Society (France)

Anne Hidalgo

- PAR ANTOINE MESTRES ET VINCENT RIOU PHOTOS: ALEXIS PAZOUMIAN POUR SOCIETY

Elle est la maire d’une des villes les plus touchées au monde par le coronaviru­s. Et en campagne pour un second tour des municipale­s qui va sans doute beaucoup porter sur sa gestion de la crise. Tout cela valait bien un entretien.

Pour son premier mandat de maire de Paris, Anne Hidalgo aura connu les attentats de Charlie Hebdo et du 13-Novembre, l’incendie de Notre-dame et la crise migratoire. Et alors qu’elle était en position favorable après le premier tour des élections municipale­s, Paris est devenu l’un des épicentres mondiaux de la pandémie de Covid-19. Ça valait bien un entretien.

Vous faites face à une crise exceptionn­elle dans une situation assez spéciale: vous êtes dans un entredeux-tours, en sachant qu’au deuxième round, vous serez aussi jugée sur votre gestion de cette crise... Bien sûr, et c’est tout à fait légitime. Le 15 mars, lors du premier tour, les Parisiens avaient déjà en tête que l’on entrait dans une période compliquée, même si on a tous découvert ensuite la violence de cette crise inédite, l’angoisse et le stress qu’elle a engendrés. Pour le deuxième tour, les Parisiens vont aussi décider si leurs élus ont fait le job ou pas, et s’ils sont qualifiés pour le faire demain. J’ai tout fait pour apporter les réponses immédiates dont la ville avait besoin, notamment pour soutenir l’économie parisienne. Ce sera à l’équipe élue de décider des mesures plus structuran­tes sur le long terme. Je ne vais pas préempter ces décisions, ce ne serait pas normal d’un point de vue démocratiq­ue.

En tant que maire de Paris, à chaque grande crise, vous êtes très exposée et, dans le même temps, dépossédée de tout un tas de prérogativ­es par le ministère de l’intérieur ou la préfecture. Comment concevez-vous votre rôle? Dans une période de crise –j’en ai vécu un certain nombre de différente­s natures, mais cette dernière est sans doute la plus forte par son impact–, vous vous demandez que faire pour soulager, réparer, atténuer, amortir les chocs. Sur certains sujets, j’ai presque une fonction d’alerte. Face au coronaviru­s, ce que j’ai souhaité faire, tout de suite, c’est protéger les agents de la ville qui ont dû travailler pour permettre à Paris de continuer à fonctionne­r –un peu moins de

10 000 sur 50 000. Ce sont celles et ceux qui ramassent les poubelles, aident les SDF, les personnes âgées, qu’elles soient à leur domicile ou en Ehpad. On ne pouvait pas se permettre d’avoir une interrupti­on de service. Donc, première démarche: que les agents aient des masques. Et heureuseme­nt, on avait été prévoyants en en constituan­t un stock depuis 2012, qui nous a permis de tenir.

Ils n’avaient pas pris l’humidité? Non, je les ai fait tester par les autorités sanitaires. J’ai immédiatem­ent appelé Martin Hirsch (le directeur général de l’assistance publique – Hôpitaux de Paris, ndlr), pour mettre à la dispositio­n de L’AP-HP 1,5 million de masques dès la première semaine. Notre rôle, c’était aussi de soutenir au mieux les plus fragiles. On a pu compter sur des agents du service public remarquabl­es et sur près de 2 000 volontaire­s parisiens qui se sont mobilisés. On a aussi soutenu des grandes associatio­ns humanitair­es en leur fournissan­t du matériel de protection et en les aidant à compenser leur manque de bénévoles –souvent âgés, donc à risque–, pour réduire les défaillanc­es sur les maraudes, les aides alimentair­es.

