Les vendanges de la weed
Ils viennent de partout pour venir “trimmer” en Californie, autrement dit récolter et trier la beuh locale. Un plan lucratif, mais aussi périlleux. Voire carrément dangereux.
Au nord de la Californie, le “triangle d’émeraude” alimente une grande partie du marché du cannabis américain. Trois comtés à quelques heures de San Francisco qui attirent chaque année des centaines de voyageurs venus travailler illégalement dans les champs pour “trimmer”, c’est-àdire effeuiller la marijuana. Sur place, on les appelle les “trimmigrants”. Une ruée vers l’or vert lucrative, mais hautement risquée.
Le pick-up fonce à toute allure sur la quatrevoies au nord de Laytonville, au milieu de collines jalonnées d’immenses forêts de pins et de séquoias. Au volant, Colin, 36 ans, producteur de cannabis. Toujours souriant, ce blond charismatique aux yeux bleus porte une veste treillis, un jean et une casquette de base-ball aux couleurs des Giants de San Francisco. Il est ce que l’on appelle ici un hipneck, à mi-chemin entre le redneck et le hippie. Comprendre par là qu’il aime manier les armes, mais qu’il aime aussi les raves et fumer des joints. Le symbole de sa réussite, c’est son pick-up, dont les mensurations –six mètres de long, six tonnes– en font l’un des plus chers sur le marché. À la radio, un remix de Bad Guy, de Billie Eilish. Colin monte le son. “C’est ma routine matinale. Un peu de musique à fond, de route à fond, et puis le paradis.”
Le paradis? À quelques kilomètres en dehors de la ville, une barrière de ranch, sans aucune indication. Deux autres pick-up attendent Colin, prennent sa roue, puis le convoi s’engouffre sur un chemin de terre entouré d’arbres gigantesques. Les basses de Colin vibrent et troublent la quiétude environnante.
Vingt minutes de piste encore, avant d’apercevoir la ferme.
En haut d’une colline, sur un terrain dégagé, panneaux solaires, constructions en dur et serres surplombent plusieurs rangées de plants de cannabis de deux mètres de haut. Une dizaine de travailleurs s’y affairent, taillent, transportent et pèsent le butin. “Aujourd’hui, on récolte une nouvelle variété, on a trop hâte de la goûter!” lance Arthur. Cheveux courts, barbe rasée de près, Ray-ban, le style de ce Français tranche avec celui de ses collègues saisonniers, plus portés sur les dreadlocks et les t-shirts Bob Marley. Il transmet les ordres, indique où déposer les bacs pour la pesée. C’est le bras droit de Colin, titre que l’on n’obtient qu’après quelques épreuves. “Pour me tester, Colin m’a fait bosser avec des mafieux mexicains, raconte Arthur. Ils nous ont bandé les yeux pour accéder à leur ferme, on était escortés par des mecs avec des kalachnikovs, on dormait sous des tentes, dans la boue. Ils nous distribuaient la nourriture, une espèce de bouillie, directement dans les mains, sans assiette.” Un bizutage qui ne l’a pas empêché de revenir, c’est comme ça qu’il a gagné la confiance de Colin. C’était il y a six ans. Depuis, Arthur partage sa vie entre la France, où il fait les saisons dans des stations de montagne, et le nord de la Californie. Chaque année, au moment de la récolte, il vient épauler Colin et Tessa, la copropriétaire de la ferme.
Il aide aussi au recrutement des autres saisonniers. “Ici, on n’entre que par réseau”, indique-t-il. Cette année, tous, à l’exception de Tyler, originaire de l’oregon, viennent d’europe, et tous sont ici illégalement. “C’est une sorte d’auberge espagnole de la weed.”
