ROIS ET REINES
Les différents challenges de reproductions grandeur nature de toiles de maîtres avec les moyens du bord ou encore la reconstitution de musées à échelle réduite pour lézards (dont une installation immersive à la Kusama) l’ont récemment prouvé: faire de l’art un point d’accroche avec le réel, en pleine quarantaine, n’est pas toujours sans conséquence sur la santé mentale de psychés submergées par ce temps introspectif imposé. Un couple américain, lui, avait déjà capitalisé sur les possibilités offertes par la combinaison animal de compagnie + amour de l’art + folie domestique, avec la création de l’entreprise Crown & Paw, dont la vocation est “d’aider les propriétaires d’animaux domestiques à exprimer leur amour, adoration et parfois obsession” pour leurs petites bêtes chéries. En envoyant une photographie de leur chat, chien, canard ou hamster, et moyennant un prix qui se situe autour des 50 euros, les clients du site reçoivent ainsi en retour un portrait de leur compagnon exécuté façon art pompier ou Renaissance, les collerettes à la Médicis, décorations militaires et autres lavallières inscrivant l’animal dans un fantasme de postérité sans âge, un reflet humanisé dont la noblesse supposée semble traduire un inquiétant désir d’ascendance au sein du foyer. Le couple de C & P aurait eu l’idée de ce projet malade lors d’un week-end pluvieux à Amsterdam, entre deux gaufres et une visite au Rijksmuseum. De quoi craindre ce que les voyages intérieurs actuels, autrement plus aventureux, pourraient accoucher de concepts lucratifs dans le futur proche.