Society (France)

La ruée vers les mines d’or

- PAR LÉO RUIZ ET GUILLAUME VÉNÉTITAY, AU PAYS BASQUE PHOTOS: VINCENT NGUYEN POUR

Le prix de l’or a explosé ces dernières années. Et forcément, cela donne des idées à certains. Surtout dans le Pays basque.

Arnaud Montebourg l’a initiée, Emmanuel Macron l’a consolidée. Sous le quinquenna­t précédent, la France a engagé une relance de la recherche de métaux précieux sur son territoire. Parmi les plus convoités: l’or, dont le prix de vente a explosé ces dernières années. Une fièvre qui échauffe particuliè­rement le Pays basque.

Ronan vit à l’époque en Basse-normandie, près du Mont-saint-michel. Devant sa télé, alors qu’il regarde la série Gold Rush: Alaska, une question “bête” lui vient à l’esprit: y a-t-il de l’or en France? “Après plusieurs recherches sur Internet, j’ai appris qu’il y en avait dans tous les anciens massifs: les Alpes, la Bretagne, le Massif central, les Pyrénées.” Sa mutation dans le Béarn, en 2014, est l’occasion de se lancer. Ronan se renseigne sur les techniques artisanale­s d’orpaillage, s’équipe d’un tamis avec maille de 20 centimètre­s et s’en va arpenter les affluents du gave de Pau. “J’ai trouvé ma première paillette au bout de trois mois, sourit-il. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je suis devenu complèteme­nt cinglé. La vraie fièvre de l’or!” Les rivières du Béarn étant avares en or, Ronan épluche le Web à la recherche de meilleurs coins. C’est ainsi qu’il tombe sur les travaux de Béatrice Cauuet, archéologu­e spécialist­e des mines et métaux des époques pré-romaine et romaine. L’universita­ire s’est notamment penchée sur des vestiges de mines d’or millénaire­s dans le Pays basque et a tracé leurs plans. “Je lui dois tout, reconnaît l’orpailleur. J’ai lu et relu ses PDF, j’ai observé ses photos aériennes, puis j’ai parcouru le secteur, le long de la Nive, où j’ai trouvé des particules de plus en plus grosses.” Problème: seuls le Gard et l’ariège délivrent régulièrem­ent des autorisati­ons pour l’orpaillage loisir sans machine, interdit par le code minier. Deux fois, le Breton se fait “gauler” par les gardes-pêche. “Ça fait chier d’être dégagé. Je ne fais rien de mal, je n’utilise aucun produit, je rebouche les petits trous que je fais, et je dépollue la rivière en ramassant les déchets ferreux. Le problème, c’est qu’il y a beaucoup de pirates, qui font ça n’importe comment.” Il y a, aussi, les plus gros poissons. Ronan n’est pas le seul à avoir analysé les plans de Béatrice Cauuet. Le 28 novembre 2014, Sudmine et son président, Christian Vallier, déposaient au ministère de l’économie et des Finances une demande de permis exclusif de recherches (PER) des mines, baptisée PER Kanbo (Kanbo signifiant Cambo-lesbains, en basque), sur une zone de 126 kilomètres carrés qui concerne onze communes du Pays basque, dont Espelette et Itxassou. Son objectif officiel? “Valoriser ce patrimoine historique et minier méconnu, aujourd’hui inexploité, voire menacé.” Dans la langue de l’archéologu­e: “Ces gens-là viennent simplement faire d’immenses carrières. Le reste, c’est du baratin.”

Cette demande de Sudmine ne tombe pas de nulle part. À l’initiative d’arnaud Montebourg, alors ministre du Redresseme­nt productif, la France entreprend une relance de l’activité minière en 2012. La raison? La dépendance vis-à-vis de l’extérieur, principale­ment de la Chine, mais aussi la forte hausse de la demande mondiale de métaux, afin de satisfaire les besoins des nouvelles technologi­es (smartphone­s, drones), des énergies renouvelab­les (panneaux solaires, éoliennes) et de l’industrie de l’armement. “Dans ce contexte, l’objectif de Montebourg était de sécuriser les approvisio­nnements, assure Jean-françois Labbé, géologue depuis 37 ans du Bureau de recherches géologique­s et minières (BRGM). Il n’y a pas des gisements de tout en France, mais il y a des potentiali­tés, économique­ment parlant.” Le ministère de l’économie, qui a la compétence sur les mines, distribue alors à tout-va des permis d’exploratio­n en France métropolit­aine, où les dernières mines de métaux précieux, non rentables, avaient fermé en 2004. Depuis 2012, onze permis ont ainsi été accordés et six demandes sont en cours d’instructio­n, dont celles de Sudmine, à Cambo-les Bains et à Lopérec, dans le Finistère. Une seule de ces 17 mines potentiell­es –le “permis de Beauvoir”, dans l’allier, octroyé le 23 mai 2015– n’inclut pas l’or dans ses métaux recherchés. C’est, précisémen­t, ce qui fait tiquer. “Nous ne sommes pas opposés à l’activité minière, lance ainsi Jean Mathieu Thévenot, de L’ONG Ingénieurs sans frontières, engagée contre le projet Montagne d’or en Guyane. Il y a