“C’est vraiment le far west”
La récolte est payée 20 dollars de l’heure, mais ce n’est pas pour ça qu’ils sont venus. Leur vrai travail commence après, lorsqu’ils se retrouvent dans un local, à côté de la maison où Colin les loge. Une petite cabane en dur, éclairée au néon. C’est là qu’ils “trimment”, comme on dit dans le métier. “C’est un boulot de manucure. On doit nettoyer les têtes de cannabis, séparer les feuilles, qui contiennent moins de THC, du reste”, raconte Chiara, une Italienne de 24 ans qui fait ce job pour la deuxième année consécutive. Elle est ici pour trois mois, avec un visa de touriste. Le reste du temps, elle voyage autour du monde au gré des rencontres. Dans la pièce flotte une odeur terreuse et lourde de beuh séchée. “À la fin du
séjour, on jette nos fringues, elles empestent le cannabis. Tu as beau les laver plusieurs fois, l’odeur reste ancrée.” Chiara commence à prendre de l’assurance, même si elle est moins rapide que les autres. “Le ‘trimmeur’ parfait vient avec ses propres ciseaux, bien aiguisés”, remarque-t-elle. Plus largement, un bon trimmeur doit être précis et hyperconcentré. Tyler, ami de longue date de Colin qui vient chaque année, a sa méthode: il fume joint sur joint. “C’est subtil, il faut trouver un équilibre entre la weed parfaite, les collègues parfaits et la musique parfaite, tente-t-il. Si tu y arrives, tu as la vibe parfaite, tu peux rester concentré des heures.” Chiara, elle, préfère s’abstenir de fumer pendant le travail, pour être plus attentive. Les trimmeurs restent assis plusieurs heures, parfois sans aucune pause. La cadence est intense, mais l’enjeu est de taille: ils sont payés au poids. S’ils sont rapides, ils peuvent gagner jusqu’à 300 dollars par jour. Un plan lucratif, qu’on se refile dans les communautés de voyageurs. C’est à travers eux que l’info circule et à chaque début de saison, ils sont des centaines à tenter leur chance. Du monde entier, ils débarquent en auto-stop ou en van dans les petites villes du nord de la Californie. Il n’est pas rare de tomber, devant la station-service ou le bar local, sur des groupes de dix trimmeurs. Leur signe de reconnaissance: des panneaux faits main sur lesquels sont dessinés des ciseaux. Ne reste plus ensuite qu’à attendre le passage d’un cultivateur en quête de main-d’oeuvre. “Dans l’imaginaire collectif, c’est l’eldorado, explique Chiara, qui s’autorise enfin, après trois heures de trim, une pause clope de cinq minutes. Tu imagines que tu vas pouvoir passer trois mois dans la nature, totalement en dehors des radars. Parce que c’est ce que la région représente: un territoire où chacun est libre de faire ce qu’il veut dans son coin de montagne.” Mais dans ce paysage sauvage, “la green dimension peut devenir totalement dark”, poursuit la jeune femme. L’année dernière, pour sa première année de trim, Chiara est partie avec une pote rencontrée sur la route. “On a suivi un mec qui avait l’air réglo, mais on s’est retrouvées sur une ferme où il n’y avait que des filles. Le mec faisait des sous-entendus, il était souvent bourré.” Les jeunes filles n’avaient pas le droit de quitter la ferme, une règle courante dans ce milieu: les producteurs veulent éviter que les forces de l’ordre ne repèrent les travailleurs. “En plus, à la fin de la saison, on a galéré pour se faire payer, il voulait nous filer moitié moins que ce qu’il avait promis.” S’il est impossible d’obtenir des chiffres exacts sur le profil des trimmigrants, une majorité seraient des femmes. Parfois très jeunes et parfois très seules, avec le risque de se retrouver dans des fermes isolées où le réseau téléphonique est inexistant. “Là, on est à 40 minutes de la ville la plus proche et on a le droit de prendre un véhicule pour se déplacer et aller faire des courses. Mais plus tu vas au nord, plus c’est isolé et plus ça craint, témoigne Arthur. Juste après le comté de Humboldt, c’est vraiment le far west.” Chiara considère que sa mésaventure de l’année dernière, bien que désagréable, était “soft”. Mais d’autres histoires circulent entre les trimmeurs, par exemple de producteurs qui proposent 50 dollars de plus pour que les filles travaillent seins nus.
