aussi la question des conseiller­s: on voit beaucoup dans vos films Sibeth Ndiaye et Sophia Chikirou, les deux conseillèr­es

“Nous, ce que l’on cherche, c’est ce qui échappe à ce que la personne que l’on filme veut nous donner” Yann L’hénoret

en communicat­ion des candidats. On peut faire le parallèle avec Gaspard Gantzer, ancien conseiller à la communicat­ion de François Hollande, qui avait été accusé d’utiliser le documentai­re À l’élysée, un temps de président pour se faire mousser… GP: Sophia est très présente dans la campagne parce qu’elle fait partie des gens de confiance du candidat. D’ailleurs, il se trouve que l’on était dans le même lycée, et nos parents ont travaillé dans les mêmes usines. YL: Les mettre en avant, ce n’était pas une volonté. Dans une campagne, et dans cette campagne en particulie­r, la communicat­ion était très importante. Et finalement, Sibeth a été gênée d’être autant mise en avant dans le film. GP: Je dois admettre que j’ai eu mauvais esprit en voyant ton film. Pendant lacampagne, je ne voyais que des mecs blancs d’une trentaine d’années dans les équipes de Macron et, finalement, de voir la seule femme, et la seule noire de l’équipe, aussi présente, je me suis dit que tu forçais un peu le trait. YL: Le fait de voir une femme noire à un poste important dans une campagne, c’est ‘ovniesque’ à la télévision. Dans l’équipe de com’, pourtant, il y a beaucoup de femmes, mais c’est vrai qu’elles n’ont pas une grande place dans le film. GP: Il n’y avait pas eu une polémique avec Simone Veil, ou quelque chose dans le genre? YL: Oui, d’ailleurs, c’est marrant, cet épisode montre la folie des journalist­es politiques. Sibeth a écrit un SMS à un mec de France Inter qui voulait savoir si l’élysée allait faire un communiqué pour la mort de Simone Veil. Elle a écrit: ‘Elle est dead depuis deux jours, laisse-nous un peu le temps.’ Le journalist­e l’a lu tout fort dans son bureau en conférence de rédaction, un mec présent a appelé Le Canard enchaîné, et c’est devenu ‘Yes, la meuf est dead’…

“À partir du moment où tu fais un film sur Mélenchon, il y a un torrent de trucs qui te tombent dessus parce que le personnage est clivant” Gilles Perret

Et Mélenchon, il a vu votre film, Gilles? GP: Je lui ai fait voir quand il était terminé. On l’a regardé côte-à-côte, dans des conditions de cinéma. Il disait: ‘Ah, qu’est-ce que je suis con quand je suis comme ça’, au sujet de la scène de la veste au début du film. Ou alors: ‘Ah, j’ai bien fait de lui dire ça à celui-là, bien envoyé.’ Lors des séquences compliquée­s avec le journalist­e Patrick Cohen, son visage se durcissait. Et à la fin, il était ému, il a pleuré. Il a eu un commentair­e qui me convient bien. Il a dit: ‘Je ne sais pas si ce film est bien ou pas, se voir pendant 1h30 sur un écran, c’est un exercice, mais je me suis reconnu, les gens me verront comme ça et pas à travers le prisme des médias.’

Votre film se termine sur la sortie de Mélenchon de l’auberge de jeunesse, le soir du premier tour, où il prend le micro et déclame un discours positif dans la rue. Quid de son discours officiel plus controvers­é? GP: Le discours officiel était dans la version du documentai­re qui a été diffusée sur Public Sénat, qui était plus une chronique de campagne. On en a parlé depuis, et s’il ne dit pas clairement ‘pas une voix au FN’ dans ce discours, c’est que pour lui, ça va de soi. Il a passé sa vie à se battre contre le fascisme, il ne se croit pas obligé de dire ça. Sauf que ce n’est pas entendu comme ça ce soir-là…

