Society (France)

Vance vs Brafman

- PAR HÉLÈNE COUTARD, À NEW YORK / PHOTOS: ROGER KISBY POUR SOCIETY

Le premier est “le meilleur avocat de New York”, le second l’éminent procureur de Manhattan. Sept ans après l’affaire DSK, Benjamin Brafman et Cyrus Vance Jr. se retrouvent au procès Weinstein.

Le premier est “le meilleur avocat de New York”, le second l’éminent procureur de Manhattan. Sept ans après l’affaire DSK, qui les avait déjà vus s’affronter, Benjamin Brafman et Cyrus Vance Jr. ont cette fois le destin d’harvey Weinstein entre leurs mains, et avec lui un peu de l’avenir de la société post-#metoo. Comment se retrouve-t-on de chaque côté de la barricade? Portaits croisés.

ON ne l’avait pas vu depuis sept mois. Quand son nom et son visage s’affichaien­t en une de tous les journaux du monde et que la liste des femmes l’accusant s’allongeait, il était resté introuvabl­e. Quand les protestati­ons se multipliai­ent aux Oscars, à Cannes et sur les réseaux sociaux, il n’était devenu plus que la personnifi­cation d’un problème de société. Mais le 25 mai dernier, Harvey Weinstein a repris forme humaine et s’est enfin montré. Menotté, encadré de deux agents de police, un homme et une femme, le producteur américain a donné l’image d’un type cerné. Par la justice de New York d’abord, qui lui avait donné rendez-vous dans un commissari­at de Manhattan pour s’acquitter des dix millions de dollars de caution demandés contre sa liberté provisoire. Par les médias aussi, tous venus dans l’espoir de déceler, sur ses traits, un indice de son état d’esprit. Et par le monde entier, surtout, avide de voir quelle morgue l’ancien mogul afficherai­t pour son retour. Alors Harvey Weinstein est descendu de voiture claudiquan­t, dans un costume foncé et un pull bleu, deux livres sous le bras, dont une biographie d’elia Kazan. Un génie renié par Hollywood, comme lui, se ditil sans doute. Un autre puissant accusé de viol, aussi. C’est précisémen­t l’affaire Weinstein qui a poussé Carol Drinkwater, une actrice anglaise, à parler, 40 ans plus tard, des agressions commises par Kazan sur sa personne. L’ironie n’a sûrement pas échappé au producteur, qui a fini, sous les flashs des appareils photo et des caméras, par esquisser un sourire. Un sourire qui n’a pas plu à Benjamin Brafman, l’homme chargé de le défendre. “Le meilleur avocat de New York” a l’habitude des affaires médiatique­s. Et il sait que jusqu’au procès, qui devrait a priori se tenir en 2019, moment où Weinstein n’ouvrira la bouche que pour plaider non coupable face au juge, c’est à lui de prendre les commandes. Pas de sourire, pas de déclaratio­n. Juste Brafman devant les caméras et Brafman devant les micros. “Monsieur Weinstein maintient que toutes ses relations sexuelles ont été consenties”, s’est ainsi pressé de déclarer l’avocat ce 25 mai, avant d’ajouter une phrase qui fera le tour du monde: “Monsieur Weinstein n’a pas inventé la promotion canapé à Hollywood. S’il y a des mauvais comporteme­nts dans cette industrie, ce n’est pas le sujet de ce procès. Ce n’est pas le procès d’un comporteme­nt.” Une tentative de minorer une affaire que son adversaire, caché dans son bureau d’hogan Place, loin des caméras, entend bien contrecarr­er. Cyrus Vance Jr., le procureur de Manhattan, est l’homme par qui la justice arrive. Depuis maintenant un an, il prépare dans la plus grande opacité son dossier contre Harvey Weinstein. Avec la ferme intention, lui, de ne pas résumer tout cela à une “simple” affaire d’agression sexuelle. Mais à en faire le procès d’une époque: celle du vieux monde patriarcal, où l’homme blanc régnait, intouchabl­e, sur le reste de la planète.

