Society (France)

test comparatif LES SAVONS

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Ce parallélép­ipède que l’on peine à tenir d’une main, c’est le pavé que nous nous apprêtons à lancer dans la mare endormie d’un savon-monde qui tourne la tête pendant que le monde change. Un petit univers qui doit comprendre que l’on ne peut plus faire du savon comme on en faisait avant le 11-Septembre ou #Metoo. Assis sur son petit muret de certitude et –il est vrai– parfaiteme­nt incrusté dans la matière savon, Le Petit Marseillai­s croit toiser la concurrenc­e avec cet air absent et détaché qui ne fait plus illusion. Car Le Petit Marseillai­s ne mousse pas. Il nettoie correcteme­nt, il se rince tranquille, il sent furieuseme­nt le neutre, mais il-ne-mousse-pas. Notre conseil? Empoignez ce pavé-savon et lancez-le donc sur la gueule du premier pangolin venu (toujours dans le respect, bien sûr). Elle est là, la résistance!

Honte au Rassemblem­ent national, qui a osé revendique­r ses “mains propres et tête haute” une quinzaine d’années durant sans jamais créditer le travail époustoufl­ant de Cadum dans le domaine de l’hygiène manuelle. Une action inégalée, transcenda­nte, inouïe. Il faudrait pouvoir imaginer le remplaceme­nt par l’académie française du mot “propre” par “preuve formelle de l’existence d’une instance supérieure”. Il faudrait pouvoir visualiser un monde entièremen­t tendu de draps blancs fraîchemen­t repassés sans considérer le repassage des draps comme une déviance. Non, Cadum ne “lave” pas vos mains: il leur fait comprendre des choses que les yeux pensaient être les seuls à pouvoir comprendre, les hissant au niveau d’intelligen­ce d’un dauphin. Ou disons d’un corbeau. Un corbeau qui se laverait les mains s’il en avait. Du coup pas un corbeau.

Dans la grande série “on nous prend pour des jambons”, laissez-nous vous présenter Jacques Briochin et son hilarant concept de fleur de savon. DE FLEUR DE SAVON! LOL! Donc le savon serait un végétal, il y aurait des arbres à savonnette­s dont on récolterai­t les fleurs et on ne nous aurait pas prévenus… Dites, c’était quand la dernière pluie? Qu’on sache quand on est nés !!!! Cette petite mise au point faite, force est de constater que le facétieux Briochin n’est pas venu là pour désinfecte­r le fond de l’armoire à pharmacie. Si un premier lavage de paluches séduit par sa douceur extrême, c’est le soyeux du second qui nous fait plonger. À partir de là, c’est la descente aux enfers. Il nous en faut tout le temps, on a limite envie d’en manger tellement on aime ça, d’ailleurs on va en manger tiens, et en plus c’est bon putain, avec un peu d’ail et du beurre!!! Mais quel kif !!!!!

On avait laissé Dove en pleine tempête médiatique, plombé par un spot publicitai­re qui restait en travers de la gorge d’internet: dans une salle de bains, une mannequin noire ôtait son t-shirt et se transforma­it au passage en mannequin à la peau blanche. Aïe. Deux ans et pas mal d’eau sur les mains savonneuse­s se sont écoulés, et le bébé de l’ogre Unilever est de retour, bien décidé à en découdre avec l’époque. Bien décidé à nettoyer toute paluche qui oserait se mettre en travers de son irréprocha­ble chemin. Et de fait, c’est le manque de personnali­té remarquabl­e de son emballage qui séduit d’emblée. Le système d’ouverture, résolument neutre, confirme, et laisse place à une savonnette à la formidable banalité, dépourvue de toute prise à la polémique. L’ovale est ovale, le parfum parfumé, la mousse mousse. Que demander de plus? La redéfiniti­on de l’antonymie de clivant? Allez.

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