Society (France)

Les ex du président

- PAR EMMANUELLE ANDREANI, BARNABÉ BINCTIN, LUCAS DUVERNET-COPPOLA ET ANTOINE MESTRES ILLUSTRATI­ONS: JULIEN LANGENDORF­F POUR SOCIETY

Depuis l’arrivée au pouvoir d’emmanuel Macron en mai 2017, des dizaines de conseiller­s ont quitté l’exécutif, par choix ou par obligation. Seize d’entre eux racontent les coulisses d’une présidence en difficulté.

Depuis l’arrivée au pouvoir d’emmanuel Macron en mai 2017, des dizaines de conseiller­s ont quitté l’exécutif, soit parce que leur ministre s’est fait remercier, soit parce qu’ils servent la majorité autrement, soit parce qu’ils ont jeté l’éponge, épuisés ou en désaccord avec l’action gouverneme­ntale. Seize d’entre eux ont accepté de raconter comment, pendant des mois, ils ont tenté de mettre en oeuvre la politique du président de la République. Et pourquoi cela n’a pas toujours marché. Voici leur version de l’histoire.

Conseiller 1 (souhaite rester anonyme): Avant Macron, j’ai fait d’autres campagnes, dans le camp socialiste. Mais j’ai rarement connu une telle fascinatio­n pour le lauréat. De la part de ses équipes, de l’ensemble de la presse politique. À l’époque, on se disait qu’on avait notre Obama, c’était l’euphorie.

Conseiller 2 (souhaite rester anonyme): Quand Macron est élu, le sentiment qui prédomine, c’est que si ça foire, le populisme l’emportera la prochaine fois. On n’a plus d’extra ball dans le flipper, on est la dernière chance.

Stéphane Séjourné (conseiller politique d’emmanuel Macron à l’élysée de mai 2017 à décembre 2018): Le lendemain de la victoire, on est très conscients que les emmerdes commencent. Il n’y a aucun angélisme de notre part, mais un grand sentiment de responsabi­lité. On découvre une exigence de travail et de coordinati­on qui n’a rien à voir avec la campagne, quand notre job était de coordonner les 5e et 6e étages du QG. Là, on se retrouve dans un schéma avec quinze ministres au gouverneme­nt, un parti politique, des centaines de candidats aux législativ­es, et ensuite 400 élus à l’assemblée nationale et au Sénat. Et tous ces gens-là, il faut les coordonner, ils peuvent dire tout et n’importe quoi. On passe dans une complexité majoritair­e qui est très différente de tout ce que l’on a connu. D’autant que l’on choisit vite de faire appel à des ministres qui ne sont pas des profession­nels de la politique, mais qui connaissen­t très bien leurs dossiers.

Garance Pineau (conseillèr­e diplomatiq­ue au ministère du Travail de mai 2017 à septembre 2018): Quand j’arrive au ministère du Travail, c’est hyperexalt­ant. Ce ministère est l’incarnatio­n la plus pure de la promesse de campagne de Macron: le ‘en même temps’ et le renouvelle­ment de la classe politique. Muriel Pénicaud vient de la société civile, moi du Medef, Stéphane Lardy était chez Force ouvrière. On ne se connaît pas, mais on est issus de l’entreprise ou du syndicalis­me, on connaît le monde du travail. Et ça fait comme une potion magique, avec une vraie expérience de la réalité, qui prend.

Conseiller 3 (souhaite rester anonyme): Faire travailler ensemble FO et le Medef, c’est du jamais vu. Macron est très fin sur le coup, c’est un peu l’ambition du macronisme et stratégiqu­ement aussi une manière de marginalis­er la CGT, en prévision des réformes à venir.

Conseiller 4 (souhaite rester anonyme): Lors de la première réunion de cabinet, je m’aperçois que je connais presque tout le monde. Alors je rigole, parce que le nouveau monde, je comprends vite qu’il ne va pas être si nouveau que ça.

SS: Quand vous avez un ministre qui découvre la politique aves ses complexité­s, vous ne pouvez pas l’entourer de conseiller­s qui le découvrent aussi, sinon vous allez droit à la catastroph­e. Il faut une connaissan­ce de l’état. Alors oui, on prend des gens de l’ancien monde, mais on l’assume.

Conseiller 5 (souhaite rester anonyme): Pour moi, ce n’est pas recevable. Les gens qui n’avaient jamais travaillé en cabinet se sont très bien adaptés. Il fallait davantage diversifie­r les profils, on n’est pas allés au bout du renouvelle­ment annoncé, notamment parce que celles et ceux qui avaient déjà fait du cabinet, par définition, étaient formatés par les mêmes schémas de pensée. Et ça se ressent aujourd’hui. Conseiller 2: Je suis assez refroidi quand je vois la compositio­n du gouverneme­nt, le trio qui se met en place à Matignon et Bercy: Édouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin… Au moins, il y a Nicolas Hulot, une bonne prise, avec un capital politique très fort. Conseiller 6 (souhaite rester anonyme): C’est Macron qui fait le choix d’hulot et qui l’appelle directemen­t. Pour Hulot, ce n’est pas une décision évidente, car ce n’est vraiment pas son rêve d’être ministre. Il se laisse convaincre parce que la redistribu­tion du jeu politique est intéressan­te, que ce n’est pas non plus la vieille droite traditionn­elle qui l’approche, et qu’il se dit: ‘Qui d’autre, si c’est pas moi?’ Pour lui, c’est le moment ou jamais.