Cyrus Vance contre Benjamin Brafman. Le duel a de l’allure. Il oppose deux mâles blancs de la même génération –le premier est né en 1954, le second en 1948– arrivés tout en haut de la pyramide du pouvoir dans leur profession, mais que tout, ou presque, renvoie dos à dos. Vance est un homme raide et discret comme la justice, épris de morale, comme échappé d’un western, qui ne s’adresse aux médias que par le biais de conférence­s de presse ; Brafman nourrit un amour non feint de la joute médiatique, affiche un passé de stand-upper et une attirance rarement démentie pour les méchants de ce monde. Quand l’un est un pur produit WASP, ces Anglo-saxons blancs et protestant­s venus s’installer sur la côte est américaine, le second représente un autre genre de rêve américain: il est le fils d’immigrés juifs arrivés sans le sou à Brooklyn après la guerre, et qui a dû miser sur sa débrouilla­rdise pour s’élever. Au début de l’été, Cyrus Vance Jr. assistait à une soirée de charité comme Manhattan en accueille des centaines par soir. On y honorait un ami avocat. Dans le hall, il est tombé sur Benjamin Brafman. Les deux hommes se sont serré la main, ont échangé quelques banalités et se sont souhaité une bonne soirée. Vance n’a rien laissé filtrer de leur rencontre. Brafman, si. “Les bons procureurs respectent les bons avocats, et inversemen­t”, a-t-il déclaré, comme une invitation à se préparer pour leur joute, qu’il devine déjà historique. Difficile de lui donner tort. Difficile, en tout cas, de faire plus doués et efficaces que Cyrus Vance et Benjamin Brafman. Au début de son premier terme en tant que procureur, en 2009, Vance, un homme de listes, en avait griffonné une de 20 choses à faire. Quatre ans plus tard, il les avait toutes réalisées. Sauf une: apprendre l’espagnol. Pour le reste, le nombre de crimes à Manhattan est redescendu en 2013 à son niveau le plus bas depuis le début des années 60 ; les cas d’affaire annulée pour vice de procédure ont baissé de 91% ; et en réorganisa­nt les différents départemen­ts, Vance a raccourci de neuf heures le délai entre arrestatio­n et lecture d’acte d’accusation. Avec l’argent saisi lors des arrestatio­ns de barons de la drogue, le procureur a aussi financé l’ouverture, le weekend, de dix clubs de sport pour enfants. Le procureur de Paris, François Molins, en parle comme d’un “très grand profession­nel” et d’un “ami”. “Il a mis en place une politique pénale intelligen­te sur l’idée qu’il vaut mieux prévenir une infraction que d’avoir à sanctionne­r le coupable, ce qui lui a permis de conduire des actions de prévention remarquabl­es, notamment des investisse­ments dans des actions de lutte contre l’illettrism­e dans les prisons, ditil, avant de préciser: Le système américain est très différent du nôtre car le procureur est élu, avec ce que cela peut comporter comme problémati­ques. Mais une fois élu, il est indépendan­t et, comme Cyrus Vance me le dit souvent: ‘I have no boss.’” Cela fait bien longtemps que Benjamin Brafman lui non plus n’a plus “de boss”. À ceux qui en douteraien­t, son bureau installé au 26e étage d’une tour en plein coeur de Manhattan se charge de le rappeler. Tout,

