Society (France)

LISTERINE TOTAL CARE

-

Couleur: ★★★✩✩ Goût: ★ ✩✩✩ Packaging: ★★★✩✩ Envie de mourir: ★★★ ✩

S’il y a bien une chose que l’on ne peut pas reprocher à Listerine, c’est de céder aux sirènes de l’époque. Il y a même quelque chose d’émouvant dans cet entêtement à se présenter dans ce demi-litron en forme de Volvo break de l’hygiène bucco-dentaire, avec ses volumes grossiers, ses gros angles de bourrin et sa prise en main à même de satisfaire le moins délicat des charcutier­s biélorusse­s. En bouche, le pilier de Johnson & Johnson donne la furieuse impression de mâcher une blouse d’hôpital –libre à chacun(e) de trouver cette image répugnante, nous préférons y voir l’occasion d’un hommage fun au personnel soignant. L’expérience Listerine se clôt sur un picotement lingual post-recrachage (l’action conjuguée de l’acide benzoïque et du menthol) occasionna­nt un léger zozotement qui ravira tous les nostalgiqu­es de Christophe Lemaitre.

Aurait-on imaginé atteindre le pinacle de notre triste vie de gratte-papier grâce à l’expérience gargarisme Coslys? Non. L’avons-nous atteint?

Non plus. Coslys ne déçoit donc pas. Et se défend même plutôt bien. Une robe transparen­te, subtil hommage à Neymar après sa finale de Ligue des champions ; un nez qui invite au voyage et convoque, dès les premières bouffées, les notes bucoliques du rayon chewing-gum d’une grande surface ; des accords poivrés (qu’atténue la caresse sucrée d’un très beau xylitol) ; et une longueur en bouche de vodka tchétchène: le français fait le job niveau goût. Polyvalent, il s’accordera aussi bien avec du gibier qu’avec un poisson. Seul bémol: son efficacité, terrible, qui semble être venue à bout de ces relents d’égouts qui pimentaien­t notre haleine et parvenaien­t à nous maintenir, sans trop d’effort, à confortabl­e distance de nos contempora­ins. Fâcheux.

L’univers est régi par des lois immuables, parmi lesquelles, la suivante: toute personne souhaitant sortir faire des “rencontres” est confrontée à deux options: se préparer avec soin, peaufiner son haleine et avoir la certitude de filer la soirée seule ; ou opter pour le moindre effort, notamment en matière d’hygiène buccale, et rencontrer sans aucun doute ce qui aurait pu être l’amour d’une vie. Avec Plax, le dilemme est vite répondu. Impeccable en tout point, le bébé des laboratoir­es Colgate ne risque pas de décevoir. Subtilemen­t mentholé, Plax est frais. Plax est honnête, Plax est fidèle. Plax ne ramènera pas de MST. Il ne sera à l’origine d’aucun conflit sur la garde des enfants. Il ne vous laissera jamais en bouche le goût amer de la trahison. Tout au plus celui du –sublime– duo de menthe qui le constitue. Et sans rire, qui pour rivaliser avec un nom comme Plax? Dominique? Claude? LOL.

Autant avant, on s’en fichait de notre haleine, autant maintenant que le masque est obligatoir­e au bureau, notre regard a changé là-dessus. C’est vrai que ces derniers temps, il nous est arrivé de sauter trois, quatre, allez, douze brossages de dents successifs. Ce qui ne veut pas dire qu’on est un(e) gros(se) dégueulass­e! Parfois, la vie joue des drôles de tours et on a simplement besoin de souffler! De préférence pas dans le visage de quelqu’un hein, lol, mais enfin vous voyez! Et ça, Hextril le comprend bien: pas besoin de châtier son prochain avec des solutions punitives qui lacèrent les muqueuses pour faire comprendre l’importance d’une bonne hygiène bucco-dentaire. Des petites huiles essentiell­es de girofle, d’anis et de menthe poivrée pour faire passer le 0,1% d’hexétidine et on est bien! En plus, le divorce n’est que dans trois semaines.

De quoi se gargariser avec?

Son amitié avec Michael Haneke.

Note:

De quoi se gargariser avec?

D’avoir des amis.

Note:

De quoi se gargariser avec?

D’être un(e) célibattan­t(e).

Note:

De quoi se gargariser avec? L’inscriptio­n de la petite dernière dans un établissem­ent Montessori.

Note:

Newspapers in French

Newspapers from France