Society (France)

“J’écris sur la condition humaine”

Les années passent, les présidents aussi, et Bruce Springstee­n reste le Boss. De retour avec son groupe culte E Street Band pour un nouvel album, Letter to You (Columbia/sony Music), il fait le point sur son Amérique. Et espère qu’elle se remettra bientôt

- – ANTOINE DE CAUNES / RETRANSCRI­PTION: MARYA JUREIDINI

début de la remise sur les rails des Étatsunis. C’est un moment très, très critique qui approche.

Ça vous est arrivé de vous demander, à un moment donné, si vous aviez encore du rock en vous ou est-ce une chose que l’on ne perd jamais? Je me pose tout le temps la question, même si généraleme­nt je présume que j’en ai encore! Quand j’ai commencé à travailler sur ce nouveau album, je n’avais pas fait de rock depuis très longtemps, donc tous les trucs que je jouais me paraissaie­nt vieux. Il faut être patient et attendre que les choses se fassent d’elles-mêmes. C’est comme ça que la créativité fonctionne, ça ne marche pas sur commande, c’est de la magie. Il faut juste créer les conditions pour qu’elle puisse opérer.

Tout le monde sait que la scène est importante pour vous. À quel point cela vous manque-t-il? C’est tellement frustrant de ne pas pouvoir jouer en ce moment. Je pense vraiment qu’avec E Street Band, nous sommes au sommet de notre forme, et nous allons perdre au moins un an de notre vie profession­nelle. À mon âge, ça ne me réjouit pas! J’ai hâte de retrouver la scène avec le groupe quand tout cela sera enfin terminé, mais je ne pense pas que nous pourrons le faire avant au moins 2022, en étant optimiste.

Comment vous occupez-vous en attendant? Je suis confiné dans ma ferme avec Patti (son épouse, membre du E Street Band, ndlr) et quelques amis avec lesquels je travaille, ainsi que quelques membres de ma famille. Je suis comme tout le monde, je prends les choses au jour le jour, grâce à Dieu. Aujourd’hui, je vais peut-être faire une balade à cheval avec ma charmante épouse, c’est une belle journée d’octobre aux États-unis (il habite dans le New Jersey, ndlr). Et comme je continue à me baigner dans l’océan assez tard dans l’année, je vais probableme­nt aller nager ce soir ou demain. Sinon, j’ai une émission de radio toutes les deux semaines, que je vais continuer, et je lis, j’écoute de la musique.

Quoi, par exemple? La dernière chose que j’ai lue et qui m’a marqué, c’est Between the World and Me (Une colère noire, en VF, ndlr), de Ta-nehisi Coates, un livre fabuleux, une sorte de version actuelle de The Fire Next Time de James Baldwin. La dernière émission de radio que j’ai faite parlait d’automobile­s, donc je me suis penché sur un groupe punk rockabilly du début des années 80, The Screaming Blue Messiahs. Il y a aussi un groupe appelé Larkin Poe qui a sorti un album il y a un mois ou deux, très blues rock, vraiment excellent. Patti est la binge-watcher du couple, je regarde ce qu’elle regarde. Oh mon Dieu, il y a une série fabuleuse que nous nous sommes mis à regarder, une série française, je n’arrive pas à me souvenir du nom exact...

Le Bureau des légendes? Oui, c’est ça! Nous avons suivi ça comme des fous!

Le jour où la pandémie sera enfin terminée, qu’est-ce que vous ferez en premier? J’ai juste envie de sortir, de m’asseoir dans un bar et de prendre un verre avec des amis, d’être entouré de gens et puis de jouer, bien sûr. La vie sociale de la nation me manque, les restaurant­s, les bars, là où les gens se retrouvent pour partager ce qu’ils ont en commun.

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