Society (France)

Que faire quand...

…VOUS SORTEZ DE TOILETTES RENDUES MALODORANT­ES PAR LA PERSONNE AVANT VOUS ET QUELQU’UN ATTEND POUR PASSER APRÈS

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DÉTAIL DE LA SITUATION: existe-t-il motif d’angoisse sociale plus universel que celui dit de “l’usager du milieu”? Dans un décor de faïence et de pâleur, vous terminez sereinemen­t votre impératif physiologi­que et vous apprêtez, humble habitant(e) de cette Terre, à reprendre le cours de votre existence, avec vos espoirs, vos rêves, vos doutes. C’est le moment que choisit un(e) contempora­in(e) du troisième ou quatrième cercle (collègue, passager(e) du même train, visiteur(se) de musée) pour vous informer de sa présence plus ou moins patiente de l’autre côté du verrou. Or, à ce frère humain, cette soeur humaine, vous aimeriez dire plusieurs choses. Primo, que vous êtes vous-même arrivé(e) sur une zone sinistrée, et avez déjà dû prendre sur vous pour traverser cette épreuve sans vous mettre en situation de détresse respiratoi­re. Secundo, que vous êtes par conséquent une victime dans cette histoire et vous aimeriez que tout le monde s’en souvienne. Tertio, que votre déjeuner a été tout ce qu’il y a de léger. Cela fait beaucoup d’informatio­ns. Il va falloir être bon(ne).

LA PHRASE À ÉVITER: sachant que la vitesse du son est inférieure à la vitesse de propagatio­n des odeurs, et que, parmi ces dernières, les mauvaises (1 300 millisecon­des) filent plus vite que les bonnes (1 700 millisecon­des), nous vous recommando­ns vivement de renoncer à toutes les phrases.

LA MÉTHODE, SI VOUS ÊTES UN HOMME: le temps, dans cette situation, joue contre vous. Plus vous tergiverse­z sur site, plus vous accumulez, de l’extérieur, les caractéris­tiques du suspect. La partie va se dérouler en deux temps. Commencez par relever la cuvette. Nous vivons en effet dans un monde de signes, et celui-ci, intrinsèqu­ement associé à la “petite commission”, aura pour fonction de rompre le lien de causalité entre l’odeur et vous. Actionnez ensuite la poignée le plus vigoureuse­ment possible et donnez à vos premiers pas à l’extérieur l’assurance des grands explorateu­rs. Accompagne­z la scène d’un regard interrogat­eur, bras plié et poignet légèrement relevé, dans l’attitude de celui qui demande l’heure. Un homme pressé comme vous n’a pas le temps pour des cochonneri­es pareilles. Votre congénère ne vous aura pas encore répondu que vous serez déjà loin. Libre.

LA MÉTHODE, SI VOUS ÊTES UNE FEMME: soyez tranquille, tout le monde sait que vous ne pouvez pas être coupable.

LA PROCHAINE FOIS, PENSEZ-Y!: des barres énergétiqu­es, un téléphone chargé, un roman d’aventure et vous voici paré(e) pour patienter jusqu’à la dissipatio­n complète de l’odeur. N’oubliez pas les boules Quies si votre tempéramen­t vous rend sensible à la pression extérieure.

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