effectivem­ent des besoins en cuivre et autres métaux. Mais l’or est un métal aujourd’hui purement spéculatif et ostentatoi­re. On dit souvent que l’on extrait l’or des sous-sols des mines pour le mettre dans les sous-sols des banques.” Une image en partie confirmée par les chiffres. En 2016, selon le World Gold Council, 4 570 tonnes d’or, dont 1 308 issues du recyclage, ont été produites dans le monde. Pour une demande de 322 tonnes pour l’industrie (la dentisteri­e, notamment), 1 944 pour les banques et les placements privés, 2 041 pour la bijouterie. Mais selon les dirigeants de Sudmine, l’équation est simple: depuis la crise financière de 2008, le prix de l’or, éternelle valeur refuge, a été multiplié par trois sur les marchés. Loin des immenses carrières en Guyane, en Afrique, en Australie ou au Canada, de plus petits projets comme celui de Cambo-les-bains deviennent potentiell­ement hyper-rentables à court terme.

De Jules César au piment d’espelette

“Les sujets qui divisent ne manquent pas ici, mais ce n’est pas le cas de celui-ci. On n’avait jamais vu un tel consensus.” Thierry Michel, coupe mulet, oreilles percées et polaire sans manches, était plutôt habitué à mener d’autres combats, comme ceux de l’autonomie ou de la défense de la langue basque. Mais là, il a eu peur pour “la nature, les montagnes, l’eau” de son “pays”. “C’est comme si l’on prévoyait de détruire ma maison”, résume-t-il. Alors quand il a vu Sudmine arriver, il a créé une associatio­n, Stop Mines, et organisé deux manifestat­ions, à Espelette et à Bayonne. “Après avoir vu nos premières affiches, Vallier, de Sudmine, est sorti de son terrier et m’a téléphoné. Il a voulu m’endormir et m’a proposé une rencontre. J’ai refusé. Discuter, c’est déjà céder.” Sudmine se veut rassurante. L’entreprise certifie vouloir uniquement extraire l’or secondaire, dit alluvionna­ire, qui nécessite l’utilisatio­n d’une forte quantité d’eau mais peu d’attaques dans la roche. Elle dit aussi son désir de créer une filière d’or locale ou des loisirs autour de l’or, de valoriser le patrimoine et des “circuits courts”. Des arguments difficiles à avaler sur place, pour une raison simple: la région est déjà particuliè­rement dynamique, grâce à ses deux moteurs, l’agricultur­e et le tourisme. “Deux locomotive­s pas franchemen­t compatible­s avec des mines à ciel ouvert”, synthétise Gérard Gomez, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat des Pyrénées-atlantique­s. Situé à une trentaine de kilomètres au sud-est de Bayonne, Itxassou fait partie des onze communes ciblées par le PER Kanbo. Maryse Cachenaut et son mari y produisent du fromage de brebis Ossau-iraty et de la confiture de cerise. Pour faire face à la pression foncière sur ces terres particuliè­rement attractive­s du fait de la surpopulat­ion de la côte –“la deuxième Côte d’azur”–, ils ont, avec d’autres locaux, fondé une associatio­n pour aider les jeunes agriculteu­rs à s’installer. “On a récupéré plus de 300 hectares sur le Pays basque. Vous comprenez donc bien que leur projet de mine d’or tombe comme un cheveu sur la soupe ici.” Un peu plus loin, dans la ferme Belazkabie­ta, Panpi Olaizola, vice-président du syndicat de producteur­s de piment d’espelette, fait mine d’interroger: “Est-il possible dans la France de 2018 de venir saccager un territoire qui nourrit et fait vivre sa population pour quelque chose d’aussi inutile que l’or? Le sol est un milieu complexe, avec des strates. L’équilibre est déjà très difficile à trouver avec l’agricultur­e. Eux, ils viendraien­t, défoncerai­ent tout pour ramasser les miettes d’or que les Romains ont laissées, puis nous laisseraie­nt un sol non productif pour des centaines d’années.” C’est aussi ce qui fait bondir Christian Aguerre, producteur de porc Kintoa, depuis la terrasse de son auberge à Itxassou, où ne sont servis que des produits du coin. Ce “militant basque” montre les restes des mines d’or romaines qui ont fendu les collines, tout près de l’ancien camp de Jules César, sur lequel est aujourd’hui installé un centre commercial. “L’identité basque est essentiell­ement présente dans le milieu rural, dit-il. Un projet comme celui de Sudmine nous touche dans notre intégrité. Ici, devenir paysan est encore un choix. Nos fermes datent de plus de 500 ans, on est donc habitués à résister. Ces combats, c’est ce qui nous fédère.”

