Society (France)

Kendrick Lamar

- PAR RAPHAEL MALKIN, À COMPTON / PHOTOS: RENAUD BOUCHEZ POUR

Il est le musicien le plus important du moment. Sans doute parce qu’il est le plus politique. Alors qu’il s’apprête à remplir deux Bercy, voici la grande histoire du gamin de Compton racontée par ses proches, dont Show Gudda (photo).

Les 25 et 26 février prochains, il remplira Bercy, et sans forcer. À tout juste 30 ans, Kendrick Lamar s’est imposé comme le musicien américain le plus important du moment. Loin des dérives people d’autres stars, loin des pages faits divers aussi. Entre éthique du travail sans faille et engagement politique sans pause. Ceux qui l’ont vu grandir à Compton, sa ville de toujours et pour toujours, racontent son ascension de l’intérieur.

La sortie récente au cinéma de Black Panther est historique, en tout cas de points de vue symbolique et politique: voilà que pour la première fois, Hollywood met à l’honneur un super-héros noir. Et, presque logiquemen­t, c’est à Kendrick Lamar qu’a été confiée la charge de penser la bande originale du blockbuste­r. Le rappeur remplit les deux cases du projet Black Panther : il est aujourd’hui l’une des figures les plus puissantes du divertisse­ment mondial, en même temps qu’une voix politique importante. En vérité, Kendrick Lamar est un homme de tout. Il est ce champion de la Great Black Music capable d’infuser son rap de soul, de jazz et de funk ; un collection­neur de Grammys à la pelle parmi lesquels, dernier en date, celui du meilleur album rap de l’année pour DAMN ; un complice de Rihanna, Bono et de toutes les autres têtes couronnées de la pop internatio­nale ; et aussi un citoyen qui n’a jamais laissé tomber le sens au profit de l’attitude, toujours prompt à dénoncer les mauvaises manières de la police ou la fatalité de la culture de la canaille. Qui d’autre que lui peut se targuer d’avoir reçu un 4 juillet les honneurs d’un président des États-unis? C’était en 2016, et Barack Obama recevait le rappeur à Washington avec les égards d’un grand de ce monde. Choc énorme: un petit gars de Compton à la Maison-blanche. Compton, oui. C’est làbas, en Californie, à très précisémen­t 17,5 miles et 50 minutes de voiture d’hollywood, que se trouve la terre de Kendrick Lamar. Il y est né le 17 juin 1987. Alors, comme aujourd’hui, Compton est cette ville de palmiers fanés aux pieds desquels court un enchevêtre­ment de restaurant­s rapides où l’on sert du poulet, de supérettes aux paliers jonchés de bouteilles vides et de petits pavillons sans charme. Une ville où le père du rappeur, Kenneth Duckworth Senior, a atterri un jour après que sa tête a été mise à prix par des méchants de Chicago. Un faubourg noir considéré comme le royaume des gangs –les fameux Crips et Bloods– mais où trône aussi un genre de Mont Rushmore du rap west coast: King Tee, NWA, Eazy-e, Ice Cube, MC Eiht, DJ Quik, Dr. Dre… Pas un hasard. Il y a dans les quatre albums de Kendrick Lamar toutes les tensions et les émotions qui parcourent Compton Boulevard et Rosecrans Avenue. Alors que le rappeur s’apprête à remplir deux Bercy d’affilée, ce sont ces tensions, et ces émotions, que racontent à Society tant ses proches de toujours, compagnons de quartier ou de studio, que les officiels de la ville, politiques, professeur­s et mêmes policiers. Comment Kendrick Lamar, petit enfant sage qui a grandi dans un bain de folie, a-t-il fait pour devenir à 30 ans la personnali­té la plus forte de sa génération? Lisez-ceci.

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