“J’ai un tempérament de feu, l’herbe, ça me calme”

joggeurs, cyclistes et randonneurs. L’hiver, les pistes de ski sont à moins de 40 minutes. L’été, la voile, le paddle ou le ski nautique prennent leurs quartiers. Mais ici, comme partout ailleurs en France, la fumette reste l’un des sports les plus prisés des habitants. Emmanuel, 49 ans, est assis à la terrasse d’un bar à vin de la vieille ville. Il voit la nouvelle politique du ministère de l’intérieur comme une posture archaïque et inutile. “C’est une régression, estimet-il. L’amende, c’est quand même le pire truc qu’ils pouvaient inventer. C’est l’hypocrisie française, on a une grosse culture de l’alcool mais dès que tu fumes, t’es considéré comme un rasta défoncé.” Emmanuel alterne entre boulots de saisonnier et DJ, et consomme de l’herbe

Pascal, chef de cuisine

pour un montant qu’il essaye de limiter à 150 euros par mois. Sans tabou puisque ses deux filles de 14 et 20 ans sont au courant. Le tropisme français lui apparaît d’autant plus singulier quand il regarde la Suisse voisine, où il allait danser au Weetamix, un club électro de Genève dans lequel ça “sentait l’herbe de partout”. “À Genève, personne ne va t’emmerder parce que tu fumes un joint dans la rue.” En France, Emmanuel s’est fait arrêter deux fois.

“La première, la BAC me contrôle à

3h du matin avec une micro-boulette. La deuxième, je m’allume un stick dans la rue en attendant une copine, on me tape sur l’épaule, et ce sont les flics. À chaque fois, on m’a convoqué. Une très gentille commissaire m’a posé deux questions: ‘Est-ce que vous vous considérez comme un délinquant?’ et ‘Est-ce que vous avez l’intention d’arrêter?’ J’ai répondu deux fois ‘non’.”