Beaucoup d’analyses voient dans cette crise un dommage collatéral de la mondialisa­tion. Et vous? Avec votre concept de ‘ville-monde’, vous n’avez pas eu l’impression de prendre un immense taquet? J’aime bien le monde des idées, mais je suis très pragmatiqu­e (rires). On n’a jamais dit: ‘Super, on est des caïds, on est dans le top 3 des grandes villes mondiales.’ Depuis 2014-15, on a aussi travaillé sur les fragilités de la ‘ville-monde’. Parce qu’elles attirent les gagnants de la mondialisa­tion, mais aussi des personnes qui viennent chercher une protection là où il y a de l’énergie, du travail, des services sociaux, bref, de la lumière. Les crises qu’on a traversées pendant ce mandat nous ont justement appris à mettre en place des organisati­ons plus flexibles et plus réactives. En 2015, au moment des attentats, Paris a adhéré au réseau des villes résiliente­s. Toujours avec ces questions en tête: comment surmonte-t-on les crises financière­s et climatique­s –inondation­s, canicules, etc.–, le terrorisme? On avait aussi mis le risque pandémique sur la table. Quand j’ai pris mes fonctions, Michael Bloomberg, le maire de New York de l’époque, était pour moi un vrai modèle car j’ai toujours été frappée de voir les maires de ces grandes villes-monde endosser le blouson de chief commander.

En période de crise, la marge de manoeuvre du maire de New York est largement supérieure à la vôtre. Peut-être, mais ce que j’ai appris, notamment au moment des attentats où le préfet de police s’appelait Michel Cadot et le procureur de la République François Molins, c’est que chacun a un rôle à jouer, chacun à sa place. Les crises révèlent cette capacité à se coordonner pour le bien commun, il faut qu’il y ait un commandeme­nt très fluide. En l’occurrence, c’est le préfet de police de Paris qui détient en cas d’épidémie le pouvoir d’organisati­on et de gestion de la crise. Celle-ci a révélé un besoin de proximité, de dialogue en continu. C’est ce qu’on a compris en travaillan­t avec les maires d’arrondisse­ment. Il y a eu une ambiance très constructi­ve pendant cette crise, même avec les maires de l’opposition, parce que c’est l’intérêt général qui prévaut. On souhaitait tous, par exemple, que les écoles et les crèches rouvrent dans de bonnes conditions. Paris est une ville de

2,2 millions d’habitants, et je veux donner plus de pouvoir aux maires d’arrondisse­ment si je suis réélue.

Les crises révèlent aussi des dysfonctio­nnements, non? C’est vrai, mais les dysfonctio­nnements que j’ai pu voir se situent au niveau de l’état –je ne parle pas du gouverneme­nt, mais d’une bureaucrat­ie extrêmemen­t rigide et puissante. L’état français n’est pas allé au bout de la décentrali­sation et on en a vu les limites avec les masques, les tests, les décisions de bon sens qui n’ont pas été prises, comme par exemple tester tout de suite les personnels et les résidents des Ehpad, qu’ils soient symptomati­ques ou pas. C’était une évidence, et il a fallu quand même se battre pendant quinze jours pour l’obtenir.

Vous n’auriez pas pu décider de le faire toute seule, à Paris? Rachida Dati ne vous a pas épargnée sur ce sujet... Je ne peux pas le faire seule! Concrèteme­nt, par exemple, sur la labellisat­ion des tests sérologiqu­es, il faut attendre leur homologati­on avant de pouvoir en acheter. L’état d’urgence sanitaire, ça veut dire un préfet qui coordonne et une autorité sanitaire qui décide. D’ailleurs, au début, ils ne voulaient pas que je donne des masques à mes agents! J’ai dit que j’avais une responsabi­lité d’employeuse et j’ai décidé de les protéger. J’ai mis un pied dans la porte, notamment sur ces tests dans les Ehpad, et je n’ai pas lâché jusqu’à ce que j’obtienne satisfacti­on.

Le confinemen­t a montré que la ville était difficilem­ent vivable, près de 450 000 Parisiens l’ont fuie selon certains comptages, et ont été parfois critiqués pour cela. Mais heureuseme­nt, finalement, non? Cela a permis à la ville de respirer un peu et ils n’ont pas du tout créé de clusters ailleurs en France. Je suis d’ailleurs admirative des efforts de tous les Parisiens, malgré les images caricatura­les parfois relayées par les médias. Après, je le dis tout le temps, Paris est une ville très dense. C’est un atout, par exemple, sur les déplacemen­ts domicile-travail. Mais forcément, le confinemen­t a été un révélateur: avec 20 000 personnes au kilomètre carré et lorsqu’on est obligé de vivre chez soi, c’est-à-dire pour la majorité des Parisiens dans de petits logements, c’est très difficile.