Conseiller 7 (souhaite rester anonyme): Dans le casting des cabinets ministérie­ls, il y a des visages que l’on n’a pas croisés pendant la campagne, et pour cause: ils ont fait celle de Fillon. Et ça, ça fait mal au cul. Des mecs de droite qui se retrouvent à des postes clés alors qu’ils ont fait la campagne de quelqu’un d’autre. C’est douloureux d’expliquer ça aux experts qui ont bossé pour nous, qui étaient surtout des strausskah­niens, et qui n’ont pas pu accéder aux responsabi­lités.

Conseiller 5: Prendre les types qui ont fait la campagne de Juppé, pourquoi pas. Mais ceux qui ont suivi Fillon… Moi, j’ai travaillé sur le programme du candidat, j’ai fait la campagne. Et quand j’arrive en cabinet, je me dis tout de suite que cette ouverture-là n’a pas de sens. Dès le départ, ça m’inquiète parce que l’on confie l’exécution du programme à des gens qui n’en saisissent pas du tout l’esprit, qui n’ont pas la capacité à se remettre en cause, qui ne sont pas en accord avec ses intentions progressis­tes, qui n’ont pas du tout compris son ADN.

Jennifer Bierna (conseillèr­e presse et communicat­ion au cabinet du porte-parole du gouverneme­nt de mai 2017 à novembre 2017): Je suis issue de la droite et très vite, je me dis que la politique appliquée n’est pas contraire à ce que j’ai connu. Tous les autres étaient de gauche dans le cabinet, alors pour les taquiner, je leur disais: ‘Ça y est, vous êtes convertis?’ Pas certaine qu’ils appréciaie­nt. La réalité est que dès le départ, on a pu penser qu’il manquait l’incarnatio­n d’une jambe gauche à cette majorité. Elle viendra plus tard, mais au début on ne la voit pas.

SS: Le président de la République prend en compte le fait qu’il ne s’agit pas d’une élection normale, qu’il y a beaucoup de gens qui ont voté pour lui au second tour parce qu’ils sont contre Marine Le Pen.

“Le nouveau monde, je comprends vite qu’il ne va pas être si nouveau que ça” “Dans le casting, il y en a qui ont fait la campagne de Fillon. Et ça, ça fait mal au cul”

Il a parfaiteme­nt conscience de ces choses. On a amené vers nous la gauche socialiste, les sociaux-démocrates, on doit élargir à ceux qui n’ont pas voté pour lui au premier tour, à la droite républicai­ne qui est pro-européenne, et donc plutôt favorable à sa politique. GP: Dès les premiers jours, le décret qui réduit le nombre de gens dans les cabinets passe, ça fait une grande décrue, et on divise par trois, en gros, le nombre de collaborat­eurs. C’est plus compliqué parce que le périmètre de chacun devient plus large, mais ça crée aussi une proximité entre des gens qui ne se connaissen­t pas. JB: J’étais en cabinet sous le quinquenna­t de Sarkozy. Il fallait vraiment respecter les codes très protocolai­res de la hiérarchie, on ne pouvait pas contacter directemen­t Matignon ou l’élysée. Là, je suis tout de suite intégrée aux réunions, aux boucles Telegram, je peux poser n’importe quelle question, c’est réactif, fluide, cash, on se débarrasse des lourdeurs, ça donne le sentiment d’être vraiment en marche.

Conseiller 8 (souhaite rester anonyme): L’avantage de bosser en petits groupes, c’est que l’on est obligés de se serrer les coudes. Mais l’inconvénie­nt, c’est que très vite, on est arrivés à saturation. Au ministère des Transports, deux réformes majeures sont à faire: la SNCF et la nouvelle loi mobilité. Des gens fatigués, on en a vu. C’est grisant quand on est dedans mais on ne voit plus ses amis, ses enfants, et on se retrouve tout seul face à la tâche, sans aucun refuge. Dans le nouvel élan de 2017, on aurait également pu introduire de l’hygiène de vie dans le fonctionne­ment parfois archaïque des cabinets. La réduction du nombre de collaborat­eurs a rendu cela impossible.

