LE FILS DE VOS AMIS VOUS INSULTE EN PRÉSENCE DE VOS AMIS
DÉTAIL DE LA SITUATION:
voilà comment on vous remercie. Vous qui ne demandiez rien d’autre à ce week-end qu’un peu de ce ph neutre dont vous avez tant entendu parler. Vous qui avez joué le jeu de la tarte aux quetsches maison et du petit smoothie à sept euros. Vous qui n’avez d’autre choix pour maintenir à flot votre amitié avec les parents de Léopold, 6 ans, que de vous déplacer non pas un dimanche, mais un dimanche pour le goûter. Sur place, les consignes étaient claires (et par ailleurs tout à fait pertinentes): l’enfant n’était pas autorisé à regarder Lego Batman pour la troisième fois de l’après-midi. Vous n’avez pas rêvé. Une fois n’est pas coutume, votre côté profondément légaliste –incarné ici dans votre refus d’insérer ledit DVD dans le lecteur malgré le harcèlement d’un junkie encore incapable de multiplier votre “non” par sept– vous a valu un “gros(se) con(ne)”. Deux mots comme du papier tue-mouches, figés dans le salon soudain irresponsable des tuteurs légaux.
LA PHRASE À ÉVITER:
“Redis-le en face si t’es un homme.” Rien de plus bancal en effet que la logique de cette subordonnée: n’étant techniquement pas un homme, l’individu n’aura aucun problème à réitérer ses propos. Pire, d’une certaine façon, vous l’y encouragez.
LA MÉTHODE:
temporisez. Ne faites pas semblant de bien réagir (personne n’y croirait et le mioche ne mérite aucun répit, même factice) mais ne ripostez pas non plus. Donnez l’impression d’un monstre zen et reprenez la discussion là où vous l’aviez laissée (le prix de l’immobilier, probablement). Puis, attendez quelques minutes que les parents aient le dos tourné pour administrer le geste le plus puéril de votre connaissance (doigt d’honneur, doigt qui va dans un trou, doigt râpé, simulacre d’égorgement, etc.) à l’agresseur et laissez-le s’humilier en tentant de leur faire croire en vain qu’un(e) adulte comme vous vient vraiment de faire ce qu’il(elle) a fait. Après tout, cet enfant est clairement déséquilibré.
L’ALLIÉ POTENTIEL:
François Bayrou. Il a du temps en ce moment (retrouvez son interview dans Dada n°2, en kiosque).
LA PROCHAINE FOIS, PENSEZ-Y:
quitte à vous déplacer, voyez vos amis dans un sex-shop, un isoloir ou au Club Med Val Thorens. Des endroits interdits aux mineurs.