Society (France)

''TRAITER LES COMPLOTIST­ES D’IMBÉCILES NULLE PART'' NE NOUS MÈNERA

Ethan Zuckerman, professeur à l’université du Massachuse­tts, est l’ancien directeur du MIT Center for Civic Media. C’est l’un des plus grands spécialist­es mondiaux des réseaux sociaux, et plus largement de la manière dont Internet transforme la société. C

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANTHONY MANSUY

Maintenant que Donald Trump n’est plus au pouvoir, doit-on s’attendre à une disparitio­n du mouvement Qanon? Le mouvement a perduré malgré la défaite de Trump en novembre, et malgré le fait que ‘Q’ sorte de moins en moins d’informatio­ns. Il ne faut pas oublier que la plupart des gens qui étudient Q de près savent que c’était, au départ, une blague ou un jeu. C’est ce qu’on appelle le ‘LARPING’, qui consiste, sur des forums comme 4chan, à prétendre que vous êtes par exemple un agent secret (voir encadré). Si ça a si bien marché, c’est que Q a joué dès le départ sur tous les fantasmes de la droite américaine, à savoir l’idée que les démocrates n’ont pas juste tort politiquem­ent, mais qu’ils incarnent le mal. Dans le scénario Qanon, ils sont satanistes, ou pédophiles, ou les deux. Donc, pourquoi est-ce que Q perdure? D’abord, ça a toujours été un processus ouvert, assez vague pour qu’on puisse y greffer différents événements ou préoccupat­ions. Aujourd’hui, les sympathisa­nts de Qanon ne croient pas tous que les démocrates sont satanistes ou pédophiles ; certains s’intéressen­t surtout à ‘l’état profond’, d’autres au fait que le Covid-19 serait, selon eux, engendré par la 5G. Beaucoup de gens intéressés par le ‘bien-être’ ont aussi fait la bascule. Dans ce cas précis, on a observé une porosité entre les anti-vaccin et les blogueurs ‘bien-être’. Lorsque le Covid est devenu un sujet politique, ces gens, qui rejettent souvent les traitement­s médicament­eux, se sont mis à remettre en question les sciences de manière plus large. C’est ainsi que Qanon regroupe désormais de nombreuses théories du complot majeures et c’est pourquoi je ne le vois pas s’arrêter à court terme. Je pense même que Q a un pouvoir de séduction plus grand aujourd’hui, qui devrait se transforme­r en scénario d’oppression: l’état profond a gagné, Trump est en exil, il va renaître et revenir pour purifier la nation. Avec le temps, j’ai compris quelque chose: le coeur même de Qanon, ce n’est pas l’excitation de voir un agent secret révéler des informatio­ns sensibles ni même l’idée que Trump serait le sauveur de l’humanité, mais celle que le concept même de gouverneme­nt est une entreprise criminelle et que seule la révélation de ces secrets nous permettra d’obtenir réparation.

En quoi cette théorie du complot est-elle différente des précédente­s, et plus efficace? Elle est participat­ive. Les gens ont aussi envie de contribuer, ils ont besoin de se sentir utiles, et c’est peut-être le vecteur d’attraction le plus puissant. Qanon est un véritable mouvement de gens qui croient qu’ils vont faire advenir un monde meilleur. Et ça, ils ne le trouvent plus dans la politique aujourd’hui, un domaine dont ils se sentent exclus. En outre, l’écosystème médiatique actuel permet de monétiser son public, avec les podcasts, les chaînes Youtube… On peut plus facilement devenir son propre média et donner aux gens ce qu’ils attendent.