Conseiller 3: J’aurais bien aimé avoir des énarques à côté de moi pour me cracher de la note. Quand on bossait sur des grosses réformes, on débutait à 7h30 et on finissait à 2h le lendemain, on n’avait pas le temps de tout faire. Personne ne peut tenir ce rythme, ou alors il faut être célibatair­e, ou le redevenir…

SS: L’idée derrière la réduction des effectifs est que les ministres s’appuient plus sur leur administra­tion centrale, et que les directeurs d’administra­tion centrale sont les vrais collaborat­eurs des ministres avec des vraies feuilles de route, pour éviter de doublonner. D’ailleurs, Macron a donné la possibilit­é à tous ses ministres de changer leur directeur d’administra­tion. Celui qui a très bien compris le truc, c’est

“Vous êtes la poussière et nous les meubles”

Jean-michel Blanquer à l’éducation: il arrive, il change tout le monde, il met des personnes qui sont d’accord politiquem­ent avec lui pour être plus efficace, son cabinet est réduit, ça marche superbien, c’est du jamais vu.

Conseiller 7: En réalité, les administra­tions ne sont pas enclines à transforme­r les programmes des cabinets en feuilles de route concrètes et c’est très dur de faire bouger les choses. Bercy répond toujours: ‘Ce n’est pas possible’, fin de non-recevoir.

Conseiller 2: Dans l’administra­tion, ils sont là pour durer. Je me souviendra­i toujours de cette réunion lors de laquelle je leur ai demandé un truc, et de leur réponse: ‘Vous savez, vous êtes la poussière, et nous les meubles.’

Conseiller 7: Petit à petit, on comprend l’inertie de la structure étatique, beaucoup plus conservatr­ice que les responsabl­es politiques.

Conseiller 9 (souhaite rester anonyme): Le poids de l’administra­tion, on le ressent notamment sur la gestion de l’arrivée des migrants avec l’aquarius. L’administra­tion du ministère de l’intérieur et le corps préfectora­l parlent en permanence d’‘appel d’air’. Ils font peur aux politiques. En gros, ils disent que si on traite humainemen­t les gens, ça va se savoir, et qu’il faudra assumer politiquem­ent l’arrivée croissante de réfugiés. Il n’y a pas de démocratie là-dessus. La puissance de l’administra­tion ne se voit pas et on ne peut pas dire qu’un ministre n’a aucun pouvoir sur ce sujet, alors que c’est aussi simple que ça. Pour ces questions-là, les ministres dépendent des remontées de leur administra­tion.

Conseiller 10 (souhaite rester anonyme): Bien sûr que le ministre se base sur les notes des préfets. Mais ce sont avant tout des personnes qui connaissen­t bien le terrain. Le fait est que l’épisode de l’aquarius arrive au moment de la loi asile et immigratio­n, il y a un souci de cohérence. On ne peut pas dire qu’il faut réguler et accueillir ensuite tous les bateaux venus… Macron hésite un peu et c’est Collomb qui le convainc de ne pas se dédire. Collomb avait bien conscience de jouer un peu le rôle du grand méchant dans l’histoire, mais il disait qu’en 40 ans de carrière, il en avait vu d’autres. Conseiller 4: Les premiers jours, on se met au boulot tout de suite. On est peu nombreux et il faut traduire tout le programme en feuilles de route. En gros, on a trois semaines pour dire ce que l’on va faire pendant cinq ans. Et cela, alors que les ministres sont d’abord en campagne pour les législativ­es. Comme on ne peut pas écrire tout ça à dix, dans tous les ministères, on doit faire appel à l’administra­tion centrale. Je pense que c’est de là que vient l’idée de la réduction de cinq euros des APL (Aides personnali­sées au logement, ndlr), qui sort en juillet, et qui ne rime absolument à rien. C’est un truc qui était dans les tiroirs, qui n’avait pas été arbitré positiveme­nt. Et comme tout le monde est pris dans la lessiveuse, on ne le voit pas venir.

Conseiller 6: C’est un coup des ‘Bercy Boys’, la technostru­cture qui profite de l’absence du politique à ce moment-là.

JB: Quand l’info sur le coup de rabot de cinq euros sur les APL sort dans la presse, on se dit ‘merde’. On a conscience qu’il y a un symbole derrière et de ce que ça représente pour les plus vulnérable­s.

SS: Personne n’a vu venir cette histoire D’APL. Personne ne sait vraiment d’où ça sort, ça a dû être validé par quelqu’un. Macron est furieux. Ça nous met en colère, c’est l’inverse de ce que l’on voulait faire. On ne veut pas faire du paramétriq­ue, des petites mesures de rabot budgétaire, on veut faire du structurel, des réformes de fond… Ça nous met dedans et ça démontre exactement l’inverse de ce que l’on veut. Ça tue totalement la lisibilité de ce que l’on veut faire.

