Society (France)

Show Gudda 32 ans

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Membre du gang Campanella Pirus Habite Corlett Avenue, une voie qui donne sur la fameuse Rosecrans Avenue maintes fois racontée par Kendrick Lamar dans ses albums. Show Gudda est l’un des premiers mentors du rappeur.

“Mon cousin Lil Yogi traînait toujours avec ce petit mec dont on se moquait parce qu’il avait de grandes oreilles, comme une souris de dessin animé. C’était Kendrick. Il rappait tout le temps. Une machine. Quand on braquait, il rappait. Quand on tirait, il rappait. Quand on allait en prison, il rappait. Parfois, on organisait des battles devant mon garage. Les gens enchaînaie­nt les freestyles et Kendrick, lui, restait dans son coin, capuche sur la tête, sans rien dire, en attendant son tour. Et quand son tour arrivait, il enlevait sa capuche et broyait tout le monde. On se demandait comment tout ça pouvait sortir d’un si petit corps, de quelqu’un qui, le reste du temps, avait l’air si calme. Tout ça pour dire que Kendrick a toujours donné l’impression de vouloir découvrir autre chose, et de voir plus loin que Compton. Pendant longtemps, les Bloods et les Crips de Compton ont été ennemis. Si mes gars et moi croisions des Crips, il y avait des chances pour qu’une bagarre éclate, ou pire, que des coups de feu soient tirés. Mais quand on lève la tête, on se rend compte d’une chose: que l’on porte du rouge (la couleur des Bloods, ndlr) ou du bleu (la couleur des Crips, ndlr), on est tous Noirs. On se fait du mal à nous-mêmes et Kendrick a été l’un des premiers à le faire remarquer haut et fort. Pour lui qui est neutre, l’idée a toujours été d’être unis. Cela n’a pas l’air de grand-chose, mais la violence entre gangs est tellement importante à Compton que ce qu’il a dit et matérialis­é dans le clip de King Kunta (tiré de l’album To Pimp a Butterfly, en 2015, ndlr), qui réunit des Bloods et des Crips, est symbolique à bien des égards. Sur le tournage de ce clip, je me suis retrouvé à danser avec des Crips. Et j’ai commencé à voir les choses différemme­nt dans ma vie. Je me suis dit qu’il fallait que je sois positif, que je me débarrasse du costume qui m’avait corseté jusque-là. Kendrick m’a montré qu’il était important de se réaliser par soi-même. Je ne suis pas obligé de n’être qu’un Bloods.”

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