Garde mes meubles
Plus de place chez soi, mais pas question de jeter. Quelle est la solution? La start-up bordelaise Jestocke, fondée par Laure Courty et devenue le leader français des garde-meubles entre particuliers, est le remède parfait.
“On ne peut pas demander aux gens de se séparer de tout. Il y a tout un panel d’affaires qui vous relient affectivement à vos souvenirs, à votre famille. Je sais que les Français n’ont pas envie de mettre ça à la poubelle.” Laure Courty a connu cette situation lorsque son compagnon de vie a été muté à Bordeaux, les obligeant à quitter la capitale. Mais à l’arrivée du camion de déménagement, les choses se gâtent: “Je me suis retrouvée avec tout ce qu’il y avait dans ma cave sans avoir aucune surface additionnelle pour stocker ces affaires que je n’avais pas l’intention de jeter ni de donner”, explique-t-elle. Face au coût des acteurs traditionnels de la garde de meubles, elle laisse derrière elle dix années de carrière en tant qu’éditrice et rejoint la “start-up nation”. En janvier 2014, Jestocke –plateforme de stockage entre particuliers– voit le jour. “L’idée était de trouver des solutions pour gagner du mètre carré à proximité de chez soi et à moindre coût.” Un sacré challenge, selon Laure, car difficile de faire confiance à un(e) inconnu(e) pour conserver des affaires avec lesquelles on a une relation sentimentale. Pourtant, Jestocke reçoit vite un accueil chaleureux de la part des utilisateurs. “Aujourd’hui, il y a 8 000 propriétaires inscrits sur le site et 65% des transactions se font à Paris et en Île de France. Juste derrière, il y a les métropoles comme Lyon, Bordeaux, Marseille, Toulouse, Lille…” En termes de superficie, Jestocke est particulièrement riche de petits espaces, entre trois et neuf mètres carrés. Pour les grands box, les propriétaires segmentent la surface et s’organisent pour louer à plusieurs personnes.
“Une motivation du lien social”
C’est le cas de Tommy, account manager de 27 ans au sein de Jestocke. Si le jeune Parisien a intégré l’entreprise, c’est bien qu’il en était le premier utilisateur. “Je suis motard, j’avais donc un box pour garer ma moto. Mais j’ai eu un grave accident, qui a fait que je suis resté sept mois à l’hôpital, raconte-t-il. Je me suis retrouvé face à ce box vide, obligé de trouver une solution pour rembourser mon crédit. C’est comme ça que j’ai découvert le co-stockage.” Il est vite séduit: “C’est une motivation du lien social. Par exemple, un ancien locataire stockait des meubles qu’il fabriquait lui-même et je trouvais ses créations très cool. Je lui ai alors commandé une table de chevet! C’est un peu comme le potlatch et la notion du don et du contre-don”. Le week-end, Tommy accueille ses nouveaux locataires, étant le seul détenteur des clés, avant de repartir à Bordeaux en semaine, où sont installés les bureaux de Jestocke. Aujourd’hui, l’équipe compte une quinzaine de salariés, complétée par des intendants qui aident les propriétaires à gérer leurs annonces ou interviennent sur l’aide au déménagement. Dès leurs premières missions, Laure et son équipe ont mis en place tous les éléments de réassurance dont les utilisateurs ont besoin avant de déposer leurs affaires chez un(e) propriétaire. Exemple: le droit de visite, afin d’exclure toute présence de saleté et d’humidité. La sauce a très vite pris. “Dès qu’on est devenu un acteur important sur le marché français, on a pu faire nos premiers pas en Belgique, avec l’intention de dérouler aux Pays-bas ensuite. Parce qu’une fois le site traduit en néerlandais, il est évident que le Benelux est un terrain de jeu intéressant.” Avec Ouistock, Costockage ou I stock for U, les concurrents ne manquent pas. Pour autant, Laure n’est pas inquiète. Au contraire, c’est selon elle la promesse d’une forte croissance en Europe. “C’est un joli marché”, conclut-elle. Retrouvez cette rubrique en podcasts sur Deezer www.maif-deezer.com et l’ensemble des articles #ideecollaborative sur maifsocialclub.fr