“Les gens ne peuvent plus attendre”
Nina Verheyde, 19 ans, étudiante infirmière
“Je manifeste régulièrement pour le climat et la cause féministe. Cette fois, je me suis dit que je ne pouvais pas défendre que ce qui me concernait moi, jeune femme blanche. Je ne pouvais pas ne pas aller au rassemblement du 2 juin. Il y avait tellement de monde! Quand on pense que l’on est en période de crise sanitaire… C’est que les gens avaient besoin d’être là.
Je suis issue d’un milieu blanc, plutôt aisé, j’ai grandi dans une maison et n’ai jamais été confrontée personnellement à la violence policière. J’ai l’impression de vivre dans un autre monde que ceux qui en sont victimes, qui en meurent, alors que je vis à côté. Je n’ai jamais eu peur de croiser un policier. Je sais aussi que j’aurai toujours moins de difficultés à trouver un travail ou un appartement, que quelqu’un qui est noir ou arabe.
Mon père travaille dans la finance et je n’ai pas du tout les mêmes opinions politiques que lui. Il a été éduqué dans une famille très centrée sur elle-même, ça ne lui a pas appris à s’ouvrir aux autres. Pour lui, Adama Traoré avait un casier judiciaire, donc il n’y a aucune raison de se battre pour lui. Depuis, on ne se parle plus vraiment… Il y a quelque chose de générationnel qui s’est joué pendant ces manifestations, et aussi une force dont on va entendre parler à l’avenir. Peut-être parce que les gens ne peuvent plus attendre. Pendant les manifestations, j’avais envie de crier: ‘C’est ça la France!’”