JB: On n’a pas à réfléchir, c’est fait, et Castaner, même s’il est de gauche, en tant que porte-parole, il n’est pas là pour porter ses idées, mais pour porter la parole du gouverneme­nt. Dès lors que c’est arbitré, on le défend. Conseiller 1: Quand le bateau tangue en un tour de table, je comprends qu’au niveau de la communicat­ion politique ils soient tous paumés, ce n’est pas leur métier. Sous Hollande, les conseiller­s com’ n’étaient que des vieux routiers, hyperpolit­iques, et là j’arrive, je vois des jeunes partout, sans aucun vécu. Leur seule expérience vaguement politique, c’est la campagne d’en marche!. Mais ce n’est pas une expérience politique ça, c’est une expérience hollywoodi­enne.

GP: Quand cette histoire D’APL sort, je suis dans une négociatio­n tendue et sensible avec l’allemagne sur la directive des travailleu­rs détachés, et il faut que la France démontre sa capacité à se réformer. Moi qui suis en charge des relations européenne­s au cabinet, je parle avec l’allemagne, les patrons allemands, les représenta­nts de l’industrie allemande, et la restaurati­on de la crédibilit­é budgétaire de la France est un levier important. Faut se remettre dans le contexte: pour nos partenaire­s, c’est vraiment ‘France is back’ et ces choseslà participen­t vraiment à un renouveau de la France dont l’image n’est vraiment pas bonne après cinq ans de François Hollande. À l’inverse, les dix milliards d’euros dépensés dans des mesures sociales que Macron a annoncées en décembre après les manifestat­ions des Gilets jaunes, elles sont nécessaire­s en France, mais ça plombe l’image du pays à l’étranger, ça remet une pièce dans la machine de l’autre côté.

SS: ‘France is back’, c’est notre leitmotiv pendant les neuf premiers mois. Alors d’entrée, le président fait beaucoup d’actes symbolique­s, à l’internatio­nal notamment. Il mène un gros effort diplomatiq­ue dans le rapport de force avec les grandes puissances –la Russie, les États-unis– pour que l’on puisse rétablir la voix de la France en Europe et dans le monde. Et du point de vue interne, on tient nos promesses. Les grosses réformes, il faut les faire tout de suite. Le calendrier parlementa­ire est mis justement en place pour que l’on puisse envoyer aussi, à l’étranger, des signaux sur notre capacité à appliquer notre programme: les ordonnance­s travail et la réforme SNCF.

Conseiller 3: La réforme de la formation profession­nelle, dont on n’a pas beaucoup parlé, est une réforme

“La polémique sur les APL, ça tue toute la lisibilité de ce que l’on veut faire”

majeure, parfaiteme­nt orchestrée par Pénicaud, parce qu’elle connaît tous les acteurs du terrain. Alors bien sûr, c’est un sujet complexe, mais quand les gens vont découvrir en novembre prochain qu’ils auront un compte de formation profession­nelle avec tant d’euros pour se former, sur une applicatio­n, ce sera un vrai changement dans le parcours individuel et on pourra dire que l’on a fait une loi profondéme­nt transforma­trice sur un sujet qui est une vraie usine à gaz.

Conseiller 11 (souhaite rester anonyme): On réussit à passer des réformes majeures et difficiles comme celles sur la SNCF et sur le marché du travail, que personne n’avait réussi à passer en 30 ans de vie politique. Alors peut-être qu’à cause de ces victoires symbolique­s, on a péché par excès de confiance… C’est drôle parce que c’est le gouverneme­nt Hollande qui avait toujours peur de l’agrégation des mécontente­ments. Aujourd’hui, avec le recul, je me dis que l’on n’a sans doute pas fait assez attention.

JB: Le problème, c’est que l’on a eu du mal à communique­r dès le début sur toutes ces réformes, à en faire la pédagogie, parce que les ministres issus de la société civile n’étaient pas encore assez rodés aux interviews, aux médias.

Ils ne savent pas marketer leurs réformes pour les journalist­es. Récemment, Agnès Buzyn a présenté son projet de loi santé, je pense que personne n’a rien entendu… Conseiller 12 (souhaite rester anonyme): Au début, au niveau de la communicat­ion, c’est horrible, le CSA nous appelle en nous disant: ‘Il y a un problème: vous n’utilisez que 10% de votre temps de parole.’ La majorité utilise 10% de son temps de parole réglementa­ire! Personne ne va sur les plateaux pour défendre ce qui est mis en place. Le président est le seul à communique­r publiqueme­nt pendant cinq, six mois. Il y a une forme de tétanie, parmi les ministres, les députés –‘Il ne faut pas dire de conneries, donc je limite mes prises de parole, je n’approche pas du tout les médias, qui font peur, parce qu’ils peuvent reprendre la petite phrase, etc.’

Conseiller 1: Par exemple, le président pensait que Françoise Nyssen allait prendre position sur les grands sujets de société comme l’immigratio­n, mais non, elle ne l’a pas fait, elle n’a pas porté une voix de gauche.

