“Ça me donne un coté ninja”
Joseph Lulu, photographe
Le rooftopping est une activité qui consiste à escalader des immeubles et prendre des photos, au mépris des risques et du vertige. Le spectacle est saisissant, surtout dans des villes comme Dubaï ou Miami, où se dévoile l’immensité de l’océan ou du désert. Le jeu en vaut-il la chandelle à Pékin, où l’horizon est bouché par une purée de pois grisâtre et malodorante? Joseph Lulu y voit un certain charme. “Le nuage de pollution ressemble
à un manteau déposé sur la ville.” Cet étudiant en communication de 21 ans escalade les gratte-ciel et photographie Pékin. Durant ses tête-à-tête avec les particules fines, Joseph ne quitte jamais son masque antipollution. Une manière de se donner un genre –“Ce masque me donne un coté ninja,
on n’arrive pas à savoir qui je suis”–, de préserver son identité mais aussi
de prendre soin de sa santé. “Quand j’étais petit, de la fenêtre de la cuisine, je pouvais voir le Tuanjiehu Park. Aujourd’hui, impossible, il y a des gratte-ciel tout autour. J’aime ce nouveau Pékin, son énergie. Mais la pollution est le prix à payer de cette croissance. La Mairie a dit plusieurs fois qu’elle allait régler le problème, mais ce sont juste des promesses. Les gens en ont marre. Ils sont en colère.” Ce mécontentement se fait à voix basse. En Chine, chaque année, des activistes environnementaux sont arrêtés et envoyés en prison.