Society (France)

Stop aux cartes de fidélité

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Il fut un temps où le passage en caisse, point d’orgue de ce moment pénible que sont les courses, se déroulait sans trop de heurts. L’hôte(sse) de caisse marquait votre tour d’un simple “bonjour”. Il suffisait alors de valider poliment l’échange par la même interjecti­on et l’affaire était entendue. C’était une époque humaine, car dépourvue de ce reliquat d’inquisitio­n: “Avez-vous la carte de fidélité?”

Adopté par 80% des enseignes depuis son lancement par la FNAC, cet horrible petit bout de plastique envahit la vie des honnêtes gens comme autant de couches d’un mille-feuilles d’engagement. Qu’il serve à collecter les données client pour imposer une publicité ciblée sur du papier toilette triple épaisseur passe encore, le grief est ailleurs: dans le manque de confiance d’un commerçant qui, parce qu’il a déjà enchaîné pas mal de relations client un peu foireuses, tente de nous dissuader de fréquenter d’autres enseignes, juste comme ça, pour voir si ça marcherait entre nous d’être, enfin vous voyez… exclusifs.

Car enfin, qu’est-ce que la carte de fidélité, sinon l’opération de chirurgie esthétique d’une enseigne en quête d’une nouvelle preuve d’amour? Savez-vous que les pompes funèbres Martin de Coulonges-sur-l’autize proposent une carte récompensa­nt la fidélité de leurs clients au sixième achat? Et surtout, savez-vous où la mettre, votre carte?

Infidèles, infidèles, ensemble faisons un enfant dans le dos de ces engagement­s plastifiés.

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