Society (France)

JAVIER BARDEM

PASSE UNE TÊTE

- BRIEUX FÉROT, À L’INSTITUT LUMIÈRE DE LYON / PHOTO: YANN RABANIER (MODDS)

L’acteur espagnol était l’invité de la dixième édition du festival Lumière, à Lyon. Apparition citoyenne.

Vous êtes ce que l’on appelle un acteur engagé. On vous entend aussi bien sur les bombardeme­nts à Gaza que sur la protection de la planète… J’ai toujours été une personne, disons, très vocale. Je parle beaucoup, de tout ce qui m’intéresse et m’inquiète. Mais à partir du moment où tu as une opinion, tu te crées des ennemis. Et tu dois faire avec. En général, les gens qui ont le pouvoir n’aiment pas ceux qui parlent grâce à leur popularité, parce que cette dernière te donne un écho. Ils tiennent tous le même discours: ‘Occupe-toi de tes affaires. Tu es comme un cordonnier, donc retourne à tes chaussures.’ Ce à

quoi je réponds: ‘Attends, je suis un citoyen, je paie mes impôts, je vis dans un pays qui est sur un continent, dans un monde interconne­cté, les choses sont liées, donc évidemment que j’ai le droit de l’ouvrir.’ En Espagne, la politique est très présente dans nos conversati­ons. Trop? Peut-être. Mais je suis fier des Espagnols, on emmène le débat dans la rue. Une société va bien quand les gens descendent dans la rue pour protester.

Est-ce encore utile? Ce n’est pas utile, c’est nécessaire. D’autant que l’on finit toujours par voir des changement­s concrets. En 2003, au moment de la guerre en Irak, le monde entier est descendu dans la rue.

La guerre s’est-elle arrêtée pour autant? Non. Mais ça a permis de bien positionne­r Tony Blair sur la carte, et il a dû avouer

publiqueme­nt: ‘Oui, on a fait de la merde, il n’y avait pas d’armes de destructio­n

massive.’ Et ça, ça nous permet de ne pas oublier, de nous constituer une histoire moderne. Ils étaient trois, Bush, Blair et Aznar, ils ont menti, et cela s’est su. Vous avez deux jeunes enfants, une fille et un fils. Comment leur expliquere­z-vous plus tard le mouvement #Metoo? Ils ont actuelleme­nt 5 et 7 ans. Je pense que quand ils seront en âge de comprendre, le monde sera mieux équilibré à ce niveau-là. Ils seront dans une meilleure position que nous. Mais en attendant, avec leur mère, on essaie de les élever avec exactement les mêmes champs d’opportunit­és, les mêmes droits et les mêmes obligation­s. Pareil. On ne peut plus dire aux enfants: ‘Écoute, c’est comme ça.’

Ils demandent pourquoi. Et il faut répondre.

En marge du cinéma d’auteur, on vous a vu dans Pirates des Caraïbes, vous avez aussi joué un méchant dans James Bond. Mais vous n’avez jamais tourné de film de super-héros. C’est volontaire? Moi, avec un collant et une cape?! Non, je ne crois pas… Je ne suis pas fan de ce truc de superhéros, ça ne va pas vraiment avec mon physique, je ne pense pas coller à cet univers. J’ai donc refusé quelques rôles, mais pas autant que vous le pensez. Même si, quand même, j’avais adoré le premier

Spiderman. Pareil avec Christophe­r Reeves dans Superman. Fascinant. J’avais les jouets et tout. Le Batman de Christophe­r Nolan, je l’ai regardé parce que tout le monde disait que c’était un chef-d’oeuvre, et c’est vrai, Heath Ledger a fait un super boulot. Mais c’est tout. Enfin, s’ils m’appellent, que l’histoire est bien et qu’ils me payent bien, je prends l’avion direct! –

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