des couverture­s de magazine le montrant tout sourire jusqu’aux photos de célébrité dédicacées, y est à sa gloire. En bonne place sur le mur, un grand dessin d’audience. Dans un coin, un mot griffonné au feutre noir: “J’écris pendant que le jury délibère toujours. Quoi qu’il arrive, merci, t’es le meilleur.” Signé d’un simple “Vinny”. Vinny est peutêtre Vincent Gigante, parrain de la famille Genovese. En 2003, quand Brafman l’a défendu, il s’agissait de son deuxième procès: il avait déjà été mis en prison mais était accusé d’avoir menti à la justice en se faisant passer pour fou afin d’éviter une peine plus lourde. Sur les conseils de Brafman, Gigante a plaidé coupable, écopant ainsi de douze ans supplément­aires, mais sauvant par la même occasion son fils. À moins que ce “Vinny” ne soit plutôt Vincent Basciano, défendu par Brafman en 1994 et acquitté dans une affaire de trafic d’héroïne à grande échelle après que l’avocat est parvenu à convaincre le jury que son client parlait en réalité, dans les enregistre­ments obtenus par la police, de paris illégaux et non de drogue. La vie de l’avocat est remplie d’histoires de ce genre: des procès à grand retentisse­ment où à la fin, il semblerait que le “méchant” ne s’en sorte pas si mal. Ces dernières années, Brafman a fait innocenter le rappeur P. Diddy, alors que 100 témoins l’avaient vu se servir d’une arme à feu et blesser trois personnes. Il a aussi fait en sorte que Jay-z, accusé d’avoir poignardé un homme dans un club, s’en sorte avec trois ans de liberté surveillée seulement –ce qui vaudra à l’avocat d’être cité dans l’un de ses morceaux, Welcome to New York City: “Got Brafman defending me / Cause New York’ll miss me if I’m locked in the penitentia­ry.” Bien sûr, il arrive que Brafman perde. Mais les chiffres plaident en sa faveur. Son taux d’acquitteme­nt est de 80%. Quand on lui demande ce qui fait son génie, Benjamin Brafman n’hésite pas une seule seconde avant de livrer la réponse: sa botte secrète, ce qui le rend plus fort que tous les autres, c’est le contre-interrogat­oire. “Le contre-interrogat­oire, c’est faire dire la vérité aux gens, explique-t-il. Si le témoin oublie quelque chose, change un détail, exagère, c’est mon job de le faire remarquer. Donc soit vous poussez le témoin à dire la vérité, soit vous prouvez aux jurés qu’il ment. C’est le moment le plus important du système judiciaire. Je l’appelle ‘l’engin de la vérité’.” En 1998, lors du procès de Peter Gatien, accusé d’encourager le trafic de drogue dans ses boîtes de nuit, Brafman avait tenté un coup de poker: n’appeler aucun témoin de la défense. L’avocat comptait sur ses capacités à détruire, un par un, tous les témoignage­s que proposerai­t le camp adverse. “J’étais terrifié, se souvient aujourd’hui Gatien, qui risquait alors la prison, mais il m’a assuré que les témoins appelés par le gouverneme­nt n’étaient pas convaincan­ts. Le gouverneme­nt remporte 95% de ses affaires, c’était une décision très courageuse de sa part.” Et très risquée. Mais Gatien a été acquitté. À la sortie, sur les marches du tribunal, l’avocat déclarera seulement: “Ils n’ont pas réussi à convaincre. Et moi si, grâce à leurs témoins.”

Les années mafia

C’est dans les années 80 que les deux hommes de loi ont démarré leur vertigineu­se ascension. Fils de Cyrus père, avocat, ministre sous trois présidents démocrates et secrétaire d’état sous Carter, Cyrus Vance Jr. est très tôt décrit comme “la valeur

“Si je pouvais revenir en arrière, je ferais exactement la même chose dans l’affaire DSK. Nous pensions que cette pauvre femme devait être crue face à cet homme de pouvoir”

Cyrus Vance Jr.

montante” du barreau américain. Il en a tous les atouts: il compte parmi ses amis d’enfance Caroline Kennedy, va régulièrem­ent pêcher à Camp David –le lieu de villégiatu­re officiel du président–, est passé par Yale, puis Georgetown. Il a 28 ans quand il obtient son premier poste de substitut du procureur de New York, et son destin semble limpide. Il est un héritier brillant à l’histoire écrite à l’avance. Benjamin Brafman, en ce qui le concerne, n’a aucune vocation de ce genre à offrir. De son propre aveu, il ne sait “pas vraiment pourquoi” il est devenu avocat, peutêtre pour la possibilit­é de séduire et défendre en même temps. Ses parents ont débarqué à New York en bateau, en 1938 pour sa mère, après la Seconde Guerre mondiale pour son père. Ils ont tous les deux perdu des proches dans les camps de concentrat­ion. Un héritage que Brafman “n’oublie ni ne pardonne”, mais qui l’a rendu “tolérant envers les gens et très intolérant envers la haine inexplicab­le portée contre une religion, une couleur ou un genre”, explique-t-il. Dans le quartier juif orthodoxe de Brooklyn où il grandit, Brafman n’est “ni très sage ni très bon à l’école”. “Mais je voulais travailler et gagner de l’argent”, admet-il. Alors il se retrouve à se payer les cours du soir à l’université publique du coin, avant de s’envoler pour l’ohio en école de droit grâce à une bourse. Quand il en revient, il n’a qu’une hâte: que le combat commence. “Je démarrais ma carrière et pour devenir bon, il faut beaucoup s’entraîner. Et pour s’entraîner, il faut aller au procès, raconte-t-il. Sauf qu’à l’époque, peu d’affaires allaient jusqu’au procès, sauf celles impliquant les mafieux. C’étaient des procès compliqués, très longs, où l’on pouvait contre-interroger jusqu’à 50 témoins. Le meilleur moyen d’apprendre.” Brafman se spécialise­ra donc dans la défense de mafieux. Pour débuter, il propose un prix défiant toute concurrenc­e à Anthony Senter –tueur pour la famille Gambino– afin de le convaincre de l’engager. Des années plus tard, il sera invité