Ça peut aussi avoir des conséquenc­es dans ‘la vraie vie’. Il y a une anecdote que j’aime bien, ou qui en tout cas montre où ça peut mener: il y a un ou deux ans, l’ancien directeur du FBI, James Comey, viré par Trump avec pertes et fracas en 2017, a décidé de participer à un hashtag sur Twitter, #Fivejobsiv­ehad (‘Cinq boulots que j’ai occupés’, ndlr). C’était une manière

pour des personnali­tés de montrer que, elles aussi, étaient proches des gens. Comey liste donc cinq boulots qu’il a effectués, comme caissier dans un supermarch­é, chimiste, professeur et, donc, directeur du FBI. Les gens de Q se sont mis à analyser le tweet, et selon eux, #Fivejobsiv­ehad voulait en fait dire #Fivejihad. Ils ont ensuite pris les premières lettres de chaque poste occupé par Comey, ce qui donnait ‘GVCSF’. Lorsque vous le cherchez sur Google, vous tombez sur la Grass Valley Charter School, une école en Californie qui, quelques jours plus tard, organisait son gala annuel de levée de fonds. Cela a suffi pour que des gens de Qanon appellent les responsabl­es de l’établissem­ent afin de les prévenir d’une attaque imminente. L’école a décidé d’annuler l’événement, non par peur d’une attaque, mais parce qu’elle craignait la présence de membres de Qanon, qui se seraient inévitable­ment pointés pour la ‘protéger’. Ce phénomène a un nom: ‘l’apophénie’. C’est la tendance à faire le lien entre différente­s bribes d’informatio­ns. Notre créativité vient de ce phénomène, mais à l’excès, cela peut se révéler dangereux. On entend souvent que les conspirati­onnistes sont fous ou malades, mais je n’y crois pas vraiment. Selon moi, ils ont surtout une tendance à chercher de l’ordre là où il n’y en a pas. Ils prennent des informatio­ns çà et là, émises par une société désordonné­e, font des liens entre elles, créent une histoire et vous disent: ‘Non, non, non, il y a un sens derrière tout ça, et si vous m’écoutez assez longtemps, vous le verrez, vous aussi.’ Ce genre de discours séduit surtout les gens qui n’acceptent pas le hasard du cours des choses, de l’évolution de l’univers.

Il y a justement un aspect quasi ‘religieux’ dans la manière dont la théorie s’est construite. Si vous dites à ces gens:

‘Mais regardez, la tempête n’arrive pas, Trump a quitté la Maison-blanche’, ils vous répondront simplement: ‘Faites confiance au plan.’ Ce qui ressemble assez, effectivem­ent, à ‘Remettez-vousen à Dieu’. Il n’y a aucune base factuelle sur laquelle discuter, à ce niveau-là. C’est ce qu’on appelle, en sociologie, l’épistémolo­gie fermée, une expression qui décrit la manière dont certains groupes sociaux n’acceptent que certaines sources d’informatio­n, et pas les autres, dans leurs débats internes. Tenter de raisonner quelqu’un de très religieux avec des arguments scientifiq­ues ne sert à rien. Il en va de même en ce qui concerne Qanon, qui s’organise autour d’une méfiance sévère envers les médias ‘mainstream’ et n’absorbe que les informatio­ns de certaines chaînes et sites alternatif­s. L’autre rapprochem­ent que l’on peut faire avec la religion est plus historique. La religion a été le moteur et la justificat­ion première de la plupart des conflits, et je crois que c’est le monde vers lequel nous retournons. Bientôt, il deviendra impossible de tenir une conversati­on avec certaines personnes, car ce qui est réel pour elles ne le sera pas pour d’autres.

Vous avez une expression pour qualifier ce moment dans lequel nous sommes:

‘the unreal’. Pouvez-vous expliquer? Unreal, ça veut dire qu’on débat sur la nature même de la réalité, pas sur différente­s interpréta­tions d’une réalité communémen­t admise. Dans une année électorale normale, on aurait vu à la télé

des démocrates dire: ‘Biden a gagné car il y a eu une participat­ion très élevée’, et des républicai­ns déclarer: ‘Notre parti a perdu à cause de la crise du coronaviru­s.’ Ce n’est pas ce qu’on observe aujourd’hui, où l’on entend plutôt des discours du type: ‘Ma réalité est plus réelle que la tienne.’ J’ai peur qu’on ait du mal à s’en sortir, car cette rhétorique donne un sentiment de pouvoir à des gens qui, dans d’autres sphères de leur vie, n’en ont pas vraiment. Et tant qu’on aura des politiques qui, à la télévision, diront qu’il existe plusieurs réalités, les médias ne pourront pas régler le problème.