Du cash, des hippies, des raids
Colin fait cette fois des allers-retours pour apporter le cannabis fraîchement récolté dans une cabane à quelques centaines de mètres de là, plus loin dans la forêt. “Le secret, ça fait partie de la région”, explique-t-il, tout en conduisant son pick-up. Les générateurs qui alimentent le système de ventilation ronronnent. À l’intérieur, quatre travailleurs s’occupent d’accrocher les grandes brassées de feuilles pour les faire sécher.
“On est nombreux à être réglos avec notre main-d’oeuvre. On veut garder l’esprit des premiers cultivateurs venus s’installer ici à la fin des années 60”, jure-t-il.
Un climat idéal pour la culture, à trois heures de San Francisco, des terres pas chères et des fermes isolées: la région avait alors de quoi séduire les hippies et les vétérans du Vietnam qui rêvaient d’un retour à la terre. C’était la suite logique de “l’été de l’amour”. Puis le paysage s’est assombri. En 1971, le président Richard Nixon a déclaré sa fameuse “guerre contre la drogue”, fondée sur le principe suivant: la consommation et le trafic étant désormais considérés comme le danger principal que courait la jeunesse américaine, la lutte contre l’expansion de la drogue devenait la “priorité numéro 1” du gouvernement. Les années suivantes, pour repérer les plantations, les forces de l’ordre se sont progressivement équipées de matériel militaire. Avec cette conséquence: les familles idéalistes sont parties, laissant leurs utopies derrière elles et le champ libre à des fermiers plus aguerris. La culture de la weed est devenue alors “un business”, comme le reconnaît Colin, qui tait ses revenus, mais dont les collaborateurs les plus proches estiment qu’il est millionnaire. Puis une nouvelle étape est franchie en 2018. La Californie légalise l’usage et la vente du cannabis récréatif, avec pour objectif avoué de réguler le marché du “triangle d’émeraude”, qui reste l’épicentre de la production de marijuana aux États-unis. Mais la loi ne s’applique pas au niveau fédéral: il est donc encore illégal de vendre le produit hors des frontières de l’état.
Colin parle aujourd’hui de ces anciens temps sauvages avec, dans la voix, ce qui ressemble presque à de la nostalgie. “On a passé des années entières à jouer au chat et à la souris avec les flics.
Ils ne voulaient pas totalement nous éradiquer, car ici tout le monde vit de ça, même le pasteur fait pousser de la weed dans son jardin.” Natif de la région, Colin a la légende qui va avec sa profession. Élevé avec ses huit frères et soeurs par un père religieux et polygame qui a refusé de l’envoyer à l’école, il avait 14 ans quand il s’est enfui de chez lui pour vivre de petits boulots dans des fermes voisines. Puis il s’est mis à planter lui aussi, d’abord dans des coins de forêt isolés. Son empire, il l’a construit lopin par lopin, à l’abri des regards. “L’objectif, au départ, c’était d’être le moins visible possible, mais aussi que les bois ne soient pas trop denses pour que les plantes aient leur dose de soleil”, dit-il. Aujourd’hui, même si les pistes de terre ont été dégagées et sont en partie visibles du ciel, il est encore facile de se perdre sur son exploitation. “Jusqu’à récemment, tout se réglait en cash, continue-t-il. On ne gardait pas l’argent chez nous, en cas de descente. On enterrait les magots sur nos terres.” Jusqu’à ce qu’il obtienne son statut officiel de producteur, Colin planquait donc ses économies dans la forêt, souvent des sommes importantes. “Une fois, les flics ont déterré 150 000 dollars sur mon exploitation. Ils ont déclaré en avoir trouvé seulement 50 000. Voilà, 100 000 dollars directement dans leur poche.” Dans les montagnes de Laytonville règne un mélange de parano et d’entraide. “Tout le monde se méfie de tout le monde. Mais en cas de galère avec les forces de l’ordre, on se soutient. À l’époque, une radio alternative annonçait les raids.”