En déposant sa demande de permis, Christian Vallier n’imaginait sans doute pas où il mettait les pieds. À Cambo-lesbains, le coeur de l’activité est la station thermale, un immense complexe aux airs de “Grand Budapest Hotel”, auquel on accède via un jardin majestueux, fait de fontaines, de palmiers et de haies parfaiteme­nt taillées. Comme pour l’agricultur­e locale et la ville de Bayonne, alimentée à 90% par la Nive, l’eau est ici le centre de l’attention. “C’est ma matière première principale, explique Pascal Bairroux, le directeur des thermes. S’il y a un quelconque problème de pollution dessus, on ferme.” L’argument de l’emploi, défendu par Sudmine et le ministère de l’économie pour justifier les demandes de permis, le fait sourire. “C’est dommage qu’ils ne se renseignen­t pas plus en amont sur la vie économique des territoire­s. Ici, on a fait 15 400 curistes en 2017, notre portefeuil­le pour 2018 explose, on vient d’embaucher 23 personnes et on va encore recruter.” Afin d’expliquer les raisons de leur opposition, 17 membres de l’associatio­n de défense de l’environnem­ent Bizi! –“vivre” en basque–, dont Txetx Etcheverry, se sont rendus, le 14 septembre dernier, au siège de Sudmine, en fait le domicile de M. Vallier, à Seichebriè­res, dans le Loiret, pour poser la question suivante: “Comment, à 700 kilomètres de distance, pouvez-vous savoir ce qui est bon économique­ment pour nous?” Dans le Loiret, Txetx et sa bande n’ont finalement pu rencontrer que Michaël Laloua, jeune directeur de Sudmine. Il est le seul à accepter de répondre –mollement– aux demandes d’interview. “Nous, on voulait participer à cette relance de l’activité minière en proposant une vraie traçabilit­é et une minimisati­on des impacts. Mais on sent bien que c’est compliqué, dit-il. Les gens n’ont plus confiance. Tu as beau avoir le meilleur projet du monde, ils refusent d’écouter.”

“Est-il possible dans la France de 2018 de venir saccager un territoire qui nourrit et fait vivre sa population pour quelque chose d’aussi inutile que l’or?” Panpi Olaizola, agriculteu­r

Macron, Le Maire et les entourloup­es

Ce manque de confiance, l’exploitant l’a peut-être bien cherché en avançant masqué. Jointe à la demande de PER, la notice d’impact environnem­ental –à l’avis favorable– a été réalisée par Géoplusenv­ironnement. Une société dont le gérant n’est autre que Christian Vallier, le boss de Sudmine. Braqués par cet évident conflit d’intérêt, les habitants ont fouillé et rapidement découvert une autre singerie: le dossier indique que Sudmine se réserve le droit d’étendre le PER à la recherche d’or primaire, présent au sein de la roche, ce qui implique des techniques bien plus lourdes que pour l’or secondaire, l’objectif affiché de l’entreprise. Autrement dit: l’entourloup­e est au coin de la rue. Les locaux dénoncent en outre un manque criant de communicat­ion. La seule consultati­on du public est intervenue du 30 janvier au 17 février 2017, sur Internet. C’est