La grande question, c’est: comment en sommes-nous arrivés là? Il y a toujours eu des théories du complot. Les gens ont toujours trouvé le moyen de se laisser embrigader dans des cycles de désinforma­tion. Ce qui est unique dans notre écosystème médiatique actuel, c’est qu’on peut s’enfermer soi-même, et très vite, dans un cocon informatio­nnel où notre version de la réalité se voit confortée par des signaux qui viennent de tous les côtés. Nous avons une tendance naturelle à la triangulat­ion, c’est-à-dire que nous prenons le temps d’étudier différents points de vue pour nous assurer que nous avons raison. Sauf qu’aujourd’hui, ce qui a changé, c’est qu’il y a Google, des sites d’info, des forums, des podcasts qui, tous, vendent la même version de la réalité. Ça commence souvent de la manière suivante: une personne tombe sur une affirmatio­n délirante, et elle se dit: ‘Attends, attends, je dois faire mes recherches.’ Elle va sur Google et tape des phrases ou des mots-clés bien précis. Le problème, c’est que ceux-ci ont été depuis longtemps capturés par les complotist­es, car ils sont les seuls à s’intéresser à ces problémati­ques sur le Web et ils inondent la zone de contenu. À force de recherches, vous tombez sur toujours plus de gens qui disent la même chose, sur Youtube, puis sur Newsmax, puis vous faites de nouvelles recherches sur Google, et ainsi de suite. Là, il se passe deux trucs. Un: vous avez de bonnes chances d’être converti(e). Et deux: vous pourrez dire: ‘J’ai fait mes propres recherches!’ Autrefois, il fallait tomber sur la ‘bonne’ librairie et sur le ‘bon’ bouquin pour se laisser avoir. Aujourd’hui, vous pouvez vivre dans la librairie, sans même le savoir.

Certains membres de Qanon admettent passer plusieurs dizaines d’heures par semaine sur des fils de discussion, des forums, Youtube, à traquer les secrets de l’état profond. Pourquoi, d’après vous, ne passent-ils pas ce temps à enquêter sur des problèmes concrets, comme l’évasion fiscale, les rouages du système financier ou du commerce internatio­nal? Parce qu’il n’y a rien d’excitant là-dedans! Au fond, vous allez découvrir quoi? Que les gens sont cupides, et c’est bien moins trépidant que de débusquer des pédophiles ou des satanistes sur le point d’asservir le monde entier. La question d’après, c’est: pourquoi les gens ne canalisent-ils pas leur défiance au profit de théories critiques légitimes, ou traditionn­elles, de la société? Pourquoi ne deviennent-ils pas de vrais journalist­es d’investigat­ion? Ça demanderai­t de développer des techniques, et surtout d’adopter une posture véritablem­ent sceptique, car il faut être capable de se remettre en question en permanence. On reconnaît un bon journalist­e au fait que, quand il voit qu’il n’y a rien ou que les preuves ne tiennent pas, il sait laisser tomber une enquête.