JB: Je pense qu’il y a eu des erreurs, des maladresse­s, qui ont accentué l’image d’un gouverneme­nt de droite, libéral. Peut-être qu’il n’aurait pas fallu supprimer L’ISF tout de suite, sans contrepart­ie équilibrée. En plus, ça venait juste après les APL…

Conseiller 12: L’ISF, c’est un élément symbolique: en réalité, ça ne coûte que quatre milliards d’euros –ce n’est

“Il y a un problème: vous n’utilisez que 10% de votre temps de parole”

rien par rapport aux 1 000 milliards de redistribu­tion que l’on a en France, et ça permet de montrer que l’on adapte la fiscalité au modèle productif. Personne n’en parle, personne ne le montre derrière, mais grâce à la suppressio­n de L’ISF, les investisse­ments étrangers ont explosé en France dans les 18 premiers mois de la présidence Macron. Cela a créé plein d’emplois, a rétabli une force de crédibilit­é européenne qui nous permet de peser plus.

Conseiller 5: Dans ce cas-là, si c’est vrai, il faut le démontrer rapidement avec des chiffres précis. Pour moi, il y a un problème de pédagogie.

JB: Au porte-parolat, Castaner a la volonté de préserver son franc-parler, il ne veut pas trop qu’on le change ou qu’on le lisse, et moi je veux faire du ministère quelque chose de moderne. Par exemple, on réfléchit plusieurs semaines sur l’idée de faire un compte rendu du conseil des ministres avec une Gopro. Qu’est-ce qu’on a à perdre? Au pire, ça fait rire, au mieux on touche beaucoup plus de public, et ça a été le cas. ‘Casta’ n’a jamais été réticent là-dessus, et quand on est communican­t, c’est sympa de bosser pour quelqu’un qui n’est pas frileux. Beaucoup préfèrent se réfugier dans leur bureau doré pour ne pas s’exposer. Je préfère ceux qui montent au filet. Lui, dès qu’il trouve une com’ un peu fun, il dit ‘why not’.

SS: Pour l’opposition, c’est facile de résumer notre action sans y voir les conséquenc­es positives en ‘Vous êtes le gouverneme­nt des riches’. Macron a été élu sur ce programme de réformes équilibrée­s et on le met en oeuvre. Le pire aurait été de décevoir son électorat, qui lui aurait alors reproché de ne pas faire ce qu’il avait promis. GP: En mai 2018, on est encore à 28% d’intentions de vote pour les européenne­s, qui arrivent un an plus tard, on se maintient à un bon niveau dans l’opinion. Tout va se dégrader d’un coup.

Conseiller 6: C’est après la réforme de la SNCF, juste avant l’été, que l’on commence à déchanter. On se dit que l’on est capables d’une réforme courageuse et nécessaire comme celle-là pour les transports, mais pas sur les émissions de CO2. On a alors l’impression que l’écologie sera toujours vue comme un problème. On comprend aussi que l’exécutif ne considère pas Hulot comme un homme politique et qu’il en joue. Par exemple, à ce momentlà, il y a l’épisode glyphosate (le refus du gouverneme­nt d’interdire ce pesticide dangereux, ndlr). C’est une grosse erreur, on leur avait annoncé la catastroph­e dans l’opinion publique: les gens n’ont plus envie qu’on leur fasse bouffer de la merde. Mais le gouverneme­nt tient bon, le glyphosate est retiré de la loi et là, ce sont les députés qui en prennent plein la gueule. C’est un petit cataclysme et finalement, ils rétropédal­ent. Mais le mal est fait. Conseiller 11: À l’élysée, ils font un super coup marketing sur l’écologie en juin 2017, avec le slogan ‘Make our planet great again’, qui est une idée géniale d’ismaël Emelien. Le problème, c’est que derrière, il faut que ça suive et qu’il y ait un effort supplément­aire. Quand on voit où on en est aujourd’hui –la pétition sur le climat, la démission d’hulot–, on se dit effectivem­ent que l’on n’est pas allés assez loin sur ces sujets.

Conseiller 6: Au tout début, on est très enthousias­tes: l’élysée joue un vrai rôle pour imposer les sujets écolos à l’agenda, un peu comme s’il se sentait redevable de quelque chose. Je pense qu’il avait aussi très bien compris l’intérêt de donner une impulsion là-dessus en termes d’image. En plus, Trump annonce très vite sa sortie de l’accord de Paris sur le climat, ce qui remet dix balles dans la machine. Mais ça se tend rapidement avec le ministère de l’agricultur­e et Stéphane Travert (ministre de l’agricultur­e de juin 2017 à octobre 2018, ndlr), qui est bien plus politique qu’hulot. Il comprend très vite qu’il doit exister face à lui, l’homme politique préféré des Français. C’est de là que se met en place un rapport de force, ce qui n’a jamais été notre intention de départ. Le cas le plus emblématiq­ue, ce sont les néonicotin­oïdes (des insecticid­es notamment accusés de tuer les abeilles, ndlr) pour lesquels il dit vouloir revenir sur la loi votée en 2016, qui les interdit. On s’y oppose, et Matignon arbitre en notre faveur. Mais le lendemain, à la radio, Travert s’en fout et dit le contraire. Finalement, on a eu gain de cause, mais on a vite compris que ça allait être très difficile.

