Society (France)

Jean-paul Rouve

Des Robins des Bois aux Tuche en passant par Bacri, Depardieu et la vie à Dunkerque, l’autre Jean-paul, après Wojtyla et Ollivier, dit tout.

- PROPOS RECUEILLIS PAR CB, VLG ET TP

Il paraît qu’après le troisième volet des Tuche, Emmanuel Macron est allé voir Richard Grandpierr­e, le producteur, pour lui dire: ‘Merci. Grâce à vous, on a eu les Gilets jaunes.’ C’est vrai? Ouais, c’était une boutade, hein! Mais c’est fou: dans le film, la famille Tuche organise une manifestat­ion dans la cour de l’élysée et tout le monde porte un gilet jaune, alors que le mouvement n’existait pas encore… En vrai, l’écriture des Tuche 3 a été très touchy. On a fait très attention à toutes les vannes, on ne voulait pas être donneurs de leçons, tomber dans le ‘tous pourris’.

Il y a tout juste dix ans, le premier opus des Tuche sortait en salle et faisait 1,5 million d’entrées au box-office. En 2016, le deuxième a réuni 4,6 millions de spectateur­s et le troisième, en 2018,

5,6 millions. C’est très rare, un film dont les suites marchent mieux que l’original. Ça n’arrive jamais! Après, comment l’expliquer? Difficile à dire… À sa sortie, le premier a une image pourrie –celle d’une comédie de merde, en gros–, on fait 1,5 million, ce n’est pas si mal, mais tu ne fais pas une suite pour ça. Puis, quand même, je remarque qu’on commence à me sortir des répliques dans la rue, que ça amuse les gens. Le film passe ensuite sur TF1 (en 2014, ndlr) et fait plus de huit millions de téléspecta­teurs. D’un coup, Pathé appelle: ‘Il faut faire le 2.’ C’est comme Piège de cristal: le premier n’a pas fait beaucoup d’entrées, mais tout le monde a maté le DVD juste avant la sortie du deuxième qui, du coup, a cartonné.

Quand on regarde le premier Tuche en 2021, dix ans après sa sortie, donc, certaines vannes ne passent plus tellement. Le plaisir que Jeff Tuche a de se retrouver au chômage; le fait qu’il traite des enfants de ‘petits PD’ en permanence… (Il coupe) Moi, qu’il soit content d’être au chômage, j’adore. Il y a un côté punk, à notre époque où tout doit être très carré. Après, la vanne sur les coupes de cheveux de ‘petits PD’, aujourd’hui, on ne la ferait plus! Dans Les Tuche 2, Jeff apprend que son fils est homo. S’il l’avait accepté tout de suite, ça n’aurait pas été crédible, selon moi. Le personnage a des certitudes dans lesquelles il est bloqué, il faut qu’on lui montre comment en sortir. Il fait des vannes pourries sur l’homosexual­ité, sa femme lui dit ‘Arrête, maintenant’, et il comprend de lui-même. Ça m’intéresse qu’il ait besoin de faire ce chemin. Le but, c’est que chaque personnage soit cohérent dans sa façon de penser et d’agir. Or, souvent, dans les comédies, les personnage­s ne sont qu’au service du scénario.

C’est-à-dire? Exemple: t’as une bonne vanne, une bonne scène, et tu fais agir ou penser ton personnage en fonction ; sauf que la plupart du temps, il n’agirait ou ne penserait pas comme ça. Il faut toujours demander son avis au personnage, qu’on soit d’accord avec lui ou non. Perso, je suis très souvent en désaccord avec Jeff Tuche, et j’adore ça.

Au-delà des vannes qui vieillisse­nt mal, la frontière est toujours mince entre l’humour et une certaine forme de mépris quand on décide de se moquer de personnes modestes. On ne se moque pas, on rit avec! Rire des défauts, des traits de personnali­té des personnage­s, ce n’est pas les mépriser ; c’est les respecter puisque, pour moi, tout est justement sujet à drôlerie. Mais la fracture sociale, ça fait longtemps qu’on la voit dans le cinéma. En France, t’as les entrées province et les entrées Paris.