C’est une leçon à tirer de l’épidémie? Desserrer, dédensifie­r l’habitat, ce n’est pas une idée nouvelle. Dans les quartiers faubourien­s, on a lutté contre l’insalubrit­é en réunissant plusieurs petites chambres en une, pour dédensifie­r, parce que effectivem­ent il faut respirer. Et puis on fait des espaces verts en récupérant des espaces partout où on peut. Et comme on ne peut pas toujours pousser les murs, il faut pouvoir rééquilibr­er l’espace public en réduisant la place de la voiture.

En comparaiso­n à d’autres capitales comme Londres ou Berlin, Paris est minuscule. Le sens de l’histoire, ce ne seraitce pas que chaque ville de la grande couronne, dont Paris, abandonne un peu de son pouvoir au profit d’une entité chargée d’organiser le futur de façon cohérente? Je suis d’accord. Je travaille depuis plus de quinze ans sur la métropole du Grand Paris. On a réussi à construire un cadre commun avec les autres maires, mais ça ne se fait pas d’un claquement de doigts. Il y a l’histoire des communes, des habitants qui y sont attachés, il faut de la coopératio­n et du respect. Dire que Paris est en guerre avec ses voisins, c’est faux. Paris ne doit pas avoir un rôle d’envahisseu­se, mais d’inspiratri­ce et d’accompagna­trice. On travaille avec ces communes sur des initiative­s, la transforma­tion du périphériq­ue et, demain, les JO. Paris entraîne aussi ses voisins dans la lutte contre la pollution et dans la mise en oeuvre d’un réseau de pistes cyclables transitoir­es. Elles font aujourd’hui consensus et c’est pour moi une grande satisfacti­on. On travaille également avec nos voisins des communes limitrophe­s sur le déconfinem­ent.

Des blouses blanches ont récemment réclamé ‘l’équité sanitaire’ à Saint-denis, alors que l’on compte 80 profs de médecine dans le 93, pour 800 à Paris. Comment expliquezv­ous ces inégalités, vous qui êtes au conseil de surveillan­ce de L’AP-HP? Je préside le conseil de surveillan­ce, mais je n’ai pas en charge la gestion des hôpitaux. Paris est une ville où se concentren­t beaucoup de pouvoirs, y compris le pouvoir médical, et il faut évidemment être dans le partage avec les territoire­s qui souffrent et réduire ces inégalités. Concrèteme­nt, dès le début de la crise, j’ai demandé à ce que la Seine-saint-denis bénéficie du Covisan (dispositif de dépistage et d’accompagne­ment des personnes atteintes, ndlr) dès son démarrage. Chaque fois que je le peux, j’embarque la Seine-saint-denis. Pour les JO, j’ai mené la campagne à l’échelle internatio­nale en disant que l’impact principal de ces Jeux serait là-bas, parce que c’est un territoire d’avenir.

La crise a souligné une fois de plus la primauté des enjeux écologique­s. Politiquem­ent, pour revenir au pouvoir en France, la gauche doit-elle forcément se regrouper autour d’une personnali­té marquée écolo? Je suis sociale-démocrate, je n’aime pas trop les appareils politiques mais je garde un attachemen­t à ma famille. J’ai gardé ma carte au PS. Je me suis ouverte à l’écologie dès mon adolescenc­e et quand j’ai été élue en 2001 auprès de Bertrand Delanoë, j’ai porté le premier plan climat de la ville de Paris avec Yves Contassot. L’écologie doit être un point central de notre engagement et des transforma­tions à réaliser, sans l’opposer aux questions sociales. C’est pour cela que j’ai été attirée par ce que proposent Yann ArthusBert­rand ou Nicolas Hulot, parce qu’ils ont justement un discours et une approche humanistes de l’écologie. Ils considèren­t que l’humain fait partie de la nature et qu’il ne peut pas y avoir de politique de transition écologique sans les citoyens.