–et présent– à l’enterremen­t de Paul Castellano, parrain de la Cosa Nostra, ce que le milieu judiciaire lui reprochera longtemps. Pour autant, cette histoire ne peut se résumer à l’opposition entre un fils à papa propre sur lui et un arriviste prêt à tout. Vite, Vance lui aussi est allé se frotter au pays réel. Alors qu’il est substitut du procureur, le jeune avocat passe rapidement au Rackets Bureau, un départemen­t d’élite où il rencontre Jeffrey Schlanger. Selon ce dernier, c’est là que Cyrus Vance est vraiment devenu Cyrus Vance. “Le Rackets Bureau fait partie du départemen­t d’investigat­ion, c’est là que vont les affaires les plus compliquée­s, explique-t-il. À l’époque, c’était beaucoup de crimes organisés, des gangs irlandais, le clan de John Gotti et l’épidémie de crack. On y a appris des choses que l’on n’apprend pas à l’école. Comment se comporter avec les dangereux criminels, mais aussi avec les policiers.” À l’époque, Cyrus Vance se lève au milieu de la nuit pour se rendre sur des scènes de crime, plaide en faveur des plus démunis et n’a pas peur d’aller au procès. Logiquemen­t, il devient “l’un des meilleurs, toujours passionné, toujours présent”. Puis il part pour l’ouest. En 1988, contre l’avis de son père, il quitte New York et part s’installer à Seattle. En quelques années, il y devient partenaire dans un cabinet et siège aux conseils d’administra­tion du zoo et de l’orchestre de la ville. “Il a vite été à l’aise et respecté à Seattle, se souvient Robert Sulkin, qui travaillai­t dans le même bureau que lui. Toujours parfaiteme­nt préparé, confiant, courtois et capable de comprendre des gens de tous les milieux.” À Seattle, Vance défend notamment un groupe de 29 000 femmes employées de Boeing, qui attaquent l’entreprise pour discrimina­tion, et leur obtient un accord de 72,5 millions de dollars. Cette affaire et celle d’une femme assassinée par son ex lui valent sur la côte ouest une réputation de défenseur de la cause féminine. Puis en 2004, deux ans après la mort de son père, il fait ses valises et rentre à New York. Moins d’un an après son retour, il confie à sa femme que si son mentor Robert M. Morgenthau ne se représente pas au poste de procureur, il prendrait bien sa place. Ce sera chose faite en 2009.