Il y a donc un coefficien­t de différence, et depuis que je fais du cinéma, je vois bien que ce coefficien­t augmente. Avant, il était à deux ou trois ; aujourd’hui, il peut monter jusqu’à dix. Pour chaque film, le premier chiffre, c’est la séance de 9h à L’UGC des Halles, à Paris: pour Les Tuche 3, on a fait deux entrées. À l’inverse, les films que je réalise ne vont pas marcher dans un grand complexe de province.

Tu écris principale­ment des comédies romantique­s qui sont, en effet, assez loin de l’univers des Tuche… J’essaie d’écrire sur ce que je connais. Je serais incapable d’écrire un film sur ce qui se passe en banlieue, par exemple. Comme je serais incapable d’écrire quelque chose dans un milieu très bourgeois. Je n’ai pas les codes.

Ce que tu connais, c’est quoi? J’ai une belle vie, je n’ai pas de problèmes d’argent. Mais j’essaie de garder un pied dans une France que j’ai connue, une France ouvrière, mais pas la zone non plus. Classe moyenne basse, on va dire.

Ton père a perdu son boulot à 50 ans –il travaillai­t sur les chantier navals, c’est ça? Ouais, quand les chantiers navals de Dunkerque ont fermé, avec la crise de la sidérurgie.

Il n’a jamais retrouvé d’emploi? À 50 ans, sans diplôme, en 1985? Impossible! Mon père n’a même pas son certificat d’études. Aujourd’hui, il a une retraite misérable alors qu’il travaille depuis l’âge de 12 ans! Heureuseme­nt que je suis là… Ma mère a même essayé de recontacte­r des anciens employeurs pour qu’ils lui fassent une attestatio­n et qu’il gagne des points. Quand il a perdu son job, elle s’est mise à bosser. Elle a travaillé à la bibliothèq­ue d’un lycée, a fait des travaux d’utilité collective, les TUC, à l’hôpital de Dunkerque, mais elle ne gagnait pas grand-chose.

Comment tes parents se sont-ils rencontrés? Ma mère vient d’une famille, disons, petite bourgeoisi­e de province, un peu à la Mauriac, avec des secrets de famille. J’adore ça, moi, les secrets de famille, les enfants cachés quelque part –j’en ai trouvé. Mon père, lui, il vient d’agen. Il a dix frères et soeurs. Son père était agriculteu­r, un salopard: il faisait des mômes pour avoir de la main-d’oeuvre, il les battait, une vraie saleté! Un jour, mon père l’a chopé par le col, plaqué au mur et lui a dit: ‘Tu touches encore aux petits, je te démonte la gueule.’

Il a fini par se tirer de chez lui à 16 ou 17 ans. Il a fait des boulots un peu partout, s’est retrouvé trois ans en Algérie. La sidérurgie était en plein essor en France, il a atterri aux chantiers de Saint-nazaire, puis à Dunkerque. C’est là qu’il a rencontré ma mère, lors d’un bal. Évidemment, le fait qu’elle se mette avec un ouvrier est mal passé. Mais il se sont mariés en 1962 et je suis arrivé en 1967.

Tu as commencé le théâtre à l’école. Puis un jour, tu as fait un exposé sur le IIIE Reich en imitant Régis Laspalès… Ouais, comme je n’avais pas trop bossé, j’ai parlé de Goebbels et Himmler en Laspalès. Mon prof m’a dit que, bon, historique­ment, c’était un peu limite, mais qu’on s’était bien marrés, donc il m’a mis une bonne note… Il était sympa, on l’appelait ‘le Boucher’ parce qu’il était tout rouge avec une petite moustache. C’est un cliché, mais comme j’étais timide, j’ai très vite trouvé l’humour pour me faire remarquer, notamment avec les filles. Je ne leur plaisais pas, j’étais hypercompl­exé physiqueme­nt, donc je cherchais à faire le malin. Et après, faire le malin est devenu mon métier.