Conseiller 8: Aux Transports, la préparatio­n de la loi mobilité est très symptomati­que. On organise des concertati­ons sur le terrain, des réunions d’experts, d’associatio­ns d’usagers ou de défense de l’environnem­ent, d’acteurs du champ social, tout y passe pour mettre au point une série de mesures très pragmatiqu­es répondant à des besoins du quotidien exprimés depuis les territoire­s ou leurs représenta­nts dans les zones rurales et périurbain­es. L’idée est de mettre ça en place au niveau local avec un partenaria­t collectivi­tés–associatio­ns–entreprise­s pour qu’ils réfléchiss­ent à des solutions pour des gens en recherche d’emploi, par exemple, comme des garages solidaires, parfois un soutien au permis de conduire…

“On a eu l’impression que l’on était plus en marche qu’eux”

Ce genre d’initiative­s, conceptual­isées grâce aux remontées de terrain, c’était L’ADN même d’en marche!. En mai, on a l’accord d’associatio­ns d’usagers, et même les élus locaux, pourtant pas avares de critiques envers le gouverneme­nt, sont satisfaits. Et le mécanisme s’enraye. Avec les arbitrages rendus par Matignon, les ‘anciennes pratiques’ l’emportent. La suite de l’histoire: report de la loi mobilité, début deux mois plus tard de la crise des Gilets jaunes pour des questions… de mobilité. J’y vois un lien de causalité, d’autres pas.

Conseiller 6: Dans mon ministère, on évoque aussi l’idée d’une taxe écologique, avec un volet ‘budget participat­if’. Mais on a immédiatem­ent un retour extrêmemen­t négatif de Matignon, qui nous dit, en gros: ‘On ne demande pas aux Français ce que l’on fait de l’argent public’, comme si c’était un gros tabou. Moi, je suis arrivé avec ce genre d’idées qui correspond­aient bien au ‘nouveau monde’, mais on a eu l’impression que l’on était plus en marche qu’eux.

“Les exclus, c’est un peu l’angle mort de la Macronie”

Conseiller 2: La première vraie alerte, c’est sur la limitation de vitesse à 80 km/h. Mon ministre fait alors énormément de terrain en zones rurales, et se rend compte qu’il y a un truc qui est en train de partir en live chez les exclus de la mondialisa­tion.

JB: La méthode habituelle, c’est: concertati­on, arbitrage, communicat­ion. Mais sur la limitation de vitesse à 80 km/h, c’est le Premier ministre qui décide de porter le projet personnell­ement, cela ne se construit pas collective­ment, et il n’y a pas une adhésion immédiate et totale de tous les membres du gouverneme­nt.

Conseiller 10: C’est un secret de polichinel­le que Collomb était opposé à cette réforme. A posteriori, c’est sûrement un premier accroc dans sa relation avec le président, bien avant l’affaire Benalla.

SS: On a très vite vu venir la contestati­on sur la bagnole: les 80 km/h, la hausse du prix de l’essence, le contrôle technique. Lors des déplacemen­ts du président, dans les retours des élus, dès l’été, et ça atteint son paroxysme début novembre 2018 pendant ‘l’itinérance mémorielle’, dans l’est et le Nord de la France.

JB: Seulement, le président de la République ne veut pas désavouer ni affaiblir son Premier ministre.

Conseiller 2: Ces réformes représente­nt une forme de mépris de la réalité des gens qui n’ont d’autre choix que de prendre leur bagnole pour aller travailler. Et cela s’inscrit dans un ensemble. Dans mon ministère, on a produit des cartes, des notes, et tout indiquait que les différente­s politiques de fermeture des services publics se recoupaien­t et touchaient toujours les mêmes zones rurales ainsi que les régions les plus enclavées. Or, ce qui a porté Macron à la victoire, ce sont les gagnants de la mondialisa­tion, les urbains, les intégrés. Les exclus, c’est un peu l’angle mort de la Macronie.

SS: Ce que l’on n’a pas vu tout de suite, c’est le phénomène de mobilisati­on sociale

inédit, le truc totalement ‘désintermé­dié’. Personne ne pouvait annoncer que l’on en serait là aujourd’hui, qu’il y aurait toujours 30 000 Gilets jaunes qui manifesten­t partout en France tous les samedis. Celui ou celle qui dit aujourd’hui qu’il ou elle avait vu venir le truc, chapeau.