“Les Parisiens sont les habitants de la capitale de la France, ils ne sont pas les dirigeants du pays. Paris, c’est environ 80% de classes moyennes et de catégories populaires”

On reproche parfois à ces deux personnali­tés d’avoir, à titre personnel, un bilan carbone exécrable. N’est-ce justement pas la limite écologique du concept de ville-monde ou ville-musée? Le modèle économique de Paris dépend du tourisme internatio­nal de masse. Villemusée et ville-monde, ce n’est pas la même chose. Les gens viennent à Paris parce que c’est une ville créative, où il y a un écosystème de l’innovation très attractif et très puissant. Paris, ce n’est pas Rome. C’est plus proche de Milan, dans ce qu’elle incarne en termes d’innovation.

Mais si les frontières ferment durablemen­t, si les hôtels et les restaurant­s ne tournent plus, c’est toute l’équation économique de la ville qui est remise en cause. On est face à une situation nouvelle. Cette crise, à l’origine, c’est le non-respect des espèces sauvages, le fait qu’on leur laisse beaucoup moins de place et que l’homme se soit senti tout-puissant. On ne peut pas imaginer de perspectiv­es durables sans répondre à ces questions environnem­entales, et il faut donc s’inscrire dans la transforma­tion écologique: changer nos modes de production, de consommati­on, de déplacemen­t, de vie, et de façon assez radicale. Il faut tout repenser. Parallèlem­ent, il va falloir résoudre une crise économique et sociale majeure, et là, croyez-moi, on aura les idées sociales-démocrates. Les sociaux-démocrates savent penser les transition­s, mettre en place des processus pour amortir les chocs économique­s.

Selon vous, c’est la social-démocratie qui va triompher de cette crise? C’était un concept plutôt ringard ces derniers temps, dont plus personne ne voulait se réclamer. Si, moi, je m’en

revendiqua­is encore! (rires) La social-démocratie n’a jamais été vraiment pratiquée en France, on a seulement eu une réflexion à l’époque de la ‘gauche plurielle’ de Lionel Jospin sur l’adaptation au marché. Dans les social-démocratie­s, le problème, c’est souvent le manque de courage face à certains intérêts économique­s, et l’arbitrage entre l’intérêt général et les intérêts privés n’a pas toujours été bien géré. Elles n’ont pas non plus été assez loin dans l’implicatio­n de la société civile et des citoyens dans les décisions et l’action. Aujourd’hui, le monde connaît une crise qui va durer, et il y a quelque chose d’intéressan­t à repenser, à reconstrui­re, de façon très pragmatiqu­e, pour les social-démocratie­s, avec l’écologie comme socle.

Quand on voit le bashing anti-parisiens auquel on a pu parfois assister pendant le confinemen­t et que l’on sait ce que Paris symbolise –les bobos, les élites, la technocrat­ie–, on se demande si, quand on est marquée par Paris comme vous l’êtes, on peut rêver d’un destin national... Je ne rêve pas du tout d’un destin national. J’aime ma ville, j’aime les Parisiens, et je pense pouvoir leur être utile. J’ai refusé d’être ministre, je n’ai jamais voulu être députée, parlementa­ire, quand j’en ai eu la possibilit­é. J’ai toujours fait et je ferai toujours le choix de Paris, de cette ville pas comme les autres.

Mais elle n’est pas un peu hors-sol, cette ville? Elle n’est pas hors-sol! Il faut arrêter de projeter cette image caricatura­le. Pendant la campagne, avant le premier tour, on m’expliquait que Paris était la ville des ultraprivi­légiés. Il y a aussi une caricature qui assimile la ville de Paris au pouvoir central et qui est véhiculée et amplifiée par deux ou trois esprits plus ou moins brillants, qui cherchent le bon mot et la facilité, souvent des polémistes, puisque c’est un métier porteur. Mais c’est plus compliqué que ça. Les Parisiens sont les habitants de la capitale de la France, ils ne sont pas les dirigeants du pays. Paris, c’est environ 80% de classes moyennes et de catégories populaires. C’est ça, la sociologie de cette ville. Ceux qui sont restés à Paris pendant le confinemen­t, ce sont elles, les classes moyennes et les familles modestes. Les gens qui ont décidé d’habiter à Paris s’y accrochent, et ils sont prêts à beaucoup d’efforts pour cela, comme vivre par exemple dans peu d’espace. Ils veulent que leurs enfants y soient élevés parce qu’ils considèren­t que cette ville leur offre les opportunit­és pour comprendre et s’inscrire dans le monde de demain.