Au cours Florent, en première année, tu suis les leçons d’isabelle Nanty, qui deviendra ta partenaire dans Les Tuche des années plus tard. Beaucoup de comédiens, comme Édouard Baer par exemple, disent avoir été très marqués par ses cours. Elle avait quoi de si spécial? Déjà, elle n’était pas beaucoup plus vieille que nous –on a six ans de différence. Elle est devenue prof très jeune, elle devait avoir 27 ans quand j’ai rejoint sa classe, elle n’avait pas encore fait Tatie Danielle. Et elle ne nous apprenait pas à jouer un personnage –elle s’en foutait–, elle voulait qu’on joue juste. La vérité, la vérité, la vérité.

C’est quoi, la vérité? Je te donne un exemple: tu dois jouer Richard III. Neuf acteurs sur dix vont arriver sur scène, mettre un bout de tissu sur leur épaule, faire la bosse et marcher bizarremen­t. En gros, ils vont faire la forme avant le fond, parce que ça peut t’aider. Isabelle, elle, te dit: ‘Non, ce sont des béquilles inutiles. T’as 20 ans, tu n’as jamais tué personne de ta vie, tu n’as pas le background du personnage, donc joue ce que tu es, toi.’

C’est l’inverse de l’actors Studio? Non, l’actors Studio, c’est la même chose, mais par les sensations. Pour faire simple: nous, les Européens, on est plus dans une démarche instinctiv­eintellect­uelle ; les Anglo-saxons, eux, recréent une sensation pour la redonner, la cherchent presque physiqueme­nt, comme de la musique. C’est une autre méthode, mais c’est la même recherche de vérité. C’est la différence entre Dustin Hoffman et Laurence Olivier dans Marathon Man. Sur le tournage, pour une scène de course, Hoffman fait trois fois le tour de Central Park pour être vraiment crevé ; Olivier, il fait un truc physique qui fait qu’il est crevé de l’intérieur. Et le résultat est le même, ils sont tous les deux parfaits.

Vous vous êtes tous rencontrés au cours Florent, avec les Robins des Bois? Avec Pef (Pierre-françois Martin-laval, ndlr), ouais, on est devenus potes de cours, en première année, comme quand t’es pote au lycée: tu t’entends bien avec un gars, il est sympa, c’est ton pote. Ensuite, en troisième année, Pef rencontre Marina (Foïs, ndlr), Maurice (Barthélemy, ndlr) et Pascal (Vincent, ndlr), je crois. Je deviens copain avec eux aussi. Ils commencent à monter une petite compagnie, à jouer des pièces de Roland Dubillard, du théâtre de l’absurde, et un jour, Pef m’appelle: ‘Avec Marina, on voudrait adapter une pièce d’alexandre Dumas, Robin des Bois.’ Je ne savais même pas que Dumas avait fait un Robin des Bois, mais bref, ils décident d’en faire une adaptation marrante, foutraque, et me demandent de jouer dedans. Moi, je dis ‘ouais’. Je bossais au Centre national du livre, des trucs du bureau, quoi ; j’avais aussi des jours par-ci, par-là sur Julie Lescaut, mais pas assez pour vivre. On commence à travailler sur cette pièce, mais on n’a pas d’endroit pour la jouer. Jouer à Paris, c’est galère, en fait. Finalement, une dame nous prête un lieu à Fontainebl­eau. Pas un théâtre, hein, une grange.

C’est là-bas que Dominique Farrugia vous repère? C’est Lionel Abelanski, avec qui on était au cours Florent, qui un jour fait venir Michel Hazanavici­us et Dominique. C’est fou, quand tu y penses, qu’ils soient venus jusqu’à Fontainebl­eau, dans une grange avec des gradins en cagettes de bois… D’ailleurs, personne n’était au courant à part Pef, qui ne nous l’avait

pas dit pour qu’on ne joue pas la peur au ventre. Fin de la représenta­tion, Pef nous dit que Farrugia était là mais qu’il s’est cassé. Pas bon signe. Puis, c’est le plus beau coup de fil de ma vie: je suis chez moi, Pef m’appelle. ‘Farrugia veut nous voir.’ Putain! On débarque à Paris, rue Ganneron, dans le XVIIIE arrondisse­ment, où Dominique avait ses bureaux avec Alain Chabat, à l’époque. Il y avait une grande salle avec un flipper, autour duquel il y avait Chabat et Bacri en train de jouer! Ils nous font un signe, on est super-impression­nés. Puis, Dominique nous reçoit: il veut produire la pièce, alors qu’il n’a jamais produit de théâtre de sa vie… Il se met à démarcher des théâtres qui nous disent tous non. Sauf un, la Gaîté-montparnas­se. Mais c’est tous les soirs à 22h.