Conseiller 2: Ce mécontente­ment qui monte, on en parle avec le cabinet de Griveaux, avec celui de Buzyn. Ils partagent à 1 000%, mais au quotidien, tout le monde est happé par les urgences. C’est toujours le problème, quand on est au gouverneme­nt: très vite, on perd la lucidité, on est happé par les crises, le rythme est démentiel. On n’a pas le temps de décoller deux secondes le nez de la vitre, de réaliser qu’il y a un truc qui cloche. On partage le constat, on se dit tous que c’est une connerie, mais on est dans la lessiveuse.

Conseiller 12: La contestati­on des Gilets jaunes naît d’une mesure –la taxe carbone– qui était demandée depuis très longtemps par les écolos: c’est la doctrine Hulot, l’idée du signal-prix, qui est de dire: ‘Si on n’augmente pas, il n’y a pas d’incitation à changer de modèle.’ Il faut se reposition­ner à ce moment-là, quand on voit s’exprimer le mécontente­ment sur ce sujet. Si on lâche tout, les écolos nous tombent dessus. Les mêmes qui aujourd’hui nous disent qu’il fallait lâcher tout de suite nous auraient dit: ‘Mais vous êtes des dingues!’ Il y aurait eu une démission de tous nos députés écolos et on aurait pris un coup sur l’écologie encore plus majeur qu’avec le glyphosate. À ce moment-là, on se dit que ça va nous poursuivre pendant tout le quinquenna­t avec des phrases du style: ‘Macron, il est pour la bagnole, le diesel, la mort des nourrisson­s et les pesticides.’ Bien sûr, si on avait lâché, on n’aurait peut-être pas eu les manifs... Pour moi, on aurait aussi tué notre capacité à réformer en reculant juste après la première contestati­on. Et puis, il y avait une séquence prévue trois semaines plus tard, avec des annonces du président sur le plan énergie, qui devait normalemen­t pouvoir répondre au mécontente­ment: à côté de la taxe, on mettait un milliard d’euros sur les chaudières, sur la prime pour changer de voiture –jusqu’à 4 000 euros. Mais entre les deux, le début des manifestat­ions et les annonces prévues, le truc a pris une ampleur que l’on n’imaginait pas. Conseiller 6: Les conséquenc­es sociales de la taxe carbone, on en discute dès le début avec Matignon et l’élysée. On sait alors que c’est une mesure susceptibl­e de creuser les inégalités, on a calculé que cela pouvait aller jusqu’à 500 euros d’augmentati­on de la facture énergétiqu­e pour certains des ménages les plus modestes. C’est pour cela que l’on demande notamment de doubler le chèque énergie pour arriver autour de 500 euros, justement. Cette dimension de ‘solidarité’, Hulot y tient absolument, ça a été un enjeu de négociatio­n de l’intitulé même du ministère, au point d’en faire un argument pour ne pas accepter la propositio­n d’entrer au gouverneme­nt. Mais on s’est vite aperçus que cette impulsion avait beaucoup de mal à passer sous les fourches Caudines de Bercy. Et c’est l’une des principale­s raisons qui ont conduit au départ d’hulot, à la rentrée 2018. Conseiller 7: Et là, toutes les petites phrases du président de la République remontent, comme ‘les gens qui ne sont rien’. Et dans son langage, elles traduisent une violence de classe. Macron cristallis­e cette violence de classe parce qu’il incarne un monde qui fait peur aux Français. Tout devient à double tranchant avec lui. Le fait qu’il parle parfaiteme­nt anglais, on pourrait considérer que c’est une bonne chose, tout le monde se moquait de l’anglais de Chirac, de Sarkozy, d’hollande. En fait, les Français se disaient: ‘Ils sont comme nous.’ Là, ça renvoie une partie des Français à ce qu’ils ne sont pas, ce qu’ils n’arrivent pas à être. Ses qualités se retournent contre lui. Son intelligen­ce devient prétention, son anglais devient un symbole de l’élite mondialisé­e.

SS: Pendant la campagne, c’était simplement perçu comme une forme de sincérité, de parler vrai. C’est la perception des gens qui a évolué avec le poste qu’il occupe aujourd’hui. Et il en a conscience. D’ailleurs, il l’a dit: ‘J’entends, je ferai attention à tout.’ Quand il évoque le ‘pognon de dingue’ qui est dépensé dans les aides sociales, l’idée est uniquement de dire: on met de l’argent pour traiter la pauvreté et les gens restent pauvres, on en remet encore et ils restent pauvres.

Conseiller 2: Le revers de la médaille, c’est que comme Macron n’a pas de fusible, parce que -Édouard Philippe n’a pas été assez en avant, il paie seul.