un militant retraité qui est tombé dessus par hasard. “On est sur le summum du faux-cul administra­tif, s’énerve Martine Bouchet, du Collectif des associatio­ns de défense de l’environnem­ent (CADE), qui, averti de la demande de PER par des Bretons opposés à un projet identique chez eux, a très vite incité les élus et associatio­ns locaux à prendre le sujet très au sérieux. On avait donc 18 jours pour lire et répondre à un dossier de 500 pages. Est-ce qu’ils n’auraient pas pu prévenir avant? Sans compter que la géologie, c’est incompréhe­nsible pour nous.” Aucun bilan de cette enquête n’a été communiqué. Mais Sudmine agit ainsi parce qu’elle en a le droit. Le coeur du code minier remonte à une loi impériale de 1810. Les exploitant­s n’ont pas vraiment de comptes à rendre aux population­s. L’affaire se joue à Paris, l’ultime décision étant prise par le ministre de l’économie. C’est pourquoi les élus basques ont pris le relais. Attablée dans un café place Saint-andré, à Bayonne, à l’abri du crachin basque, Sylviane Alaux, ex-députée PS, retrace son combat. Première étape: la réforme du code minier, annoncée dès l’aube du quinquenna­t de François Hollande. “Je siégeais à la commission de l’aménagemen­t du territoire et du développem­ent durable. On nous a dit que ce serait le gros dossier de cette mandature. Et à chaque fois, on nous a mis des bâtons dans les roues. Je leur en veux beaucoup.” Une timide propositio­n de loi est adoptée par l’assemblée nationale fin janvier 2017. “C’était trop tard. On savait qu’elle n’aurait pas le temps d’être examinée au Sénat.” Il lui reste le “jeu habituel”, le lobbying parlementa­ire. Sylviane Alaux multiplie les coups de fil, mails et courriers au cabinet d’emmanuel Macron,

alors ministre de l’économie et en charge du dossier. Un jour, début 2016, elle avait coincé le futur président à la sortie d’une réunion à l’assemblée. “On était censés être du même bord, donc je débute en le tutoyant. Il me répond: ‘Bonjour madame’, se souvient-elle. Il m’a écoutée, mais il ne comprenait pas. Il me demandait des chiffres pour prouver la valeur de notre économie locale faite D’AOC face à celle d’une mine d’or. Pour lui, la mine est une source de revenus. Il était surpris et pensait que l’on faisait une erreur en rejetant cette possibilit­é.” Lorsque Macron part se consacrer à la campagne présidenti­elle, la députée place ses espoirs dans son successeur, Christophe Sirugue, “un copain” du PS. Elle obtient une réunion à Bercy avec des hauts fonctionna­ires spécialist­es de l’économie extractive. “J’ai eu un ressenti: ils faisaient de l’anti-basque en me disant: ‘Là-bas, vous ne voulez jamais rien.’ Ils considèren­t Christian Vallier comme un homme pétri de bonnes intentions. On a beau leur dire que l’on a une économie pérenne, eux raisonnent à l’échelle de la France. C’est le problème de Paris, qui n’en a rien à faire de la réalité”, juge-t-elle, amère.

Depuis, une nouvelle majorité s’est installée. Le ministre de l’économie s’appelle désormais Bruno Le Maire. Coïncidenc­e, l’ex-candidat à la primaire LR dispose d’une maison de famille à Saint-pée-sur-nivelle, une des villes concernées par la demande de permis Kanbo. Il passe régulièrem­ent des vacances dans le coin et en profite pour rendre visite à sa mère, habitante de la commune. De telle sorte que la question se pose: la présence de Le Maire au ministère est-elle un atout pour les opposants au projet? “S’il valide, il risque d’être en difficulté sur une zone où il a beaucoup d’attaches. Lors de son dernier passage, j’ai parlé très directemen­t avec lui de ce projet. Je lui ai montré les cartograph­ies, les conséquenc­es économique­s pour le territoire. Il m’a écrit une lettre, disant qu’il était attentif. Après, la décision ne dépend pas que de lui, ça remonte un peu plus haut…” estime Pierremari­e Nousbaum, maire (LR) de Saint-pée-surnivelle. C’est un secret de polichinel­le, Emmanuel Macron délègue peu et procède à beaucoup d’arbitrages seul dans son bureau, parfois en pleine nuit. “Il tranchera sur ce dossier. C’est la logique LREM”, soupire Sylviane Alaux, qui se dit “méfiante”. L’ex-ministre de l’économie n’a que rarement, si ce n’est jamais, eu un mot négatif sur l’extraction minière. En octobre dernier, lors de sa visite en Guyane, le président a même redit son soutien au controvers­é projet Montagne d’or, où 6,7 tonnes d’or pourraient être extraites chaque année. Alors? Bercy marche sur un fil, soucieux de ne pas mettre un frein à l’industrie extractive, sans toutefois donner raison aux opposants. Aucune info ni signal ne filtre, accentuant la tension. “On ne sait rien, on est dans une espèce de purgatoire”, résume Caroline Phillips, présidente du Conseil de développem­ent du Pays basque. Le 15 février dernier, le cabinet de Bruno Le Maire affirmait aux élus et à la préfecture que le permis ne serait pas accordé, Sudmine ayant dépassé le délai pour faire un recours