Dur. Non, normal, on n’est pas connus. Dominique fait lui-même la promo. Très vite, ça marche: on fait plus de monde que la pièce de Tchekhov avant nous. On part ensuite jouer la pièce au Splendid. Et parallèlem­ent à ça, Farrugia lance la chaîne Comédie!, on fait La Grosse Émission tous les jours et on joue au théâtre le soir. On a tenu deux mois à faire ça, on était par terre de fatigue. On n’en pouvait plus.

Et vous avez donc privilégié la télévision. Alors qu’on n’avait jamais écrit de sketch de notre vie! Nos premiers étaient très mauvais, mais Farrugia nous a dit: ‘Ce n’est pas grave, personne ne regarde. Allez-y, faites des trucs nuls.’ On produisait tellement de sketchs que quand on a fait nos premières déclaratio­ns de droits d’auteur, la SACD (Société des auteurs et compositeu­rs dramatique­s, ndlr) a appelé pour nous dire: ‘Vous vous êtes trompés sur le minutage, c’est impossible de déclarer autant de minutes par jour!’ C’était vingt minutes par jour, c’est gigantesqu­e. Aujourd’hui, deux minutes, c’est déjà pas mal.

Et ça a pris tout de suite? Ce n’était que sur Canalsat, hein, et très peu de gens avaient Canalsat. Mes parents, je leur envoyais les émissions sur VHS à Dunkerque. Ça a commencé à marcher parce que La Grosse Émission avait pour concept de changer d’animateur tous les deux mois, donc on a eu des gens comme Chabat et c’était drôle. Mais on en parlait avec Marina hier sur Whatsapp, Jean-pierre Bacri… (Jean-pierre Bacri est décédé la veille de l’entretien, ndlr)

Il a présenté La Grosse Émission, Bacri? Non, il venait faire des sketchs avec nous, mais écoute bien ce qu’il faisait: de la figuration. Parce qu’il aimait bien nous voir, il débarquait à 19h, on lui disait ‘mets-toi là, Jean-pierre’, et lui répondait ‘OK’. T’as donc des sketchs avec Jean-pierre Bacri en costume dans une salle d’attente, silencieux… C’est marrant quand même, la vie…

Tes parents venaient à Comédie!, de temps en temps? Ils venaient parfois, en fin de semaine, on en profitait pour les faire jouer eux aussi. Un jour, on a tué ma mère ; Maurice lui cassait le cou et me disait: ‘Ouais, ta mère est morte, Jean-paul, c’est bon, on va passer à autre chose maintenant.’ Ça les faisait marrer, mes parents.

Il y avait beaucoup d’impro? Non, zéro. On était en direct, donc forcément, il pouvait y avoir une connerie, des fous rires, des accidents de plateau, mais sinon, franchemen­t, non. C’était l’école Farrugia, l’école Chabat. Ça ne marche pas, l’impro… Sauf si t’es Jamel, Édouard Baer, eux ont ce génie-là, mais nous, non.

Qui a trouvé le nom des Robins des Bois? Chabat, justement. On avait fait une liste de noms, mais un jour, il nous a dit: ‘Les gens vous appellent comme ça, vous ne pouvez rien y faire. Nous, les gens nous appelaient Les Nuls parce qu’on a fait Objectif Nul, mais au départ on ne voulait pas…’

Vous aviez quoi comme autres noms sur votre liste? Plein… Au début, on s’appelait La Royal Imperial Green Rabbit Company. Ça ne veut rien dire, mais on trouvait ça classe, il y avait un côté Shakespear­e.

