Hard seltzer
Ils cartonnent aux États-unis et ils arrivent en France: les hard seltzers sont des eaux gazeuses aromatisées et alcoolisées, sans sucre ni gluten. Parce que après tout, pourquoi pas?
On pensait que le monde des boissons alcoolisées n’avait plus rien à inventer, et pourtant: depuis quelques mois, on ne parle plus que des HARD SELTZERS, ces eaux pétillantes alcoolisées et aromatisées, sans sucre ni gluten. Et si la cuite devenait healthy?
Romain Le Mouëllic a: 35 ans ; voulu devenir footballeur professionnel ; fréquenté le centre de formation du FC Nantes ; fait HEC ; travaillé dans l’immobilier. Puis il s’est rendu compte qu’il n’était “ni bon ni heureux”. Alors, Romain a lancé sa propre affaire. C’était en 2014. Il a choisi d’ouvrir un bar à cocktails, Le Syndicat, rue du Faubourg-saint-denis, dans un Xe arrondissement de Paris en pleine gentrification. Un bar à cocktails, donc, et à concept. De l’extérieur, Le Syndicat s’est inspiré des speakeasies new-yorkais, ces bars cachés qui se rappellent au “bon” souvenir de la prohibition, avec une façade sans nom placardée d’affiches de concert. À l’intérieur, la lumière est tamisée, les murs sont gaufrés d’or et du hip-hop sort des enceintes. Surtout, les serveurs y proposent exclusivement des alcools français. Cela a suffi pour que l’établissement cartonne rapidement et se fasse une réputation à l’international. Depuis, Le Syndicat a développé son activité, monté une agence marketing et événementiel, mis en ligne une plateforme pour acheter du matériel de bar. Ne manquait plus qu’une corde à son arc: produire son propre alcool, mais pas n’importe lequel. Du gin? Du vermouth? Trop attendu, pas assez “innovant”. Depuis quelques semaines, à l’initiative de Louis Malphettes, encore étudiant à HEC, Le Syndicat a donc lancé fefe., pour “Fait En France”: une boisson gazeuse fruitée en cannette, à boire très fraîche, plutôt légère (5% d’alcool), sans gluten, sans sucre ou presque, sans goût d’alcool ou presque et –argument marketing massue– très peu calorique. En tout cas deux fois moins qu’une bière, 2,5 fois moins que le rosé et trois fois moins qu’un cocktail. Aux États-unis, on appelle cela un hard seltzer, que l’on pourrait traduire par “eau pétillante alcoolisée”. À la fin de l’été, Opéan (O Pétillante Alcoolisée Naturelle), Natz ou encore Sparking Walter, de Kol (une application de livraison d’alcool), sont autant de startup françaises à être sorties du bois, à quelques jours d’intervalle. Yann Casen, distributeur de bières artisanales américaines, a même importé cette année Snowmelt du Colorado, le premier hard seltzer disponible en grande surface, dans les magasins Carrefour. La raison d’un tel branle-bas de combat? “C’est très simple, expose Yann Casen. Depuis les années 70 et l’arrivée aux États-unis de Miller Lite, la marque qui a fait découvrir la bière légère, les hard seltzers sont la grande révolution du marché de l’alcool. En termes de chiffres, on n’a jamais vu ça!”
Chiffres que voici. Selon l’international Wine & Spirit Record (IWSR), les “HS” représentent déjà 2,6% du marché de l’alcool américain ; 55% des consommateurs d’alcool en boivent au moins une fois par semaine d’après le cabinet d’études marketing Nielsen ; les ventes connaissent des taux de croissance d’environ 200% par an et pourraient atteindre les 2,5 milliards