Society (France)

Extravagan­za

- – JULIEN LANGENDORF­F

Et après tout, pourquoi pas des sculptures à base de bananes?

“Mon but est d’aider les gens à travers le monde à surmonter l’adversité et trouver la paix grâce au travail de la banane.”

Motif récurrent dans l’histoire de l’art ainsi que générateur d’expression­s courantes couvrant un champ d’action allant du positif (“avoir la banane”) au négatif (“se faire bananer”), le fruit à l’aura mystérieus­e tient de l’obsession cosmique chez le japonais Koji Kasatani, qui explore depuis dix ans un infini de variations autour de pelures transformé­es en céramiques anthropomo­rphiques. “J’ai commencé ce travail à l’âge de 40 ans, après avoir appris l’art de la céramique italienne, ceramiche ceccarelli, à Florence en 2007”, explique le bananophil­e. Quelque part entre un acid trip enfantin à la Fantasia et la logique interne propre à l’art brut, la parade de bonshommes bananes du messie Koji flirte largement avec le New Age (postures de yoga, formes géométriqu­es, prières), déployant un potentiel comique à l’opposé de la posture cynique d’un Maurizio Cattelan (“Je ne sais pas si c’est de l’art, mais c’était bénéfique pour moi qu’il mette en lumière le motif avec lequel je travaille”) et cédant même occasionne­llement à l’inévitable tentation de la suggestion sexuelle (objet phallique échappé d’un caleçon en feuilles de bambou). La voix de la banane sacrée, elle, semble ne faire qu’un avec son ambassadeu­r dévoué –comme celuici aime à le répéter: “Nous serions heureux de pouvoir envoyer un message positif au monde en lui montrant ces bananes.” Message reçu.

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