En 2004, vous êtes tous réunis, au cinéma cette fois, dans Rrrrrrr!!!, réalisé par Alain Chabat. C’est là que tu rencontres Gérard Depardieu? Oui, c’est Alain qui le ramène dans le film. On se marre bien ensemble, parce qu’il est con. Il y a quelques mois, je suis en scoot dans Paris, je vois un mec de dos un peu gros sur un tout petit scooter: Gérard. Je m’arrête à côté de lui, on discute. Il me fait chier avec Les Tuche, et puis il me sort:

‘Ça y est, je sais à qui tu ressembles, mon Jean-paul: au père de Laeticia Hallyday.’ Et il part. Ça ne veut rien dire… J’ai envoyé un message à Marina dans la foulée: ‘Mais il est complèteme­nt taré l’autre.’

Il va bien? Superbien! ‘Je ne veux plus habiter en Belgique, je veux habiter à Dubaï maintenant. Ah et j’arrête le cinéma, c’est tous des cons.’ Ça fait dix ans qu’il arrête le cinéma… N’importe quoi! Je l’adore, il me fait tellement rire! J’ai envie de refaire un film avec lui en tant qu’acteur ou réalisateu­r. Je disais à Chabat l’autre jour au téléphone: ‘Viens, Alain, on fait un film avec Gérard. Je veux passer deux mois avec lui.’ C’est le mec le plus de mauvaise foi du monde, il peut te dire tout et son contraire dans la même phrase avec un aplomb incroyable.

Tu as aussi fait Boudu avec lui, en 2005. Il ne connaissai­t pas son texte, si? Bien sûr que non! On avait mis un énorme panneau qui faisait tout mon corps, avec son texte dessus, j’avais juste ma petite tête qui dépassait. Ce qu’il m’a fait de mieux, c’est: un jour, on tourne, la caméra est sur moi, il est en contrecham­p, je parle, j’ai du texte, et là, son téléphone vibre. Et le mec décroche. Il ne s’excuse pas, hein! Il dit: ‘Oui bah oui, prends des bulots, attends mais je tourne là, je peux pas te répondre, je tourne.’ Il raccroche et se tourne vers moi: ‘Oui, tu disais?’

Et on a continué la scène.

Tu as déjà tourné l’adaptation du livre Soumission de Michel Houellebec­q par Guillaume Nicloux? Non, c’est prévu en 2021, mais avec la pandémie, c’est compliqué. Je n’ai pas encore rencontré Houellebec­q, mais j’en rêve. Il me fait rire. Mon film préféré, c’est L’enlèvement de Michel Houellebec­q, de Guillaume Nicloux, justement. J’ai aussi une grande admiration pour l’écriture de Houellebec­q. Même si parfois, il dit de la grosse merde, ça reste un écrivain majeur.

Quand on lit tes interviews, on sent que tu as une fibre plutôt à gauche… (Il coupe) Ouais, c’est vrai, mais j’aime bien les anars parce que souvent, il y a chez eux de la poésie et beaucoup d’humour. Brassens, Audiard, Houellebec­q, etc. Un mec comme Sardou, en interview, il peut me faire marrer. C’est pour ça que j’ai fait un film sur Albert Spaggiari (Sans arme, ni haine, ni violence, sur l’auteur du ‘crime du siècle’, ndlr): c’est un mec pas clair du tout –para, OAS, colonialis­te, ça pue–, mais de ceux qui ont un charisme qui fait que tu les écoutes quand même. Ça, c’est fascinant chez l’être humain. Comme si la sympathie devait être une valeur morale, alors que non. Il y a des gens qui sont vraiment des saletés mais qui sont très sympathiqu­es. Ça rejoint la question: est-ce qu’on peut être une saleté et un grand artiste? Bah oui.

On saute du coq à l’âne, mais tu as aussi connu Cyril Hanouna au tout début, à Comédie!. Il était assistant de Dominique Farrugia. À un moment, j’ai même failli racheter sa voiture. Je me souviens, je l’ai croisé dans la rue il y a quelques années, il ne bossait plus, il était dans une période de creux. Il n’était vraiment pas bien et regarde où il est maintenant! C’est marrant, les trajectoir­es, quand même. J’essaie de ne pas juger, il ne tue personne, et puis chacun sa route. Je ne sais pas non plus ce que la vie me réserve. Parfois, tu glisses, et ça finit mal.

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Et paon!
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People Selling Mirrors.
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Borgne to be alive.

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