“On est comme des zombies”
Matt Hope, plasticien
Il a conçu le Breathing Bike, le vélo qui respire. Un engin dont les pédales actionnent un générateur qui produit de l’électricité statique. Les particules sont retenues et la machine expulse de l’air pur, envoyé directement dans la bouche du cycliste. Féru de cyclisme, le plasticien britannique Matt Hope n’a pas enterré sa passion pour la petite reine depuis qu’il s’est installé à Pékin, il y a onze ans. “Quand il y a un pic de pollution, tu as l’impression de vivre dans un cauchemar de science-fiction. Tu te sens comme un zombie. Tu regardes les immeubles autour de toi, tu te croirais dans Blade Runner. Si tu pédales trop vite, ça donne mal à la tête, tu te sens comme en descente de drogues. Alors je vais lentement.” Marié à une Chinoise, Matt ne se débrouille pas trop mal en mandarin, mais se sent encore en déphasage complet
dans sa ville d’adoption. “Le masque accentue la sensation d’étrangeté, on a l’impression d’être entouré d’inconnus avec qui on ne peut pas interagir, explique-t-il. En Angleterre, les gens parlent de la pluie. En Chine, ils parlent de la pollution, c’est une sorte de nouvelle météo. La pollution change le regard, aussi. Le paysage est sombre, étrange, avec une couleur marron-gris, sans contraste, comme si tout était passé au travers d’un vieux téléviseur. En comparaison, la Suisse ressemble à un pays en Technicolor.”