“D’ici deux ans, tout sera fini”
Le soir tombe. Les quatre travailleurs restés avec Colin terminent d’accrocher les dernières branches de cannabis à toute vitesse. Les autres sont déjà en salle de trim depuis plusieurs heures.
“Ils vont prendre les bouts les plus gros!” s’impatiente Antonio,
“Ils nous ont bandé les yeux pour accéder à leur ferme, on était escortés par des mecs avec des kalachnikovs, on dormait sous des tentes, dans la boue”
Arthur, trimmeur
un trentenaire espagnol, dont c’est la première année sur l’exploitation. Les jalousies sont fréquentes dans ce milieu où l’on peut voir celui ou celle avec qui on partage son quotidien pendant trois mois amasser le double de son salaire en une semaine. Colin tente de calmer les esprits et conduit les retardataires dans la salle. Dans deux jours, un acheteur important de Los Angeles vient goûter les nouvelles variétés. Il faut donc que de grosses quantités soient prêtes à être vendues. Puis, après avoir donné les instructions, il rentre chez lui. Contrairement à d’autres producteurs, Colin ne réside pas sur sa ferme. Dans l’obscurité ténébreuse de la nuit californienne, il conduit jusqu’aux premières lumières de Laytonville et s’arrête en chemin prendre quelques bouteilles de vin dans l’unique magasin d’alcool des environs. “Comme ça, je ferai des accords beuh et vin”, ritil. Colin loue une maison confortable à l’écart de l’unique rue commerçante de la ville. Trois chambres, cheminée, jacuzzi: le lieu est toujours rempli d’amis de la région ou rencontrés en voyage, son hobby des mois d’hiver, quand ses plantes sont au repos. Chaque soir, devant un feu ou sur son patio, il s’assied et roule un joint de sa récolte sur fond de musique soul ou de trance psychédélique, selon l’humeur. Ce soir, Matt, un ami d’enfance, est passé goûter la nouvelle variété de Colin, la Skittles, comme on dégusterait un bon vin. Cheveux longs, chemise de bûcheron, Matt produit lui aussi, à moins grande échelle. Chez lui, la récolte se fait en famille. Il a choisi de rester dans l’illégalité, malgré les risques. “Trop de tracas”, explique-t-il sobrement. Il tire une latte. “Et en plus, c’est trop cher.” À ses côtés, Colin avoue que lui aussi a hésité avant de faire les démarches nécessaires pour se mettre en conformité avec la loi. Avec sa partenaire, Tessa, ils ont finalement pris plusieurs mois pour monter le dossier et ont dû s’acquitter de la somme de 80 000 dollars. Dans leur groupe d’amis producteurs, ils sont rares à avoir, comme eux, franchi le pas. L’explication lui semble assez simple: “Comment veux-tu demander à des mecs qui ont passé leur vie à être hors la loi de devenir des experts-comptables et de déclarer des revenus à un gouvernement envers lequel ils n’ont aucune confiance?”
Colin dit respecter la réglementation: les papiers, les taxes, la pesée exacte de la marchandise et les normes environnementales sur ses terres. Il affiche même sa ferme sur un compte Instagram. Mais ses travailleurs continuent d’être rémunérés au black. Colin le justifie en disant qu’il a créé des liens avec tous les Européens présents sur sa ferme au fil des années et qu’il ne voudrait pas les priver de ces revenus précieux, puisque sans permis de travail ni carte verte, ils ne peuvent pas être embauchés légalement. Les travailleurs reçoivent leur salaire en cash tous les soirs. À la fin de la saison, ils se retrouvent habituellement avec une grosse somme en liquide. “Pour éviter les vols ou les contrôles de police, on l’envoie régulièrement par Western Union”, informe l’italienne Chiara. Au risque que les autorités américaines s’aperçoivent des
“Comment veux-tu demander à des mecs qui ont passé leur vie à être hors la loi de devenir des experts-comptables et de déclarer des revenus à un gouvernement envers lequel ils n’ont aucune confiance?”