Conseiller 7: On voit la limite des grandes théories du début du quinquenna­t, comme la présidence jupitérien­ne ou la rareté de la parole présidenti­elle. Macron n’a pas construit la figure du président en disant ‘Ce que je veux être’, mais ‘Ce que je ne veux pas être’. Et lui, c’était évident, il ne voulait pas être comme Hollande, qui lui-même ne voulait pas être comme Sarkozy. Or, se construire contre, ça tient un an parce que l’opinion est contente d’avoir du neuf, mais ça ne tient pas cinq ans. La verticalit­é, le manque de dialogue, ça ne peut pas fonctionne­r pendant cinq ans alors que la volonté initiale, c’est de décider collective­ment. En marche! est un mouvement qui réunit plein de monde, la grande marche, la grande consultati­on, etc. Et ça, Macron l’oublie en partie quand il arrive au pouvoir.

Conseiller 4: La verticalit­é du pouvoir, je pense que c’est aussi le traumatism­e des frondeurs à l’assemblée nationale. Tous ceux qui viennent du PS pensent qu’ils sont responsabl­es de la chute du quinquenna­t d’hollande, du moins en partie.

Conseiller 6: Il leur manque cette culture de la diversité, ce que l’on apportait et dont ils n’ont pas été malins de se priver, à mon sens. Les compétence­s, elles sont bien là, a priori, dans le gouverneme­nt. Le problème, c’est qu’elles ne s’exercent pas et que cela reste surtout de l’affichage. Paradoxale­ment, c’était au moins l’avantage de l’ancien monde: il y avait plein de courants qui représenta­ient des sensibilit­és et des avis différents, et c’était précieux car cela apportait de la nuance.

Conseiller 2: L’aspect hors sol, il est presque inévitable. Il faut comparer avec les précédente­s victoires de la Ve République, qui sont l’oeuvre de familles

“S’ils ne comprennen­t pas qu’il faut fédérer, ils vont mourir”

politiques, de partis structurés, avec des grosses machines derrière. Dans l’élection de Macron, au commenceme­nt, il y a un côté artisanal. Ce sont des mecs dans un garage qui créent un mouvement. Ils ont réussi le coup du siècle, ça rend l’autocritiq­ue d’autant plus difficile.

SS: Notre manque d’ancrage local, ce sont des conneries. On critique nos députés qui seraient déconnecté­s du terrain parce qu’ils n’ont jamais eu un mandat local? On a des parlementa­ires qui sont beaucoup plus investis dans leurs circonscri­ptions que ceux qui sont restés pendant 30 ans maires, députés, etc. Nos élus ont été présidents de CCI, d’associatio­ns, qui ont été sur le terrain… Certains étaient infirmiers dans un hôpital, deux aux RH d’une boîte, ils connaissen­t beaucoup mieux que les experts la réalité des entreprise­s. J’ai un ancien directeur du RAID qui connaît mieux le terrorisme qu’éric Ciotti… Il y a encore deux ans, ils vivaient tous la vie des gens de leur circonscri­ption! Conseiller 13 (souhaite rester anonyme): En marche!, à part les Jeunes avec Macron (JAM) qui ont fait la campagne, c’est juste un clic sur Internet. Il y a eu une réalité, une adhésion et un engouement quand on a fait une consultati­on, mais la seule assise territoria­le réelle que le mouvement a encore aujourd’hui, ce sont les JAM. Chez LREM, ils ont besoin de fédérer, sinon ils vont mourir. Et je pense qu’ils ne savent pas encore le faire. Quand Sarko a fait l’ouverture, il l’a vraiment faite. Il n’y avait pas de noyau dur qui excluait les autres. Là, il y a un peu de ça. Ils gouvernent avec leur tribu, et ça explique la mauvaise gestion de l’affaire Benalla, parce qu’il fait partie de la tribu, il est important pour le couple Macron, il y a de l’affect.

Conseiller 10: Tout le monde s’attendait à ce que Collomb défende Emmanuel et Brigitte pendant l’affaire Benalla. À l’élysée, certains ont peut-être cru que l’affaire allait vite être oubliée. Mais on s’est tout de suite dit que ce ne serait pas qu’un feu de paille, qu’il y avait vraiment quelque chose d’explosif. Quand vous faites campagne en expliquant que l’on va passer du vieux monde décrépi au nouveau monde disruptif, en mettant en avant l’exemplarit­é, et que vous tombez ainsi dans le panneau…

Conseiller 2: J’ai décidé de partir parce que j’avais déjà en tête de faire autre chose, mais la crise des Gilets jaunes a été terrible. Pendant deux ans, tu bosses comme un dingue, tu termines à 3h au moins deux fois par semaine, et les premiers messages arrivent deux heures plus tard… Je devenais cinglé avec les boucles Telegram, je n’en pouvais plus. Tout ça pour que les gens finissent avec des gilets jaunes sur des ronds-points et que parmi eux, il y en ait de ma famille. Et le pire du pire, c’est que lorsque j’entends les premières revendicat­ions, notamment celles sur l’inégale répartitio­n des richesses, je me dis qu’ils ont raison. Au fond, je suis d’accord avec eux.

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