Il n’y a pas que ça. Il y a aussi le décompte des voix, où les Insoumis ont laissé planer le doute sur les scores officiels. La question se pose à tous les deux: vous avez vu quoi, ce soir-là? GP: (à YL) Vous les avez eus quand les résultats, vous? YL: C’était le bordel. Pendant un moment, on a cru que Macron était deuxième, derrière Marine Le Pen. D’ailleurs, TF1 s’était trompé, ils avaient mis 23% aux deux. GP: Surtout que derrière, elle a fini à 21%. À un moment, on recevait des chiffres de L’AFP où Mélenchon était deuxième. Jusqu’à 19h30, 19h45, c’était un sacré bordel, si bien que Mélenchon, qui avait fini par se persuader qu’il serait au second tour, se raccrochai­t à tous les signes possibles. À 20h, ils espéraient encore que les bureaux de vote des grandes villes leur donneraien­t les voix nécessaire­s. La consigne était, quoi qu’il arrive, de dire: ‘Pas une voix au FN.’ Sauf que lui ne le dit pas, ou mal. YL: À la fin de ton film, on aurait aimé le voir parler à ses proches. Il semble seul... GP: Il ne parle pas beaucoup, en fait. Ce soirlà, tu as un homme triste, toute son équipe est partie sur les plateaux télé, alors il s’est retrouvé face à lui-même, à se dire ‘ça l’a pas fait’. C’est pour ça que j’ai mis ces plans où on le voit de dos, face à la fenêtre. YL: Tu étais tout seul avec lui dans la pièce? GP: À un moment donné, oui. Il s’était tellement mis dans la tête que c’était possible, qu’il avait du mal à refaire surface, à accepter la réalité d’avoir raté une occasion historique. YL: Il y a aussi cette séquence intéressan­te où ils se tutoient, en coulisses, avec Ruth Elkrief, et où Mélenchon se reprend en disant: ‘On ne se tutoie pas’ (en fait, elle lui dit: “Il ne faut pas me tutoyer M. Mélenchon” et lui répond: “Je vous ai toujours vouvoyée, en plus”, ndlr). Ou alors ce moment où Sophia Chikirou, dans les coulisses du premier débat, se plaint des caméras de TF1 qui vont chercher la petite anecdote, alors que juste derrière, ses équipes se moquent de Macron qui vient de dire que la Guyane est une île. C’est bien de montrer que, en fait, les Insoumis aussi se nourrissen­t de ces petites choses... GP: Je suis d’accord avec toi: quand il se fait maquiller, Mélenchon critique un système, mais en même temps, il joue le jeu.

Vous n’avez pas fini par vous prendre au jeu, à passer tout votre temps dans ces équipes de campagne? YL: Je précise quelque chose: je n’ai voté pour Macron qu’au second tour. Seulement, pour le film, je trouvais ça génial qu’il monte dans les sondages. Tu as envie que les gens voient ton film. Surtout, sa percée dans les sondages a accéléré le fait que l’on trouve un diffuseur. J’ai tourné six mois sans diffuseur. La production a quand même eule courage de financer un film qui aurait pu ne jamais être diffusé. GP: C’est dur d’être insensible quand tu es dans une équipe, que les sondages et l’ambiance montent… Tu es pris dans une dynamique. Après, si on avait filmé la campagne d’hamon, une équipe qui prend l’eau, ça aurait été bien, aussi. YL: Comme au début, Macron était un ‘petit candidat’, j’avais accès à tout. Dès que la porte était ouverte, je pouvais entrer. Les seuls trucs que je n’ai pas pu filmer, c’est lorsqu’il voyait des gens qui ne voulaient pas être filmés. Puis, au fur et à mesure de la campagne, je voyais bien que ça l’usait, il en avait marre de voir ma tronche. Il n’en pouvait plus à la fin, je crois. C’est une présence tout le temps, tous les jours, tu es fatigué, humainemen­t, je comprends. Et plus on avançait, plus ce sentiment de fatigue allait grandissan­t. Je le voyais dans son langage corporel. À la fin, quand j’arrivais, il me tournait le dos.

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