“Mes potes en couple me disent tous qu’ils se parlent moins qu’avant”

“Ce n’est pas un cliché que de dire que les homos couchent plus que les hétéros. Il y a moins de barrières. La génération des homos post-sida a voulu montrer sa différence par rapport aux hétéros en étant bien plus dans la consommation de sexe débridé, mais protégé, que les hétéros. Maintenant, je dirais que les homos veulent plus ressembler aux hétéros. On est passés, je crois, d’une génération d’homos post-sida à une génération d’homos post-pacs. Désolé pour les hétéros, mais je ne suis pas sûr que les homos les aideront à remonter la courbe de fréquence sexuelle globale.

Quand je discute avec mes potes en couple, ils me disent tous qu’ils se parlent moins qu’avant. Moi, par exemple, la première chose que je fais en me levant, c’est de regarder mon téléphone, et après je fais un bisou à mon mec. C’est fou, non? Je ne faisais pas ça avant. En même temps, on avait moins le nez sur nos téléphones, les réseaux sociaux, on s’intéressait sans doute plus à l’autre. Mais le portable, c’est un symptôme, je crois. On est sur un mode de société plus égoïste, tout simplement. D’ailleurs, si on ramène ça à la sexualité, avec l’accès au porno sur Internet, on peut prendre son plaisir sans risquer de se confronter à l’autre, d’être face à quelqu’un, d’être jugé. On a tous peur d’être jugés je crois, aujourd’hui. Et c’est plus facile d’aller sur Youporn que de se rendre dans un sex-club ou un sex-shop, ou même de draguer dans un bar. Tu prends moins de risques.

Avec mon mec, je ne sais pas sur quelle fréquence de baise on sera dans deux ou trois ans, mais jamais je ne me sens obligé de faire l’amour pour faire plaisir à l’autre ou pour répondre à une pression sociale disant qu’il faut le faire tant de fois par semaine. Et si je ne fais pas l’amour deux fois par semaine, je ne me dis pas qu’il y a un problème dans mon couple, que quelque chose ne va pas. À vrai dire, je ne sens pas une limite de fréquence à partir de laquelle je vais me dire: ‘Ouais, là, il y a un souci.’ Ça fait un bail que je ne le vois plus comme ça.”