L’affaire DSK, une répétition

Rétrospect­ivement, la première fois que Brafman et Vance ont croisé le fer ressembler­ait presque à une répétition générale. C’était le 14 mai 2011. Ce jourlà, Dominique Strauss-kahn déjeune à New York avec sa fille, puis se rend à l’aéroport JFK. À 16h40, déjà à bord de son avion pour le vol AF023 à destinatio­n de Paris, il est arrêté par la police et emmené dans un commissari­at de Harlem. Quelques heures plus tard, le bureau du procureur Cyrus Vance décide d’engager une procédure pénale pour sept chefs d’accusation, dont le viol. Dominique Strauss-kahn téléphone à Ben Brafman. Deux jours plus tard, le directeur du FMI est amené menotté, mal rasé, devant les caméras du monde entier, au tribunal pénal de la ville et plaide non coupable. New York ne lui fait pas de cadeau: détenu à Rikers Island, puis soumis à une liberté conditionn­elle, DSK doit s’acquitter d’un million de dollars de caution, porter un bracelet électroniq­ue et supporter une surveillan­ce policière permanente. Sûr de lui, des policiers qui ont recueilli le témoignage de Nafissatou Diallo, des résultats médicaux et de l’histoire digne d’un roman social que la presse est en train de peindre, Cyrus Vance accélère la cadence et présente DSK devant le grand jury 48 heures avant l’expiration du délai légal. Est-ce pour asseoir son pouvoir en vue d’une prochaine réélection au poste de procureur? Ou pour tenter de compenser l’acquitteme­nt récent de deux policiers dans une affaire de viol? Cyrus frappe vite et fort. Mais tout s’écroule: Nafissatou Diallo a menti. Peut-être pas sur ce qui s’est passé dans la suite 2806 du Sofitel de new York, mais sur certains épisodes de sa vie et ses motivation­s. Le 23 août 2011, à la demande de Cyrus Vance, le juge demande l’abandon des poursuites. C’est le début des ennuis pour le procureur. Ceux qui ont trouvé “scandaleux” le traitement réservé à DSK, ceux qui pensent qu’il a laissé partir un riche criminel par connivence, d’autres encore qui arguent qu’en discrédita­nt Diallo, il perpétue le mythe de la “victime parfaite”… tout le monde en veut à Cyrus Vance. “Si le procureur, élu pour protéger nos mères, nos filles, nos soeurs, ne les soutient pas quand elles sont violées, alors qui le fera?” enrage par exemple l’avocat de Diallo devant les télévision­s. Rapidement, on parle de la “pire humiliatio­n” jamais connue par le parquet de New York. Les tabloïds inventent le surnom de “Black Eye Cy” (“Cy(rus) au cocard”). Vance s’exprimera finalement en 2014 dans le New York Times, chose rarissime. “Si je pouvais revenir en arrière, je ferais exactement la même chose, y explique-t-il alors. J’aurais aimé avoir plus de temps, mais nous avions six jours, et nous avons été obligés de prendre des décisions rapides. Nous avons traité les informatio­ns que nous avions au moment où nous les avions. Nous pensions que cette pauvre femme devait être crue face à cet homme de pouvoir, et puis ensuite, j’ai déterminé que je n’étais plus convaincu audelà du raisonnabl­e doute que je savais ce qui s’était passé.” Sept ans plus tard, Benjamin Brafman, dont les équipes ont travaillé à détruire la crédibilit­é de Nafissatou Diallo sans relâche, est, de son côté, toujours aussi fier d’avoir remporté ce combat. “Tous les étés, des touristes français m’arrêtent dans la rue pour me féliciter d’avoir sauvé DSK”, plastronne-t-il. Ou encore: “Il y a eu des journalist­es sur le trottoir devant mon bureau pendant littéralem­ent trois mois. Je n’avais jamais vu ça. Alors que pour moi, il ne s’est rien passé d’illégal dans cette chambre. Nous étions très fiers de faire annuler l’affaire.”

Depuis, pendant que Brafman continuait de gagner 80% de ses procès, l’étoile de Vance a encore pâli. Toujours à cause de gens de pouvoir, à savoir les enfants Trump, Ivanka et Donald Jr. En 2012, les deux héritiers sont accusés d’avoir menti à leurs investisse­urs en gonflant les recettes d’un hôtel afin de le vendre. Le bureau du procureur présente un dossier sur lequel il travaille depuis deux ans, mais Cyrus Vance décrète qu’il ne contient pas assez de preuves. Problème: peu de temps après, Vance reçoit une donation de campagne de 32 000 dollars de l’un des avocats de la famille Trump. Une précédente donation de 25 000 dollars avait été retournée dès mai 2012. Pour éteindre la polémique, la deuxième sera rendue à son tour en octobre 2017. Trop tard? Le mois suivant, alors que Vance est le seul candidat à sa propre réélection, 9,4% des New-yorkais

“Monsieur Weinstein n’a pas inventé la promotion canapé à Hollywood. S’il y a des mauvais comporteme­nts dans cette industrie, ce n’est pas le sujet de ce procès”

Benjamin Brafman

 ??  ??
 ??  ?? Benjamin Brafman.
Benjamin Brafman.
 ??  ?? Cyrus Vance Jr.
Cyrus Vance Jr.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France