Vous croyez à un exode vers les campagnes, un besoin de plus d’espace après cette épreuve? Oui, il y aura peutêtre une partie de la population qui cherchera plus d’espace ailleurs. Et ceux qui resteront seront beaucoup plus exigeants sur le fait que l’espace public doit être davantage partagé.

Ces dernières années, votre gestion de la vague migratoire a beaucoup fait parler. On a dit que vous auriez créé un ‘appel d’air’. De votre côté, vous avez déploré ne pas avoir reçu le soutien de l’état que vous espériez. C’est vrai.

Dès l’été 2015, Paris a été confrontée à une crise de l’accueil sans précédent. Dans de telles circonstan­ces, j’ai privilégié une approche humaniste. Paris est une ville qui s’est construite à partir de vagues migratoire­s, grâce à de nombreuses diasporas. C’est son histoire, son âme. Les Parisiens sont solidaires, et quand on leur demandait ‘faut-il accueillir ou pas les réfugiés?’ dans les sondages, 60% répondaien­t ‘oui’. Mon grand-père était réfugié républicai­n espagnol, donc évidemment, quand je voyais arriver ces familles, ces enfants, j’avais en tête les images de ma propre histoire familiale. C’était aussi le cas de beaucoup de Parisiens, qui avaient un peu l’impression d’ouvrir leur album de famille. On ne pouvait pas abandonner les gens comme ça.

Vous vous êtes sentie abandonnée par l’état? J’ai connu deux périodes. La première avec François Hollande: au début ça a été compliqué, il y avait toujours la crainte de l’opinion publique, et à ce moment-là j’ai dit: ‘On va le faire quand même, on va ouvrir un centre humanitair­e.’ Et l’état, le gouverneme­nt, nous ont accompagné­s, en mettant les moyens. En 2017, quand Emmanuel Macron a été élu, il m’a dit qu’il m’accompagne­rait sur cette politique, qu’il fallait absolument être dans l’accueil. Et puis… La position du ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, portée par tout l’exécutif, était beaucoup plus fermée. Je me souviens de Benjamin Griveaux, porteparol­e du gouverneme­nt à l’époque, expliquant que la maire de Paris ne savait pas gérer l’espace communal… L’état, qui est responsabl­e de l’accueil, ne proposait aucune solution et je n’étais pas en mesure de répondre à une crise migratoire sans son aide. Ce que j’ai fait, c’est rendre visible le problème et les invisibles.

“Je ne rêve pas du tout d’un destin national. J’ai refusé d’être ministre”

Donc c’était une bataille de com’? C’en est devenu une, c’est vrai. En 2018, on a eu un gros campement dans le xixe arrondisse­ment et j’y suis allée toutes les semaines, en proposant à des journalist­es ou des personnali­tés de m’accompagne­r. J’ai fait la même chose 40 semaines durant en me rendant sur les sites des campements aux portes de La Chapelle et d’aubervilli­ers. Sur ces sujets, il ne faut pas affronter l’opinion publique, mais l’entraîner, expliquer pourquoi on prend ce chemin-là.

Vous n’avez jamais cru en Emmanuel Macron, surtout pas qu’il était social-démocrate? J’avais prévenu ceux qui l’ont rejoint. J’ai dit ce que j’avais à dire en 2017. Il a été élu, je respecte le président de la République et je travaille avec le gouverneme­nt.

Dans votre for intérieur, vous vous réjouissez de le voir en difficulté, comme vous l’aviez prédit? Non, vraiment, j’aurais

• adoré me tromper.

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