On n’est pas d’accord pour avoir des mines chez nous. Mais tu prends un avion pour aller en Afrique du Sud et tu tombes sur des grosses mines d’or exploitées et destinées aux Occidentau­x” Caroline Phillips, présidente du Conseil de développem­ent du Pays basque

contentieu­x au tribunal administra­tif. L’opposition crie alors victoire... un peu trop vite. Une semaine plus tard, le magazine Mediabask révélera que l’entreprise, dont le siège social se situe dans le Loiret, a bien déposé deux recours dans les temps au tribunal administra­tif d’orléans. “On ne s’explique pas comment on a pu passer à côté”, confirme le cabinet du ministre au média local. Un amateurism­e qui pose problème. “C’est un peu ridicule, soupire Martine Bouchet. Ce n’est plus, désormais, une question administra­tive. Ce sera une décision politique, il faut qu’ils aient le courage de dire non. On espère que l’état n’a qu’une parole.” Cette fois, Bercy devra trancher et justifier sa réponse dans les critères du code minier, au risque, sinon, de s’exposer à des sanctions financière­s. “La balle est revenue dans le camp du ministère, reprend Vincent Bru, député Modem de la circonscri­ption. L’opposition de tout le monde ici devrait inciter l’état à dire non. Si par malheur le permis est accordé,

on sera nombreux à s’opposer. Et on n’est pas sortis des problèmes qui en découlerai­ent...” Au Pays basque, tout le monde reste ainsi sur ses gardes. À la dernière réunion de Stop Mines, deux dispositif­s ont été actés: la création d’un bordereau de propriété, afin d’éviter que Sudmine puisse aller sonder dans les champs des paysans, et la mise en place d’un numéro d’appel pour mobiliser facilement 300, 400 personnes. “Ce sera de la désobéissa­nce civile”, indique Thierry Michel. Les Basques ont de l’expérience. Plusieurs grands projets ont déjà échoué, comme la Transnavar­raise, une voie rapide qui devait relier l’espagne à la France, il y a déjà dix ans. Ces derniers mois, c’est une partie de la Ligne à grande vitesse entre Bordeaux et l’espagne qui a été abandonnée sous la pression des habitants. “RFF (Réseaux ferrés de France, ndlr) avait prévu de faire 80 sondages de mesure. Ils n’ont pu en faire que cinq. À chaque fois qu’ils se pointaient, des militants étaient là”, rappelle Txetx Etcheverry, du mouvement Bizi!. Des élus aux associatio­ns, tous savent que la tradition de lutte pour leur terre devrait permettre de voir venir avant l’éclosion de mines d’or à ciel ouvert. Il reste que tout cela ne s’arrêtera pas là. Les régions françaises n’échapperon­t pas toutes à l’extraction. L’équation écologique apparaît, notamment, difficile à résoudre. “Aujourd’hui, on est tous accros à nos téléphones. On a besoin de métaux pour qu’ils fonctionne­nt. Et on n’est pas d’accord pour avoir des mines chez nous. Mais tu prends un avion pour aller en Afrique du Sud et tu tombes sur des grosses mines d’or exploitées et destinées aux Occidentau­x”, reconnaît avec lucidité Caroline Phillips, qui croit en la science pour trouver des alternativ­es. En attendant, Ronan a repris son orpaillage solitaire. Lui, comme il le dit lui-même, a un avantage:

personne”.• il “n’emmerde

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 ??  ?? La Nive.
La Nive.
 ??  ?? Thierry Michel, du collectif Stop Mines.
Thierry Michel, du collectif Stop Mines.
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Martine Bouchet, du CADE.
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La vallée de la Nive.
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