Colin, producteur
transferts et ne les laissent pas revenir l’année d’après. Mais selon Arthur, le bras droit de Colin sur la ferme, il y aurait une autre raison à ce travail au black, outre les économies substantielles que le producteur réalise en ne payant pas de taxes sur leurs salaires: “Dans la région, ils ont peur des vols. La parano est la règle. Ils préfèrent faire venir quelqu’un qui n’a pas de réseau ici plutôt que quelqu’un du coin, qui pourrait localiser les plants et revenir les voler dans la nuit.” Une illégalité qui expose les saisonniers à de nombreux risques. Sur ces terres inhospitalières, la culture du silence est reine. “Tu ne balances pas aux flics ici, tu ne peux pas parler, quoi qu’il arrive. Les problèmes se règlent en privé”, continue Arthur. Sans connexions sur place, sans papiers, les trimmigrants dénoncent rarement les crimes dont ils sont victimes, même les plus graves. “C’est stressant, comme situation. Tu ne sais pas si tu vas être payé, tu ne sais pas si le FBI va débarquer.” Des associations d’aide aux victimes appellent à plus d’action de la part des forces de l’ordre pour protéger les travailleurs contre les vols, les agressions, notamment sexuelles, et les homicides –le comté de Humboldt est, depuis plusieurs années, le lieu d’étranges disparitions inexpliquées de jeunes venus tenter leur chance dans les champs*. Conséquence: la police a renforcé les contrôles, notamment aux aéroports. Certains Européens se font désormais refouler dès leur arrivée sur le sol américain. La plupart tentent des subterfuges, comme passer par d’autres aéroports que celui de San Francisco, mais cela ne fonctionne pas toujours. “Je suis arrivée à Las Vegas cette année, témoigne Chiara. J’ai eu un interrogatoire de plusieurs heures car la dernière fois, j’étais restée plus longtemps que ce que j’avais annoncé.”
Sur la ferme, ce soir, les travailleurs resteront en salle de trim jusqu’à minuit passé. À la fin de cette journée de travail de quinze heures, ils rejoindront leur lit pour une courte nuit en marchant sous le ciel étoilé, bercés par les sons des criquets et des coyotes. Plus loin, autour d’un étang, des hamacs et des barbecues ont été installés pour les beaux jours. Chaque année, une grande rave sauvage est organisée dans les environs par des trimmeurs musiciens et nomades, qui voyagent avec leur sono et leur van. Malgré les risques, malgré l’illégalité, ils ont, disent-il, recréé une communauté ici. Mais pour combien de temps encore? Arthur contemple la montagne plongée dans l’obscurité, puis laisse tomber la sentence: “Je pense que d’ici un ou deux ans, tout ça sera fini.” Il craint le renforcement des contrôles et le développement de grandes exploitations qui utilisent des machines, “comme sur les champs de coton à l’époque”. Pour lui, ça ne fait pas de doute: “On va perdre notre boulot.” Colin l’avoue lui-même, tout cela ne fait que commencer. Le producteur aimerait voir la région se transformer en “vallée de Napa de la weed”, dit-il en référence à la grande région vinicole de la Californie, qui attire chaque année des touristes du monde entier. En attendant, ses employés profitent de ce qui sera peut-être l’un de leurs derniers étés dans cette mystérieuse montagne. Ils sont d’ailleurs plusieurs ici à vouloir monter un nouveau projet: créer leur propre ferme, en Espagne. *2,7 personnes pour 1 000 habitants y disparaissent chaque année, soit deux à trois fois plus que dans les autres comtés californiens.