Dans un article pour une revue du MIT, vous faisiez le lien entre la rhétorique de Qanon et les campagnes menées par les grandes entreprise­s du tabac, notamment la manière dont elles ont su semer le doute dans la population. Que vouliez-vous dire par là? Voilà encore un terme barbare issu des sciences sociales: l’agnotologi­e. C’est la science de l’ignorance, ou l’étude du doute. Et la théorie derrière, c’est qu’il est possible de transforme­r le doute en arme de dissuasion, car il est très utile pour paralyser une population. Ce que les compagnies pétrolière­s ou les géants du tabac ont bien compris, c’est qu’en laissant planer la confusion sur la nocivité de leurs produits, elles pourraient continuer comme si de rien n’était. Elles ont financé des études remettant en cause les conclusion­s de nombreux scientifiq­ues indépendan­ts, et ont dit: ‘Vous voyez, il y a un désaccord.’ Il est ainsi possible de fabriquer le doute dans la société, pour ralentir les régulation­s, notamment sur des sujets comme le réchauffem­ent climatique. C’est une grande force d’inertie. C’est exactement ce que Trump a fait après l’élection de novembre, en avançant l’idée qu’elle était frauduleus­e. Ça lui a permis d’aller jusqu’à encourager une manifestat­ion devant le Capitole. Et on a vu ce que ça a donné.

N’y a-t-il pas, en miroir à Qanon, des ‘élites libérales’ qui, elles aussi, croient à des théories du complot?

Il y a notamment eu le Russiagate, ou Cambridge Analytica, pour lesquels aucune preuve de collusion entre Poutine, le Brexit et Trump n’a pourtant pu être apportée. Le Brexit et l’élection de Trump, en 2016, ont été deux événements inattendus qui ont bouleversé les establishm­ents politiques. Certaines personnes, qui estiment que nos systèmes sociaux, marchés financiers, infrastruc­tures et dynamiques politiques marchent plutôt bien, n’arrivaient tout simplement pas à comprendre comment cela avait pu arriver, elles n’acceptaien­t pas le fait que les votes pour Trump ou le Brexit puissent exprimer un mécontente­ment contre ces systèmes. C’est ce qui explique le fait que beaucoup ont accepté sans esprit critique le scandale Cambridge Analytica, basé sur l’idée farfelue qu’une entreprise peut vous manipuler à distance grâce à des publicités Facebook, et permettait également, de manière simpliste, de mettre Bannon, Poutine et Facebook dans le même sac. Beaucoup de gens ‘éduqués’ y ont vu la seule explicatio­n à la montée de ces votes. Cela devrait peut-être nous rendre un peu plus bienveilla­nts envers les gens qui croient en Qanon. En réalité, les théories du complot sont, je crois, le symptôme d’une société dont certains rouages ne fonctionne­nt plus, et nous devrions les appréhende­r comme des indicateur­s de quelque chose qui cloche. Se battre contre les théories du complot, ce n’est pas inutile, mais c’est s’attaquer aux symptômes de la maladie et non à la maladie elle-même. Traiter les complotist­es d’imbéciles, ou de fous, c’est déjà particuliè­rement inélégant, et surtout, ça ne nous mènera nulle part. C’est justement le moment d’écouter, d’aller tenter de comprendre, d’échanger. Dans le fond, les complotist­es, ce sont seulement des gens qui ont envie de comprendre le monde.

En pleine cérémonie d’investitur­e du nouveau président américain, Joe Biden, à Washington, ce 20 janvier, l’excitation monte sur les fils de discussion Telegram de la communauté Qanon francophon­e, comme “Les Soldats Digitaux” (12 000 membres), “Les Pangolins” (1 300 membres), ou “Groupe: Se réveiller – C’est S’informer” (570 membres). Tous attendent que le “plan” se déroule, que Joe Biden soit arrêté par l’armée et que le pouvoir retourne à Donald Trump, censé sauver le monde. “Le jour de gloire est arrivé”, sonne un certain Fredux. Cat Adley: “C’est dingue, depuis quelques jours, je vois le chiffre 17 revenir sans arrêt. Un signe?” Précision: la lettre Q est la dixseptièm­e de l’alphabet. Sur le live Twitch de Léonard Sojli, sans doute la figure la plus visible du mouvement Q en français, le compteur de spectateur­s monte à 35 000. “Vous vous rendez compte le moment qu’on est en train de vivre? C’est la tour Eiffel de l’histoire du monde!” Hasard (ou pas?), Joe Biden fait son entrée à 17h17.

“À chaque pas qu’il fait, t’as l’impression que quelqu’un va lui sauter dessus”, s’exclame Raphaël, un acolyte de Sojli. Mais finalement, rien. À 18h, Joe Biden est officielle­ment président des États-unis. Sur les fils Telegram, l’ambiance ressemble à une défaite en finale de Coupe du monde. “Quel mauvais film”, lance Marti.

Pourquoi une telle frénésie autour de la politique américaine? Pourquoi une théorie impliquant des élus démocrates dont personne n’a jamais entendu parler en

France soulève-t-elle autant d’intérêt ici? “On pense que si le changement se produit aux États-unis, ça impactera les autres

pays”, explique Nicolas*, traducteur pour la chaîne Youtube Se réveiller C’est s’informer. Pour autant, l’adhésion aux thèses Qanon semble plus limitée qu’il n’y paraît. Fils de Pangolin, qui affirme dans ses vidéos que l’élection présidenti­elle américaine a été volée, déclare ainsi “ne pas être lié

à Qanon”. Christine*, qui gère la chaîne Quantum Leap Traduction, non plus.

Ce qui marche, c’est plutôt le sous-texte: les élites nous mentent, sur tout, tout le temps. Peut-être pas un hasard si les demandes d’adhésion aux groupes Qanon et le nombre de vues des vidéos issues de la mouvance sont, en France comme partout ailleurs, montés en flèche à partir du printemps 2020 et du début de la pandémie, qui a fait croître la méfiance des peuples envers leurs dirigeants.

GROUPE DE RÉFLEXION ET MESURES

Dans un pays où le site d’alain Soral a pu atteindre le million de visiteurs uniques par mois et où les théories du complot autour du 11-Septembre ont pris plus qu’ailleurs (Thierry Meyssan a vendu 250 000 exemplaire­s de son livre

L’effroyable Imposture), le terreau était fertile. Depuis des années, les sondages s’enchaînent, montrant que 28% des 18-24 ans adhéreraie­nt à au moins cinq théories du complot, ou que 40% des Français douteraien­t de la responsabi­lité

humaine sur le réchauffem­ent climatique. Le succès du film Hold-up, qui a engrangé six millions de vues en quelques semaines, a récemment fini par placer le complotism­e au premier plan. Jusqu’à ce que l’assaut du Capitole achève d’inquiéter tout le monde, y compris les politiques. “Il faut se réveiller! Nous devons réarmer nos démocratie­s pour lutter contre ceux qui

veulent les faire tomber”, s’alarmait ainsi le délégué général de LREM, Stanislas Guerini, le 18 janvier dernier dans les colonnes du Monde. Deux anciens députés de la majorité, Paula Forteza et Matthieu Orphelin, avaient de leur côté annoncé dès le 4 janvier la création d’un groupe de réflexion transdisci­plinaire. “Face à cette méfiance qui semble insidieuse­ment tout envahir et se traduit par une montée des complotism­es, avouons-le: nous sommes démunis”, écrivaient-ils. Que faire alors? Un rapport cordonné par la Miviludes et les services d’enquête de la police et de la gendarmeri­e sera bientôt remis au gouverneme­nt.

Il servira de “cartograph­ie” des nouveaux types de dérives sectaires, lesquelles ne sont “plus le truc à l’ancienne de Charles Manson”, avertit-on du côté du cabinet de Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministère de l’intérieur, chargée de la Citoyennet­é. Après étude du rapport, le gouverneme­nt annoncera de nouvelles mesures pour lutter contre Qanon, donc, mais aussi la scientolog­ie, le survivalis­me, le développem­ent personnel et les médecines alternativ­es.

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